Florent Toniello est né en 1972 à Lyon, entre Rhône et Saône. Sa vocation pour l’ailleurs date certainement de l’année scolaire 1987-1988 qu’il a passée à Perth, en Australie-Occidentale. Dans une autre vie, il a été manager dans les technologies de l’information pour une grande entreprise transnationale, principalement à Bruxelles. Depuis 2012, il a rejoint les bords de l’Alzette, au grand-duché de Luxembourg. Reconverti dans la correction et le journalisme culturel, il a désormais le temps d’écrire, et ne s’en prive pas. On peut le lire depuis 2015 dans des revues de poésie (La Tribune du Jelly Rodger, Comme en poésie, Revu, Festival permanent des mots, Arpa, Traction-brabant, Revue Méninge…), ainsi que dans des revues en ligne (Recours au poème, Realpoetik, L’Ampoule). Ses textes sont repris dans plusieurs anthologies et recueils, parmi lesquels Rouges (éditions de l’Aigrette), Naissance des deux crânes (Les Deux Crânes), Impossible Readings (Hydre éditions), Résonances ou L'Instant fugace (Jacques Flament éditions). |
Livres publiés : Flo[ts], éditions Phi, novembre 2015. Premier prix du concours littéraire national du grand-duché de Luxembourg en 2015. Je tu il, projet Poids plume de l’association Mots nomades, mars 2017. Ptérodactyle en cage, éditions Phi, mars 2017. Lorsque je serai chevalier, Jacques Flament Éditions, novembre 2017. L'Oreille arrachée, maelstrÖm, décembre 2017. Crédit photo : Paulo Jorge Lobo |
Mondorf-les-Bains
Par litre : chlorure, sept mille neuf cent cinquante milligrammes sulfate, onze cent cinquante milligrammes ammonium, zéro virgule quatre milligrammes fer, cinq virgule soixante-dix-huit milligrammes manganèse, zéro virgule dix-neuf milligrammes sodium, trois mille trois cent quarante milligrammes (pouah !) potassium, cent vingt milligrammes gouttes métriques ? vingt mille ! Par mètre carré : au moins dix personnes Par canal auditif : quatre-vingts décibels Puis une fois sous l’eau comme une délivrance le chant de la baleine. Si Adam Smith avait écrit des vers Le poète néolibéral s’affiche ouvertement tolérant en préconisant l’écriture inclusive en célébrant les luttes pour l’égalité son indignation s’étale en phrases réalistes sur les réseaux sociaux avec photos formatées pour créer le buzz face à l’injustice du monde & aux dénis de démocratie pour y remédier il prône le libre-échange des strophes sans entraves à la concurrence & la division du travail des poètes sans distinction de genre : aux Amérindien·ne·s la poésie anticolonialiste aux Américain·e·s du Nord la poésie économique aux Américain·e·s latin·e·s la poésie de la libération aux Asiatiques en général la poésie écologiste (quoi de plus approprié en effet qu’un haïku japonais ?) aux Chinois·e·s en particulier la poésie de la puissance tranquille |
aux Africain·e·s la poésie des espaces sauvages aux Caribéen·ne·s la poésie tiers-mondiste aux Européen·ne·s la poésie de la richesse culturelle aux Européen·ne·s moins riches la poésie contre le FMI (le poète néolibéral n’a rien contre le FMI mais respecte toutes les opinions) aux Moyen-Orientaux·ale·s la poésie de résistance aux Australien·ne·s la poésie de repentance aux manchot·e·s antarctiques la poésie congelée … (il a consigné sa théorie dans des textes en ligne dont il scrute le nombre de mentions « j’aime » pratiquement tous les jours) et aux poètes des îles du Pacifique ? le poète néolibéral sait bien avec un trémolo dans la voix — mais que voulez-vous ? -- qu’il·elle·s sont inutiles : leurs atolls seront bientôt submergés. (Florent Toniello) |