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D’Ailleurs 
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La poésie qui vient d’ailleurs

Pour la poésie, les échanges, les mots et   les paysages d'ailleurs, pour la langue française.
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Pour la poésie,

les échanges,

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pour la langue 

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A La Une 

DAILLEURSPOÉSIE change, se transforme, se reforme, se re-crée.

Un comité se met en place dans les semaines qui proposera un offre toute fraîche, toute belle, toute nouvelle aux auteures et auteurs d'ailleurs.

"Watch this space" comme on dit là où je vis. Nous revenons vers vous en décembre / janvier avec de nouvelles annonces.

Merci pour votre fidélité.

​Valerie 

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Sapin
Anna Jouy
Paragraph. Cliquer ici pour modifier.



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Adressez vos textes (six au plus) par email uniquement à  : valeriehark3@gmail.com  (Send six texts at most by email only.)
N'oublions pas que ce superbe et modeste site de poésie francophone vit le jour il y a 7 ans grâce à la Réserve Parlementaire !

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12 novembre 2022 -  Très envie de lire Maison mère de Philippe Colmant, surtout en ce moment, pour retrouver "le refuge des jours heureux" comme l'écrit joliment notre Florent Toniello.  Très envie de se laisser emporter vers la sécurité et la chaleur des choses familières. 
Merci Florent de nous avoir parlé de Maison mère.

Philippe Colmant : Maison mère
éditions Bleu d’encre
 
« Chacun dans son fauteuil / Plongé dans sa lecture / Ourlant au fil des pages / Le bord de son voyage / D’un long doigt de silence » : telle une petite musique lancinante au goût nostalgique de bribes d’enfance, les hexamètres — à de rares exceptions près — de Philippe Colmant irriguent ce recueil de sensations, de souvenirs, de mélancolie, de « feu qui craque » et d’un « parfum familier ». Car les choses ont bien changé, évidemment, tant pour le poète qui a fait sa vie comme traducteur que pour une existence encore ancrée à l’époque dans le temps étiré du partage. Désormais règnent les « villes vitrifiées » ; alors le poète écrit aux « cités creuses / En proie au brouhaha / Et au temps métronome » pour leur dire « la campagne / Les sentes sans raison » qu’il a connues. Il chauffe le creuset mémoriel. De ces saynètes courtes et poignantes, on se prend à guetter l’adéquation avec nos propres souvenirs, tant le rythme apporté par une métrique rigoureuse nous berce de vers qui sonnent comme des comptines. Des comptines que nous avons entendues dans notre enfance et qui se recréent, subrepticement, à la lecture du livre de Philippe. La concision des textes, de fait, en appelle à remplir les blancs avec notre propre expérience ; on appuie sur les boutons de cette machine à remonter le temps, assemblée avec soin au moyen de simples strophes.
 
Parfois, les ouvrages qui évoquent des scènes d’enfance ne peuvent se départir d’une certaine mièvrerie. Mais ici, absolument pas : tout est adéquatement calibré. Le refuge des jours heureux et insouciants remplit à plein son rôle de havre contre les vicissitudes de la vie réelle, le temps d’un recueil de poésie. Tous les sens sont convoqués dans un tourbillon virevoltant, sans affectation ni pathos. Alors ce que Philippe dit de ses souvenirs s’applique aussi à son propre livre : « Par sagesse ou paresse, / Nous devrions relire / Les histoires cousues / Sur notre ombre d’enfant : // Il était une fois / Une deuxième fois. »

Florent Toniello - novembre 2022


29 octobre 2022 -  Décidément, il nous met en appétit, notre Christian  Garaud avec des histoires de topinambours franchissant les frontières du temps et de l'espace.  
On en parle dans l'oeuvre de Zanzotto et on rêve un peu de "ce grand Tout où l'homme aurait sa place sans en occuper le centre ".

Merci encore Christian ! 

​Je connais mal l’oeuvre du poète italien Andrea Zanzotto (1921-2011). Mais je retrouve dans ma bibliothèque un livre de lui acheté il y a longtemps: Météo, traduit de l’italien et du vénitien par Philippe Di Meo, Editions Maurice Nadeau 2002. C’est un recueil surprenant dont l’auteur dit ceci en note:


Le présent recueil entend seulement être un spécimen de travaux en cours. Sont presque toujours rassemblés ici d’”incertains fragments” remontant à toute la période faisant suite, et en partie contemporaine, de Idioma (1986) de toute façon organisés ici de manière provisoire par thèmes qui s’estompent les uns dans les autres, ou lacunes, et non selon une séquence temporelle précise, mais peut-être est-elle “météorologique”?


Voilà qui me met à l’aise pour extraire de ce livre (sur lequel je reviendrai peut-être) un de ces “incertains fragments”, à savoir l’une des deux suites de poèmes ayant pour titre TOPINAMBOURS. Vieux souvenir! Lorsque j’étais enfant, le topinambour m’était familier. Nous en avions dans le jardin pour notre consommation. C’était le légume qui remplaçait souvent la pomme de terre réquisitionnée et envoyée en Allemagne pendant la deuxième guerre mondiale. Ce n’est plus (à ma connaissance) un légume courant. Sans doute est-ce la raison pour laquelle l’auteur précise en note pour ses lecteurs:


Topinambour: plante herbacée pérenne, dont les tubercules, à la saveur semblable à celle de l’artichaut, sont utilisés pour l’alimentation humaine et celle du bétail; on l’appelle également tartufo di canna (Italie). Il possède des feuilles ovées, des fleurs et des ligules jaunes. Du fr. topinambour, précisément, nom d’une tribu indienne de l’Amérique septentrionale (D’après les dictionnaires)


AUTRES TOPINAMBOURS


Parmi les javelles çà et là éparses
des topinambours le long des levées de terre                         
tout brillant du jaune se fait intime
dans l’automnale catharsis


*


Or de corollaires affables -
topinambours s’il faut nommer
une scintillation qui semble familière
et qui est au contraire stellaire


*


Tambourins topinambours
euphorie de mille    
divergentes intuitions -
jumelages infinis


*


Azur souriant depuis les incorrigibles
topinambours jamais las de craqueter,
de titiller, de s’assortir
aux paradis les plus facilement lisibles


*


Affabulation d’anarchies
exiguës, conversion de langues
du jaune jamais ouïes
en gelb, jaune, amarillo


*


Avec un plaisir affectueux,
les très rusés topinambours
se pressent à la grille
comme à l’école, le bon jour


*


Où retrouverai-je mes malheurs
aussi nombreux qu’incontrôlables? -
Mais maintenant, avec les topinambours ils reviendront
amortis par les petites tapes d’autres déités                                                                                                                                                               




Selon Gilles Quinsat, dans son compte-rendu de La Quinzaine littéraire, Météo met en relief “le conflit sur lequel toute l’oeuvre de Zanzotto repose: celui qui ne cesse d’opposer le rêve d’un grand Tout où l’homme aurait sa place sans en occuper le centre, et le parasitage de cette utopie lyrique (ou stoïcienne) par une prolifération de langages où la valeur des choses- celle que la poésie se donnait précisément pour but de nommer - finit par s’effacer derrière un écran de signes, un “ailleurs” totalement médiatisé, ultime caprice de quelque mauvais démiurge.” Les poèmes ci-dessus relèvent de cette utopie lyrique que, miraculeusement, rien ici ne parasite. Parfois, “c’est à travers la rêverie comme énergie du penser qu’il semble possible d’établir un frêle contact entre les mots et les choses”. Les légumes les plus humbles font l’affaire. James Sacré n’a-t-il pas écrit un ensemble de poèmes sur la pomme de terre? Aussi modestes qu’ils soient, les topinambours font des merveilles. Leur couleur “se fait intime/dans l’automnale catharsis”, elle brille d’ “une scintillation qui semble familière/et qui est au contraire stellaire”. Ils font naître “mille/divergentes intuitions”. Ailleurs, dans un autre registre, ils “se pressent à la grille/comme à l’école”. Le dernier poème me paraît un peu obscur: de quelles “autres déités” est-il question? Que les lecteurs de Dailleurs en décide. Il est clair, en tout cas, que le rôle des topinambours est bénéfique.

Christian Garaud - octobre 22



22 octobre 2022 -  J'ai envie de vous parler de Gregory Rateau qui nous écrit de Roumanie mais ce sera pour un peu plus tard. En attendant, un texte de Gregory pour commencer à le connaitre.  J'aime bien " je rentre peut-être chez moi "....

NI D’ICI NI D’AILLEURS
Je ne suis plus d'ici
lieu de transit
comptoir d'un hôtel
baie vitrée panoramique
les silhouettes tournent
et me reviennent
la ville les appelle
vivre vite
ne plus chercher un visage en particulier
j'ai échoué en suivant des ombres
dans les impasses de l'amitié
alors je me glisse dans la première valise venue
retiens mon souffle
bringuebalé aux douanes du hasard
en passe-muraille de mon époque
je rentre peut-être chez moi

Gregory Rateau 

19 octobre 2022 - Christian Garaud n'est pas seulement un excellent chroniqueur.. il est aussi poète Dailleurs.  Il écrit avec douceur et humour et on le lit avec tendresse et le sourire aux lèvres. 
Alors, il nous parle ce jour de topinambours ! Il fait part de ses souvenirs d'enfance (et de guerre) publiés cette année dans "Actualité Nouvelle Aquitaine" No 133 sous le titre "Rutabaga et topinambour".  Un texte plein d'émotions, de "vraie vie" et de compassion.  
Allez, lisons un extrait de cette histoire de topinambours ....Régalons nous ! 


FAIT MAISON
Après sa mort, j’ai constaté que ma mère avait gardé à mon intention quelques souvenirs de la guerre : deux billets de banque à l’effigie du maréchal Pétain, ma carte de rationnement (avec photo d’identité à l’âge de 5 ans), un exemplaire de deux quotidiens régionaux, l’un vantant les succès allemands et l’autre annonçant les progrès des alliés après le débarquement, et un crouton de pain. Sans doute voulait-elle me rappeler la mauvaise qualité du pain à l’époque. Je ne me souviens pas d’avoir souffert de la mauvaise qualité du pain, ni d’avoir jamais souffert de la faim. Mais l’alimentation était une préoccupation quotidienne pour ma famille (comme pour toutes les familles). Nous étions amenés à manger des légumes que je n’aimais pas mais qui avaient l’avantage de pousser facilement dans le jardin, comme le pissenlit, le rutabaga et le topinam- bour. Mon père avait quelques plates-bandes où il faisait pousser d’autres légumes. C’est la raison pour laquelle, lorsque passait dans la rue le cheval tirant la charrette du marchand de vin, mon père se précipitait la pelle à la main pour ramasser le crottin, excellent engrais, mais il lui arrivait de rentrer furieux parce que le voisin l’avait devancé. Mais ce qui poussait dans le jardin ne suffisait pas. Mon père avait aussi un deuxième jardin potager à la Pierre Levée, et j’étais souvent chargé de l’accompagner, ce qui me faisait un plaisir modéré.
 

«TOUJOURS PREND TOUJOURS UN S»
À la Libération, je n’étais pas encore allé à l’école. Ma mère avait trouvé plus prudent de me garder à la maison jusqu’à la fin de la guerre et se char- geait de m’apprendre à lire et à compter. Je me rappelle qu’elle utilisait la méthode de lecture syllabique de R. Jolly qui avait pour titre En riant, la lecture sans larmes. Google m’apprend qu’elle date des années 1930. Des leçons de ma mère, je n’ai aucun souvenir, mais je me vois tournant un jour autour de la table de la salle à manger en répétant à haute voix : «Toujours prend toujours un s, toujours prend toujours un s»…
Mes frère et sœurs étant beaucoup plus âgés que moi, je me suis souvent trouvé seul. Le grand jardin était à moi, avec ses buis, ses framboi- siers, ses sureaux et surtout ses noisetiers qui me permettaient de grimper sur le mur surplombant ce qui était alors le grand jardin des sœurs du Calvaire. L’une d’elles me dit un jour : «Descen- dez, Monsieur !» C’était la première fois qu’on m’appelait Monsieur, et je suis descendu de mon mur tout étonné, vaguement inquiet. De temps en temps, ma mère avait pitié de moi. Comme elle avait des amies qui avaient des enfants, elle invitait un petit garçon ou une petite fille de mon âge à jouer avec moi. C’est une de ces petites filles, (elle a maintenant 84 ans), qui m’apprend que je l’étonnais beaucoup parce que je grimpais au tilleul en récitant le Notre Père. Je ne me savais pas si pieux ! ■

Christian Garaud, après une jeunesse poitevine, a enseigné dans plusieurs pays, de la Suède à la Chine, avant de se fixer à New York et aujourd’hui à Denton, Texas. Outre des essais universitaires de littérature contemporaine, il publie des poèmes. Il figure dans l’anthologie Qu’a donc Los Angeles de plus que Poitiers ? (Atlantique, 2017).


14 octobre 2022 - C'est notre Anna, notre Anna Jouy qui est A La Une ce jour avec son magnifique texte dans son intégralité ci-dessous ...

Il n’y a pas de mort sauf la mienne puisque seule j’y vais, seule je la connaitrai
Vous autres resterez silencieux abîmés dans la vie
Vous ne direz rien qui sera juste
Qui sera vrai
Il n’y a pas de mort sauf celle que je vis.
 
Lentement chaque part de cette moelle verdit du côté de la nuit
Chaque parcelle
Mienne semble s’écarter des chemins tracés.
J’envisage
C’est-à-dire que je pousse ma figure dans l’eau tendre et noire
Goutte parmi les gouttes,
J’envisage la mort lentement
Je me forme à ce masque liquide
 
Je n’ai plus d’airain à offrir au vent.
Celui-ci gagne toujours
Il frappe obstinément les proies humaines
Et tout ce qui me compose se rend friable et dessoudé
Désuni jusqu’à tomber grain à grain sur le sol
Je ne crois pas mourir d’une flèche
Je ne crois pas partir d’une porte qui claque
Un jour, qui est venu, qui s’est présenté à moi comme un ami lointain
Un jour j’ai débuté ma mort
Et vous aussi
Qui ne le croyez pas.
 
Ce sont les pas de côté
Ceux que dansent les crabes, les braqueurs de tango
Ce qui est devant s’étire sur des lignes Maginot
Des inventions, des idoles, lévitations d’évitement…
Je glisse slaaap…
Qui voudrait regarder dans les yeux cette mouche vorace
Foreuse de vers
Je ne veux pas choisir dans quelle pupille il faut perdre la mienne
Alors je trace d’étranges zigzags comme pour dire
Attrape-moi si tu peux…
Je connais le tempo
J’ai acquis le ballot complet des mots de la mort
Champ de bataille, champ lexical
Mais rien de tout cela m’appartient
Alors comment mourir…
Si je ne puis le dire.

Anna Jouy 
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9 octobre 2022 - Décidément, elle nous charme, elle nous surprend, elle nous touche.. Je parle de Sandrine Daraut, écrivaine Dailleurs, dont les petits poèmes courent par ci, par la.  La preuve, voici un inventaire que je lui ai demandé de nous livrer sur ses activités poétiques.  Merci Sandrine. 

 Des notes, des notes et encore des notes
  • En couverture du dernier numéro de Poésie/Première
  • Pour les voyages immobILEs…
  • Dans quelques jours, dans Terre à Ciel
 
Pour retrouver mes vers, dans les deux derniers numéros de La page blanche
 
 En attendant un nouveau recueil de pantoums, le numéro 30 de la Revue est également disponible en relecture…
 
http://pantun-sayang-afp.fr/category/revue-pantouns/
 
Enfin à l’automne, à paraître aux Éditions Pippa un ouvrage collectif sur la thématique de La Nuit dans lequel vous aurez aussi peut-être plaisir à me retrouver…
 
Je terminerai par le tercet qui a séduit le jury d’évaluation associé au Concours CLER « un haïku pour le climat » (https://cler.org/association/concour/concours-un-haiku-pour-le-climat-2022-pour-la-sobriete/)
 
Au chœur du Printemps
Poésie sans métavers
Des coquelicots
 
À méditer je pense dans ce monde de brutes…
 
Tout comme la thématique des frontières constituera le fil rouge du prochain printemps de la poésie…
 
J’offre à D’AilleursPoesie et à Valérie ces quelques derniers ver-t-s ;
 
Je ne me vois plus dans la mer
Énième masque
Un moi factice reflète le silence
L’amer menace
Reste sans entrave à célébrer la saison renaissance

Sandrine Daraut 
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2 novembre 2022 - « Dans la grande intertextualité et intermédialité du monde, tout ce qui est dit est à redire, et donc prédit. » nous dit J. R. Léveillé dans Comment on a écrit certains de mes livres paru aux éditions du Blé, mais que cela ne nous empêche pas de continuer à créer et à continuer à tisser ensemble la grande toile de l'écriture. 
Comme toujours, Florent Toniello nous parle si bien des auteurs qu'il présente que nous avons tout de suite envie de nous jeter sur leurs ouvrages.  Merci Florent.

J. R. Léveillé : Comment on a écrit certains de mes livres
éditions du Blé
 
Lorsque les éditions du Blé m’ont fait parvenir ce volume parmi d’autres nouveautés poétiques (déjà chroniquées sur ce site), j’ai tout de suite ressenti un coup de cœur pour la couverture, réplique, pastiche, imitation ? de celle chez Jean-Jacques Pauvert de Comment j’ai écrit certains de mes livres, par Raymond Roussel. Il faut dire que Roussel est un de mes auteurs préférés ; si je n’ai modestement lu que quelques ouvrages de J. R. Léveillé, romancier, poète et essayiste (« Pour moi, c’est de l’écriture, un point c’est tout », prévient-il), rencontré (sur la Toile) assez récemment, je me faisais pourtant une joie d’entrer dans la fabrique de ses livres, puisqu’il avait choisi ce modèle illustre et que son style m’avait déjà touché. Mais un tel essai pouvait-il être l’objet d’un billet sur D’Ailleurs poésie ? Après tout, ici, pas de vers à citer ou de métaphores à analyser : l’analyse, c’est l’auteur lui-même qui la livre, en dévoilant ses secrets d’écriture. La réponse positive est bien sûr contenue dans ces lignes ; un procédé que ne renierait pas, je l’espère, l’amateur de contraintes qu’est Roger. Oui, c’est ce prénom qui correspond au R. de son nom de plume. Une information pas anodine, puisqu’il n’a pas forcément signé tous ses livres du même nom, heureux qu’il est des variations et significations possibles de la combinaison entre initiales et patronyme. L’Éveillé, c’est le Bouddha, important pour ce féru de culture et de littérature asiatiques. Est-il de surcroît étonnant qu’il cite Bach dans le livre ? De J. S. à J. R., il y a une indéniable filiation alphabétique. Le compositeur qui se trouve partager avec lui une première initiale, en outre, était adepte du palimpseste.
 
Car le palimpseste est l’une des techniques que l’auteur a utilisées pour la rédaction de certains de ses livres, nous dit-il. S’y ajoutent le collage, la citation, l’incorporation de fragments, etc. Dans cette confession détaillée sous la forme d’articles précédemment parus dans divers supports, J. R. Léveillé nous ouvre les portes de son atelier d’écriture et nous entretient des contraintes qui ont présidé à sa carrière littéraire, convoquant au passage des maîtres à penser, des inspiratrices, des sources : Mallarmé, Rimbaud, Kristeva… Pour lui, « tout est matériau à texte ». Passion simple, d’Annie Ernaux, a ainsi été littéralement réécrit à la main entre les lignes — une photo est présentée ; de manière générale, l’ouvrage est accompagné de clichés explicatifs très intéressants — pour donner le roman Une si simple passion. La poésie n’est pas en reste, puisque Roger revient sur sa pratique méthodique de la citation : quand veut-il que le lecteur comprenne à quelle référence précise il a affaire, quand se contente-t-il d’une petite musique identifiable sans mettre un nom sur l’œuvre originelle ? Il y a là tout un art poétique fascinant et toute une réflexion sur l’écriture qui se déploie.
 
« Dans la grande intertextualité et intermédialité du monde, tout ce qui est dit est à redire, et donc prédit. » C’est avec une conscience très aiguisée de ce qu’est devenue notre planète interconnectée que l’auteur se livre. Il a d’ailleurs compris ces liens serrés très tôt, comme le montre son travail. Le fait qu’il manipule les mots dans deux langues, le français et l’anglais, en est une autre illustration — ce qui nous vaut un texte virtuose sur la traduction, où s’invite les musiques de John Cage ou de Steve Reich. Le minimalisme chevillé au corps, Roger soigne ses références. Les homophonies s’interpénètrent, les doubles sens s’entrechoquent, les majuscules poussent les minuscules, l’écrit demande à être clamé à haute voix pour en saisir la signification… voire la modifier. On lit comme on saliverait à un livre de recettes, jusqu’au long entretien final qui brosse le portrait d’un écrivain résolu. D’une inénarrable richesse, Comment on a écrit certains de mes livres parvient à captiver autant que son illustre aîné, tant y respire la passion sans cesse renouvelée pour la littérature d’un auteur francophone qu’il convient de découvrir, si ce n’est déjà fait.

Florent Toniello - Septembre 22




 24 septembre 2022 - Envie de ... 

-  
parler d'Anna Jouy qui est en lice pour être lauréate du prix Hors Concours 2022 et de la mention spéciale du jury  pour son Filière de femmes, publié aux éditions Sans Escale.  Nous sommes tout fiers d'Anna et nous vous tenons au courant.

​- parler  de François Coudray qui nous écrit désormais d'Istanbul... plein de nouvelles très bientôt.

- parler de Sandrine Daraut avec qui nous sommes bien d'accord quand elle écrit " l'amour dépollue ".  

- parler de la prochaine chronique de Florent et de celle de Christian, nos chroniqueurs favoris !  Cela se fera dans quelques jours.

- présenter un poète de Mayotte, Naouirou Issoufali, qui nous envoie les vers suivants qui nous parlent à tous de l'exil, encore et toujours. Nul besoin de quitter sa terre pour se sentir exilé....:


​Maoré (Mayotte) l'indomptable
Maoré (Mayotte) l'insoumise

Je repense aux trésors que regorge ma terre
Je repense aux palabres les soirs de pleine lune
Je me sens déphasé
Nostalgie impérieuse
Je quitte tout ce vacarme retrouver la terre ocre

O mon île, mon idylle
O mon île, mon éternelle

Douce terre
Patrie de mon existence
J'ai besoin de toi

Naouirou Issoufali

Bonne fin de semaine à toutes et tous. 

19 septembre 2022 -  Ben voila, je ne résiste pas.  De Dublin où je me trouve, je poste ce texte délicieusement délirant qui borde les jardins du musée des arts modernes. En anglais, je sais.. mais il faut bien de temps en temps enfreindre les règles, histoire de les retrouver avec plus de plaisir. 

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3 septembre 2022 - De retour.. ou presque, l'équipe de Dailleurs vous souhaite une belle rentrée poétique.  Vous nous connaissez maintenant, nous ne sommes pas rapides !  Nous sommes de retour en effet mais avec des tas de choses à faire, à régler, à lire et à écrire.  Alors sans doute que notre superbe Dailleurspoésie.com va prendre un peu d'élan avant de se relancer pour l'année.  Un rythme tout doux donc pour septembre avec petites nouvelles ici et là avant de reprendre le collier pour de bon fin septembre/début octobre.
Bonne fin de semaine !


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25 juillet 2022 - A la veille des "grandes vacances" - nous vous retrouverons en septembre - voici un beau billet de notre cher Florent Toniello sur le poète haïtien Watson Charles et son recueil intitulé Seins noirs.  

Mais avant, quelques nouvelles dont des conférences à venir à la rentrée (on en reparlera), la sortie de Le sort des îles, le magnifique recueil bilingue de Marcelle Kasprowicz qui fera l'objet d'une chronique en septembre/octobre, et enfin la publication d'un beau texte de Paul Roddie (poète Dailleurs) dans le No 136 d'alpa (sur lequel je souhaiterais revenir aussi en septembre). 
​
En attendant, place à Florent et son billet sur Watson Charles. Merci Florent !


Watson Charles : Seins noirs
Æthalidès
 
« J’écris pour ne pas mourir / Pour saisir le temps / Dans un instant fugace » : c’est à un jeu d’attirance et de répulsion que se livre Watson Charles dans ce recueil, qui montre à la fois une fatigue du monde — dans la « ville pillée » résonne le « cri des blessés »  — et un appétit de tendresse matérialisé par le champ sémantique des seins. « Et je rêve tes seins noirs / Comme une odeur de verveine » certes, puisque le poète est haïtien — son « souffle / Est fait de chants / Et de sang d’Afrique » —, mais les « seins polychromes et nostalgiques » s’invitent également au bal des strophes : on est loin ici de l’érotisation simpliste de la femme noire, si on a eu la mauvaise idée d’y penser en lisant le titre. Gageons cependant que Watson, dont l’esprit espiègle ressort lorsqu’on le rencontre, s’est amusé à composer celui-ci en toute connaissance de cause !
 
D’ailleurs, seins de l’amante (« J’ai traversé ton corps au galop / Dont moi seul connais le secret ») ou « seins maternels » ? Les deux, serait-on tenté de dire, tant le vocabulaire effleure les corps d’un amour difficilement réductible à un seul type, tel un pendant à ce terrible « pays qui semble éloigné des chemins ». Et même si « L’étreinte n’est qu’une illusion quotidienne / Un gouffre dans lequel surgit une chanson », quelle chanson ! Seins noirs est un hymne à la vie sensuelle, celle de tous les sens sans exception, celle qui fait que l’existence n’est pas vaine et vide. Et puis ce jeu d’attirance et de répulsion finit par générer la volonté, par faire surmonter au poète la léthargie d’un monde auquel il échappe par la tendresse. « Je marcherai / Avec le soleil sur ma langue / Comme une fenêtre penchée sur les rêves » : le passage au futur sonne la charge de l’action… et après la fureur, « il ne restera que la mangrove ».
 
Un mot peut-être sur l’éditeur : Æthalidès est une maison relativement nouvelle dans la poésie, mais elle a commencé avec vigueur une intéressante et originale collection nommée « Freaks », où l’on peut retrouver des voix très singulières, allant de la poésie donc (ce livre, mais aussi par exemple la très déjantée Lettre au recours chimique de Christophe Esnault) au roman (l’excellent thriller antispéciste d’anticipation Bienvenue au paradis d’Alexis Legayet). Si la visibilité de l’éditeur lyonnais n’est pas encore très grande chez les amateurs et amatrices de poésie, l’écrin dont bénéficie Seins noirs est pourtant loin d’être négligeable : belle composition, papier épais, le plaisir de la lecture est doublé d’un plaisir sensuel. Ce qu’on était en droit d’attendre pour ce livre. « Il y a des paroles qui ressemblent à la grâce », écrit Watson. On pariera que lecteurs et lectrices, même dans leurs diverses subjectivités, la trouveront à un moment ou à un autre de ce recueil.

Florent Toniello - juillet 2022



29 juin 2022 - Jour aimé, chargé et évocateur pour moi personnellement.  Parfait donc pour poster ce billet de Christian sur Enzensberger et voici que mystèrieures synchronicités, alors que je me mets à redécouvrir un enregistrement cher à mon coeur de Gotan Project bourré de tangos enchanteurs, je lis la chronique de Christian qui commence par ces mots "Le tango est-il une danse démodée ?' et qui se termine par le "nous vivons en plein mystère " de Goethe.  Et l'amour des galets qui veut dire tant pour moi.  Le voici aussi dans Résilience ! Quel bonheur, ces liens tissés ... ailleurs.
Christian, merci !


Le tango est-il une danse démodée? Pas en Finlande, en tout cas. Dans ce pays, il paraît que c’est l’une des danses les plus populaires depuis une centaine d’années. Qui dit musique de tango dit musique mélancolique. Mais la mélancolie n’est pas incompatible avec le bonheur: s’il faut en croire les sondages, la Finlande figure parmi les pays où l’on a le plus de chances d’être “heureux”. Pourquoi ai-je consulté la toile à propos du tango et de la Finlande? A cause du titre d’un poème (retrouvé par hasard dans mes papiers) de Hans Magnus Enzensberger (né en Allemagne en 1929): “Tango finlandais”. S’il n’est pas question de bonheur dans le poème, en revanche la mélancolie y est bien présente. Est-ce un hasard si le poème est dédié à un ami défunt: le poète Félix Pollak (1909-1987)?


Tango finlandais


A la mémoire de Félix Pollak


Ce qui existait hier soir est et n’est pas
Le petit bateau qui s’en va
et le petit bateau qui approche
Le cheveu naguère si proche est un cheveu étranger
C’est facile à dire C’est toujours comme ça
Le lac gris est bien le lac gris
Le pain frais d’hier soir est rassis
Personne ne danse Personne ne chuchote Personne ne pleure
La fumée a disparu et n’a pas disparu
Le lac gris est maintenant bleu Quelqu’un appelle
Quelqu’un rit Quelqu’un est parti
Il y a beaucoup de lumière Il y avait une demi-obscurité
Le petit bateau ne revient pas toujours
C’est le même et ce n’est pas le même
Perconne n’est là Le rocher est rocher
Le rocher cesse d’être rocher
Le rocher redevient rocher
C'est toujours comme ça Rien ne disparaît
et rien ne reste Ce qui était
est et n'est pas et est
Personne ne comprend ce qui existait hier soir
C'est facile à dire Comme il est radieux
l'été ici et comme il est court


Après avoir traduit, puis lu et relu ce texte, il me semble (est-ce une illusion?) que le lecteur est emporté par un rythme étrange qui n’est peut-être pas si différent de celui d’une danse comme le tango. Je ne pense pas seulement à la musiques des refrains: “C’est toujours comme ça”, “C’est facile à dire”. Dans ce poème, on avance, on recule. Un pas en avant, deux pas en arrière, et on recommence, comme dans le tango (si j’ai bonne mémoire!). Une affirmation “le lac gris est bien le lac gris” semble annulée par l’affirmation suivante: “le lac gris est maintenant bleu”. Autre exemple: “le petit bateau qui s’en va … qui approche … qui ne revient pas toujours”. Et ce rythme n’est-il pas aussi, sur le plan sémantique, celui d’une réalité qui joue avec nous à coucou me voilà? Un ami est venu, un ami est parti. Il est apparu, il n’est plus là et il n’a pas complètement disparu. “Ce qui existait hier soir est et n’est pas”. Le présent laisse des traces qui sont aussi une sorte de présence mystérieuse. Elles nous font hésiter. Elles miroitent dans la mémoire, un peu comme un paysage se reflète dans l’eau d’un étang.


J’aimerais lire d’autres poèmes de Hans Magnus Enzensberger. Il paraît qu’un recueil de ses poèmes est paru récemment en France: Poèmes (1980-2014). Trad. de l’allemand par Patrick Charbonneau. Editions Vagabonde, 2020. A mettre sur la liste des livres à acheter lors de mon prochain voyage. En attendant, j’ai trouvé quelques poèmes sur le site de Poezibao. Qu’il sagisse de dire sa gratitude pour le fait d’être vivant, de comparer la pensée à un galet (Guillevic aurait aimé) ou d’évoquer “ceux d’avant”, même façon de décrire avec des mots simples, de procéder non sans humour par énumérations, un peu à la Prévert.


Destinataire inconnu — Retour à l'expéditeur


Merci beaucoup pour les nuages.
Merci beaucoup pour le Clavier bien tempéré
et pourquoi pas, pour les bottes d'hiver bien chaudes.
Merci beaucoup pour mon cerveau insolite
et toutes sortes d'autres organes cachés,
pour l'air, et naturellement pour le bordeaux.
De tout cœur merci pour mon briquet, qui ne me lâche pas !
et pour les désirs, les regrets, les sempiternels regrets.
Merci pour les Quatre Saisons,
le nombre «e» et la caféine,
et naturellement pour les fraises sur l'assiette,
peintes par Chardin, ainsi que pour le sommeil,
pour le sommeil tout particulièrement
et, avant que je n'oublie,
pour le début et la fin
et les quelques minutes de l'entre-deux,
et grand merci aussi, si vous voulez,
pour les rats taupiers dehors, dans le jardin.


Résilience


La pensée
derrière les pensées.
Un galet ordinaire,
pur, dur,
inaliénable.


Ne se dissout pas,
est indiscutable,
est ce qu'il est,
ne devient ni plus gros,
ni plus petit.


Irrégulier,
unicolore, veiné.
Ni jeune ni vieux.
Ne nécessitant ni justification
ni croyance.


Tu ne sais d'où
tu le tiens, ni où
il va, à quoi
il sert. Sans lui
tu serais peu de chose.


Ceux d'avant


Ils se sont détournés,
tôt ou tard,
l'un après l'autre.
Ils ont détourné les yeux,
imperceptiblement,
puis ce fut
un geste infime
de la main gauche
que nous ne sûmes
interpréter.


Un revers de main,
un salut ironique :
«À vous de voir,
nous laissons tomber.»
Mais qu'était-ce ?


C'est seulement lorsque
nous vîmes le coussin lissé,
la tasse vide, la chemise
sur le dossier de la chaise,
la clé pendue au crochet,
que notre aigreur monta.


«Qu'as-tu?»
Pas de réponse.
Un départ sans reproche
ni regard.
Ils n'ont pas même
éteint la lumière
dans le couloir.


Puis ils se sont
envolés, évanouis
comme avions
dans le ciel,
ou bien éloignés à pied,
dans la neige, sombres,
par les passerelles de rondins,
dans un nuage de poussière .


Nous ne saurons pas
ce qu’ils sont devenus.


On ne peut nous rappeler avec plus de simplicité que, pour citer Goethe, “nous vivoms en plein mystère”.




Christian Garaud - juin 22











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21 juin 2022 -  Ça sent les vacances... mais avant, la place à nos chroniqueurs en commençant par Florent Toniello et son billet sur Claude Donnay et son Pourquoi les poètes n'ont jamais de ticket pour le paradis publié chez L'Arbre à paroles.  Une écriture pleine de vie comme le souligne Florent..

Claude Donnay : Pourquoi les poètes n’ont jamais de ticket pour le paradis
L’Arbre à paroles
 
« Les poèmes sont mes pilules à vivre / mes antidépresseurs, mes boutefeux / mes béquilles, mes échardes / mes échasses, quand je veux monter au ciel / − qui m’ignore. » Dans ce « Poème à lire debout », aux trois quarts du recueil, Claude Donnay partage sa joie d’écrire et les vertus thérapeutiques de la poésie. Pourquoi les poètes n’ont-ils et elles jamais de ticket pour le paradis, tiens, puisque le titre sans point d’interrogation semble indiquer que le livre a la réponse ? Probablement parce que sans cesse sur le métier il faut remettre l’ouvrage, parce que rien ne garantit un ticket par le simple fait d’être poète. Ce serait trop facile. Partant, Claude s’emploie à composer d’amples textes en vers libres, où la fluidité joue un rôle primordial : ses strophes se lisent comme coule une rivière, ses pensées s’enchaînent comme un flux naturel ; on tourne les pages avidement, happé par une langue souple et musicale.
 
En effet, s’il y a un art auquel l’auteur accole son écriture, c’est bien la musique. Tout un poème se construit sur la Bohemian Rhapsody de Queen, on croise Atahualpa Yupanqui ou Astor Piazzolla, mais le style qui domine, c’est le jazz. Art Blakey scande de ses fûts le tempo tandis que le poète empoigne un harmonica ou encourage le musicien de légende : « Battez tambours battez ! / Que vos peaux de vie tendues sur le bois du jour / ensemencent les murs et les rues, / et l’herbe drue sous la pluie ! » Et qui dit improvisation jazz mêlée à la poésie dit aussi Beat Generation : Claude convoque les mânes de Neal Cassady, Allen Ginsberg ou Janine Pommy Vega. Et en avant la musique : « Rythme beat du pic, rythme toc toc pic pic / pic et pic et colegram / bourre et bourre et ratatam. »
 
Pourquoi les poètes n’ont jamais de ticket pour le paradis est gorgé de vie, ancré qu’il est dans un quotidien que l’auteur prend comme point de départ à ses pérégrinations poétiques, à ses divagations (il faut voir le sens positif de ce dernier mot, une rêverie éveillée qui permet d’arpenter les berges immenses de ce fleuve majestueux qu’est l’existence). On y croise bien sûr les maux de l’époque ; mais quand l’ironie fait écrire « C’était mieux avant », c’est dans un poème intitulé « Poème pour une vie sans mesure » ! Pas de pessimisme forcené ou d’aigreur malvenue, donc. Tous les textes du recueil sont au fond des hymnes à une vie que la poésie peut redresser, et leur lyrisme revendiqué dispense du baume à l’âme. Eh oui, cette chronique utilisera ce mot casse-cou en poésie, parce qu’il s’accorde avec le caractère musical de l’écriture de Claude : en sourdine, tout au long de la lecture, résonneront les pizzicatos d’une contrebasse jazz dont l’âme, ce chétif morceau de bois, nous transmettra les vibrations.

Florent Toniello - juin 2022




11 juin 2022 - 

Sandrine Daraut, écrivaine Dailleurs, se lit avec plaisir dans Le pan poétique des muses.  Allez lire en cliquant ici !

Et pour se mettre en appétit ..
.....
Oiseaux du silence
En rêve de ce papillon moi
Un train me ramène à l’amer
Violence réticulaire
Retrouvailles sans chair
En direction des îles 
.. 
Sandrine Daraut




​

3 juin 2022 -  Décidément, nos chroniqueurs sont à l'honneur ces jours.  Parlons donc de Florent Toniello.  Notons sa participation à la Nuit de la littérature à Paris il y a une semaine et au Marché de la poésie du 8 au 12
juin avec le Luxembourg en invité d’honneur. 

Voici le lien présentant la délégation luxembourgeoise : 
https://www.marche-poesie.com/delegation-officielle/ 

Et puis comme pour Christian le poète, j'ai bien envie d'oser ci-dessous relayer le lien à cliquer pour trouver le bel article de Florent sur la poésie luxembourgeoise intitulé La poésie luxembourgeoise, jeune et diverse : https://www.marche-poesie.com/la-poesie-luxembourgeoise-jeune-et-diverse/ ... Allez-y !  Vous en apprendrez des choses ! 



22 mai 2022 -  Rien de tel qu'oser .. oser poster la longue série de textes poétiques de Christian Garaud.  Parce que c'est sympa comme tout, cette écriture légère qui nous parle à tous en faisant semblant de ne pas dire des choses profondes. Et pourtant ! 
Allez, on ose. Voici Christian le poète !  


RIEN DE TEL

Il n'y a rien de tel que le voyage.  Quand on sait voyager, on ne sait plus où l'on va; quand on sait contempler, on ne sait plus ce qu'on voit. Je parle de voyage, je parle de contemplation quand tout se prête au mouvement, quand tout se prête à la vision! Il n'y a rien de tel que ce voyage-là! rien de tel! Tchouang-tseu (trad. J.F. Billeter)

*
que se passe-t-il?

c’est l’ombre de quelqu’un
revenu me faire signe
qui rejoint le passé

c’est la lumière
qui s’est glissée
sous mes paupières

la terre va son chemin
et je suis du voyage
*
parfois au réveil
fait surface en premier
l'oreille ce périscope

les yeux s'ouvrent
les bras se déplient

les pieds se posent
sur un plancher
couleur de sable
*
en vain je tente
de mettre bout à bout
des fragments de rêve

je regarde par la fenêtre

la foudre a fendu
le tronc d’un sapin
dans toute sa hauteur
*
les yeux les mains le nez
la palais les oreilles
tissent leurs toiles
entre le monde et moi

des organes en secret
travaillent dans mon corps

des mots viennent
de nulle part

toute vie
vie rêvée?
*
est-ce l’ombre d’une cheminée
que je vois sur le mur?

j’entends des acouphènes
ou le chant des cigales?
*
né de l’oscillation
des ondes cérébrales
le spectre du moi

selon la fréquence  
pensées claires ou fantasmes
sommeil ou rêveries
 
ça reste à la merci
d’une panne de courant

on se lève le matin
comme si de rien n’était
*
pour célébrer
le matin nouveau
je fais un entrechat

le vieux cuiseur à riz
fait danser son couvercle
*
selon la tradition
elle devrait montrer
le chemin du paradis

la grue hésite et se demande
y a-t-il autre paradis
que ce manteau de cheminée?
*
les ombres avancent
sur les murs

je sors du garage
en tirant la poubelle

ciel d’un bleu fumée
montagnes dans la brume
*
l’hiver a été rude
je regarde par la fenêtre
les camélias sont morts

dans l’eau frémissante
de la théière en verre
s’ouvrent les feuilles de thé
comme des fleurs japonaises
*
j’ai boulangé
odeur de pain
dans la maison

elle change la couleur
de ce que je vois
*
lieux aimés lieux quittés
où est ma résidence?

le soleil du matin
dessine sur le mur
ma ligne d’horizon
*
longtemps
je n’ai vu que l’arbre
qui cachait la forêt

par moments
je peux maintenant voir
ce que cachait l’arbre

mais que cache la forêt?
*
je me sens chez moi
dans ma langue maternelle

c’est un plaisir
et une illusion

toute langue
langue étrangère?
*
frôlant le rocher
qui affleure et brille
dans l’eau de l’étang
le bateau s’est arrêté

une carpe saute
autour du bouchon
parmi les reflets
des grands peupliers
*
presque aussi réels
qu’arbres réfléchis
dans l’eau de l’étang
les mots en mémoire
*
comme les lys tigrés
balançant leurs têtes au soleil
dans l'après-midi silencieux

je fais des rêves lents
qui emportent leurs pédoncules
bien loin de leurs rhizomes.
*
lequel de nous deux
a pris l’autre avec lui?

nous avons souvent
déménagé ensemble

le cheval sur le mur
saute dans son cadre
prêt à s’échapper
*
quand je pose le diapason
sur la table d’harmonie
se réveillent l’épicéa
et le bois de rose

les harmoniques
de la guitare
comme des rides
dans le silence
*
fougère si ancienne
fougère si légère

vivant fossile
dans les sous-bois

parfum de fougère
odeur du temps
*
pendant la journée
à quoi rêve-t-il
le petit paon de nuit?
*
l’eau dans la bouilloire
se met à frémir

dans l’évier une main
saisit les carottes

l’autre main caresse
doucement leur chair
qui se met à briller
*
reflet des nuages
sur la fenêtre

dessin du poème
sur la page

qu’est-ce qui se reflète
dans ses mots?
*
les pas résonnent
entre les murs
sur le treadmill
je me dépêche

et devant moi
à la télé
court un joggeur
entre les arbres

qui arrivera
le premier?
*
s’ouvre la porte
d'une maison

le regard se glisse
au fond d'un couloir
entre dans le jardin
et danse avec les guêpes
autour de gerbes d'or
*
souvenirs en expansion
vers un trou noir

leur chemin dévié
comme le rayon
d’astres lointains
*
satisfait du mystère
mais cherchant le secret

je voudrais savoir
comment on se sent
pas encore né

en état de dormance
jouant à cache-cache
avec la vie
*
la nuit tombée
seul dans les rues
je longe les murs

se souvenant
du grand soleil   
ils irradient
ce qui leur reste
de sa chaleur

douceur des pierres
comme une présence
*
elle était silencieuse
maintenant elle gémit
elle vieillit aussi,
la porte.
*
l’année touche à sa fin
les canards nagent et glissent
à la surface de l’étang
quelqu’un peine à monter la côte
*
papillons de nuit
autour de l’abat-jour

l’une en face de l’autre
la lampe sur sa tige
ma tête sur son échine
et un rond de lumière

ni question à poser
ni réponse à donner
*
Les bras le long du corps
main à plat sur le drap
les rouleaux d'ondes alpha
m’emportent dans la nuit

les yeux fermés
à la recherche
d’un horizon
sous les paupières.

​Christian Garaud


22 mai 2022 -  Belle chronique de Christian Garaud sur Rythmes pour apprivoiser la hérissonne de Doina Ioanid

Nous sommes gâtés par nos chroniqueurs : Florent avec LEM ce mois et aujourd'hui, Christian avec Doina Ioanid qui nous invite à envisager les hérissons d'un regard nouveau qui ne manque pas de rappeler des questions bien actuelles liées à la connectivité et à la solitude.  A quelle distance de l'autre se vit l'amour et la chaleur humaine ? A quelle distance de l'autre sommes-nous seuls ? Pouvons-nous vivre sans amour ?  La hérissonne de Doina nous rappelle un peu une chanson de Barbara que vous connaissez peut-être. 
Pour finir, j'attire votre attention sur le poème d'un vers à la fin de la chronique qui laisse Christian pensif... et moi aussi !
Merci Christian.

​Rythmes pour apprivoiser la hérissonne (l’Arbre à paroles, 2013) 

Le titre du recueil de poèmes en prose de Doina Ioanid pourrait faire croire qu’il s’agit d’un recueil de chansons pour enfants, d’autant plus que la couverture offre l’image de petits garçons en cercle qui se livrent à je ne sais quel jeu. Oui, mais, au premier plan, voici une petite fille, et cette petite fille essuie ses larmes de la main droite en s’éloignant du groupe qui a sans doute refusé de l’admettre dans son cercle. De quoi s’agit-il donc? Jan H. Mysjkin, qui connaît bien l’auteur et qui a traduit en français ces poèmes roumains, a donné pour titre à son introduction: “Mots sauvés d’un exil intérieur”. Et si la petite fille était la narratrice elle=même? Et qu’est-ce que cette hérissonne et pourquoi faut-il l’apprivoiser?

Dans son introduction, Mysjkin commence par raconter  une petite histoire qu’il a relevée en lisant Freud:   

Un jour d’hiver glacial, les porcs-épics d’un troupeau se serrèrent les uns contre les autres, afin de se protéger contre le froid par la chaleur réciproque. Mais, douloureusement gênés par les piquants, ils ne tardèrent pas à s’écarter de nouveau les uns des autres. Obligés de se rapprocher de nouveau, en raison du froid persistant, ils éprouvèrent une fois de plus l’action désagréable des piquants, et ces alternatives de rapprochement et d’éloignement durèrent jusqu’à ce qu’ils aient trouvé une distance convenable où ils se sentirent à l’abri des maux.

Il paraît que cette petite histoire est connue sous le nom de ”dilemme du hérisson”. Je la découvre. Elle est racontée par Arthur Schopenhauer dans ses Parerga et Paralipomena publiés en 1851. Freud, après avoir cité Schopenhauer, écrit ce commentaire dans Psychologie collective et analyse du moi (1921):

D’après le témoignage de la psychanalyse, toute relation affective intime, de plus ou moins de durée, entre deux personnes - rapports conjugaux, amitié, rapport entre parents et enfants - laisse un dépôt de sentiments hostiles ou, tout au moins, inamicaux dont on ne peut se débarrasser que pas le refoulement.

Dans le cas de Doina Ioanid (née à Bucarest en 1968), il est moins question de relation affective avec d’autres personnes que d’une difficulté (voire d’une impossibilité) à  se sentir bien dans sa peau. Parler de hérissonne, c’est parler avec humour d’une angoisse dont elle ne peut se débarrasser.

Depuis peu, les études sur le bonheur sont fort prisées. On peut apprendre tout ce qu’on veut. Fini, les doutes.  Ces études sont mieux encore qu’un détecteur de métaux! Précision et efficience. Mais quel est le coefficient de ton bonheur à minuit, quand vient la hérissonne, qu’elle se glisse dans ton lit et se niche sur ton ventre? Quelle étude moderne saurait mesurer son grignotement sonore et le convertir en pourcentage?   

Se moquer de toutes ces études sur le bonheur est bien légitime. Il est de plus bien compréhensible dans le cas de Doina Ioanid. Sa dépression (si dépression il y a) n’est pas sans raison: il y a eu d’abord la mort de la personne aimée à qui la narratrice continue de s’adresser:

Où suis-je entassée, pelotonnée dans ce corps? Où suis-je dans cette chair flétrie qui ne m’appartient même plus? Où me trouvè-je dans ce corps sur lequel tes mains ne se promèneront plus? Et où s’en vont tous ces corps de femmes qu’on n’aime plus? Leurs corps disloqués, à la peau rugueuse d’éléphant, des corps terreux que même le vent ne caresse plus. Dis-moi, où s’en vont tous leurs rêves de tendresse au goût de tiramisu?

Il y a aussi la mort du grand-père:

Ma patrie,c’est le corps usé de grand-mère, guetté par les géraniums noirs, ma patrie, ce sont les os de grand-père, ma patrie, ce sont les cernes autour des yeux de ma soeur, tendus vers le ciel, vers la grâce de Dieu. Ma patrie, ce sont les pommiers, poiriers et noyers dans la cour où je n’ai plus mis le pied depuis tant d’années. Ma patrie, c’est cette renarde muée qui glapit jour et nuit en moi. Ma patrie, c’est le pépin tordu de  l’impuissance que j’ai reçu à la disparition de Papy.

Ces deuils ont complètement modifié la façon dont la narratrice se voit et voit le monde. Sa voix et son visage mêmes deviennent méconnaissables:

Une voix enrouée au-dessus d’un cendrier plein de mégots et un visage que je reconnais à grand-peine comme étant le mien, et cela seulement parce qu’il n’y a personne d’autre que moi dans la chambre d’hôtel bon marché, qui n’attend rien d’autre qu’un tremblement de terre.

Elle va jusqu’à mettre en doute sa propre identité:

Est-ce que le moi existe encore? C’est comme si la solitude écrivait les poèmes
J’ai écrit sur la solitude, des poèmes sur la solitude. Mais je ne la connaissais pas vraimenr. La solitude qui te cisaille les tripes et te balance contre les murs, la solitude d’un ghetto bucarestois, aves ses tsiganes qui te crient des conteneurs de ne pas approcher. La solitude avec son odeur rance et croupie, avec son indifférence crasse. La solitude qui te vide le corps de tous ses organes, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’une carcasse errant la nuit dans les rues. Et voici que la solitude, avec sa bave de bouledogue, écrit ses poèmes, ses propres poèmes, à même mon corps.

Et soudain, dans un poème, il semble que le malaise est général. Il devient celui de l’humanité. Les animaux nous jugent, écrit-elle. Y a-t-il un espoir de rédemption si nous, étres humains, prenons conscience que nous nous sommes égarés que nous ne savons pas vivre?

Si les animaux pouvaient parler, ils nous diraient que nous ne sommes qu’ombres parmi les ombres, des phantasmes s’effilochant, chimères et désespoir. Ils nous diraient que les jours nous ruminent en silence et que nous ne savons pas vivre. Ils nous diraient que nous avons oublié le bon goût du matin et la chanson de la terre.

Mais le livre ne nous offre pas beaucoup d’espoir. Et, en ce qui concerne la narratrice, à la fin du recueil, elle ne peut décidément pas se débarrasser de son bourreau:

Je ne l’avais pas aperçue, quand je suis entrée. J’ai fermé la fenêtre, puis je me suis retournée et je l’ai vue. Elle se tenait entre les bibelots de maman. Elle descendit lentement l’étagère. Ses piquants brillaient, soigneusement aiguisés. Il n’y avait que nous deux et la nuit à peine commencée. Au seuil de mes quarante ans, nous nous trouvions là toutes les deux, au-delà du bien et du mal, comme deux fèves dans une cosse.

Le livre se termine, mais la lutte continue. Doina Ioanid n’a pas cessé d’écrire des poèmes beaux et étranges. Dans le livre dont je parle, un poème d’un seul vers m’intrigue et je l’offre à la sagacité des  lecteurs:

Feuilles dans une cruche d’eau. Aucun vieillard n’attend.

​Christian Garaud - mai 2022

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13 mai 2022 -  Ça bouge pour François Coudray ...
​Après sa performance CHAQUE JOUR / CADA DIA, qui accompagnait la présentation de l'exposition de son travail croisé avec le photographe Erick Mengual à l'Alliance française de Montevideo (une lecture rêvée bilingue de son recueil chaque jour, paru en 2014 aux éditions Poïein, avec Sylvia Murninkas, lectrice uruguayenne), il a participé au MUNDIAL POÉTICO  DE MONTEVIDEO. A voir sur Facebook si vous vous servez de cet outil.

C'était le 23/04/22, seul sur scène,  et le 25/04  avec Anne Gauthey, sa voix espagnole, au Cabildo de Montevideo. Notre François a partagé la scène avec, entre autres, Ida Vitale, immense poétesse uruguayenne. 
Il y a partagé trois textes, qu'il décrit comme  "les trois étapes d’un chemin" :
- cet autre noir (à paraître cette année aux éditions du Frau, en dialogue avec les tirages au charbon d’Erick Mengual),
- par quels chemins (anthologie Saisir, SVP 3.0 - Julien Bucci -, éditions La chouette imprévue, 2022)
- on se retrouvait avec (nos corps) (avec Vanessa Durantet - éditions La tête à l’envers - Dominique Sierra-, collection Fibre.s - Jean-marc Barrier -, 2021).
Et François de conclure : "Trois petits textes, trois textes importants pour moi. Joie de les porter ainsi sur scène, dans des versions bilingues."
​


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2 mai 2022 -  Joli mois de mai ? 
On n'a pas  besoin de la superbe chronique de Florent Toniello pour se dire que le mois de mai ne sera pas joli pour tous sur cette planète.. mais quand on prend le temps de découvrir, comme Florent l'a fait, le travail de LEM, cette auteure française vivant au Québec, on frissonne.  Mon histoire n'est pas joyeuse, écrit-elle.  Encore une fois le malheur, la souffrance comme sources de créativité et de partage.  Nous partageons sa malheureuse histoire dans la poésie.  Et si la poésie ne servait pas à cela, justement, au partage de nos malheurs car après tout, heureuse sera celle qui n'aura pas au moins un mois de mai malheureux dans sa vie.  Merci Florent ! Merci LEM pour ta confiance.
LEM : Et si les murs avaient su parler
SéLa Prod éditions
 
J’ai rencontré LEM, slameuse née en France et désormais installée au Québec, lors de son passage au Luxembourg pour une compétition. Après l’avoir découverte dans des vidéos sur son site, je ne m’attendais pas au contenu du livre qu’elle m’a offert à cette occasion. En effet, Et si les murs avaient su parler est un recueil de poésie où les contraintes du slam − notamment les rimes ou les homophonies en forme de jeux de mots − sont quasi absentes, hormis dans le tout dernier texte. Un envoi final peut-être pour dire que, désormais, les blessures de l’autrice sont pansées et que c’est à travers le slam qu’elle les évoquera en public, sans peur, dans l’espoir que son expérience serve à éveiller les consciences.
 
Mais dans l’intimité, avec un lecteur ou une lectrice unique qui prend en main cet ouvrage, LEM fait vivre les mots au moyen de la poésie contemporaine. Car l’histoire qu’elle raconte est bien intime : c’est des viols de son beau-père qu’il est question, des tentatives de meurtre sur elle et ses frères, des addictions qui s’ensuivent (« je me rallie / à plus de chanvre / que d’humains ») avant la guérison, avant la poésie. Autant dire que le recueil se lit avec la gorge serrée parfois ; les scènes qui s’y jouent ont de quoi perturber les âmes sensibles, malgré l’élégance des vers. On reconnaît bien là, au fond, la patte de la poétesse qui, dans un entretien que nous avons réalisé pendant son séjour au Luxembourg, affirmait vouloir « mettre de la beauté dans la forme alors que le fond est dégueulasse ». La petite fille qu’elle était a vite appris que « les comptines aussi / savent mentir ». Alors la femme qu’elle est devenue, et qui maintenant conte, structure son livre en quatre parties où elle dit la vérité, rien que la vérité : « à elle », son alter ego de l’époque ; « à lui », le beau-père à qui elle a désormais pardonné ; « moi », l’adolescente qui se cherche ; et puis l’envoi final sous forme de slam évoqué ci-dessus, sous le titre « adieu ».
 
L’écriture de LEM est faite de vers concis, de formules percutantes, de mots crus autant que de phrases allusives, de tailles de caractères savamment dosées autant que l’est la position des mots sur la page. Une forme qui en dit long sur le fond qu’elle traduit, car on sent le poids de la réflexion et de la mise en pages pour dire l’horreur sans négliger l’ironie, pour nager en eaux troubles sans perdre pied : « un deux trois / nous irons au bois // quatre cinq six / cueillir des saucisses // sept huit neuf / dans mon vagin neuf ». Parfois, le rythme, la scansion, la signature langagière du slam s’immiscent dans les courts poèmes (« de fil en fil / je suis ficelle / dressée / au garde-à-toi »), comme des sauts en avant qui annoncent le texte final slamé. C’est donc toute une évolution vers la guérison, à partir de violences tragiques, que la construction du livre reflète. L’écriture vient (« coule l’encre / pour que s’estompent / mes pensées obliques ») et avec elle la difficile résilience. À la lecture, un cheminement de plusieurs années se retrouve concentré en une centaine de pages aérées.
 
On apprend au détour d’un poème ce qu’il est advenu de ce beau-père violeur : « j’aurais fait pleurer ton sang / comme tu m’as brisée / si ta culpabilité ne t’avait pas / réglé ton compte avant ». Les pulsions de vengeance sont désormais éteintes avec la vie du protagoniste. Dans Et si les murs avaient su parler, pas de rancœur, pas de « pudeur impudique », comme l’écrit l’amie slameuse Marie Darah dans sa préface. Seulement l’histoire d’une femme violée qui a su puiser dans cette expérience les racines de sa pratique artistique. Et sa force, car elle est on ne peut plus forte, LEM. Dans son recueil, la puissance des scènes se combine avec l’élégance d’une poétique longuement mûrie. Pour faire vivre l’espoir.


Florent Toniello  - mai 22


23 avril 2022 -  Voici la pause d'avril passée et Dailleurs se remet au travail.... même si le terme " travail " me semble mal choisi ce jour.   Voici quelques pensées et quelques annonces pour nos lecteurs fidèles et infidèles :

Je pense à Léopold Sédar Senghor, grand poète sénégalais et premier président de ce beau pays.

Dans son texte intitulé  Je repasse, il écrit 
" Car elle existe, la fille Poésie. Sa quête est ma passion "

Quand les présidents du monde seront des poètes, peut-être pourrons-nous y voir plus clair dans nos vies et dans l'avenir de la planète. Peut-être aurons-nous confiance ? Mais je sens bien que je rêve...

Si vous n'avez pas eu la chance de lire Senghor, je vous y invite, comme je vous invite d'ailleurs à revenir lire Dailleurs car bientôt, un nouveau billet de Florent (qui travaille dur !) et de Christian (qui en fait autant).  Quelques nouvelles aussi des uns et des autres...

Dailleurs avait pris une pause mais  à partir de cet été, nous ouvrons la porte à de nouveaux poètes Dailleurs.  N'hésitez pas à commencer à nous adresser vos textes. 



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10 avril 2022 -  Florent Toniello nous parle d'un recueil qui réchauffe et il va sans dire que nous avons tous besoin d'un peu de chaleur humaine et poétique.   
​Et si les livres nous en offrent, alors, ne nous privons pas.  Moi, je prends les " quinze secondes d'éternité ".  Et vous ? 
Ne nous privons pas non plus de ces riches billets que nous envoient nos amis chroniqueurs. 
Merci Florent pour cette chronique lumineuse sur un livre chaleureux !

​Charles Leblanc : Allumettes
éditions du Blé
 
« Ces poèmes nous grattent et nous allument, nous réchauffent, nous enflamment. » Ainsi se trouve présenté sur l’internet ce deuxième ouvrage des éditions du Blé, sises au Manitoba, que je présente dans ces colonnes. La séquence est bien trouvée : d’abord, ces « poèmes engageants (2014-2019) » — comme les qualifie le sous-titre — commencent par une partie « agit-prop au quotidien », qui n’est pas sans rappeler le constat amer devant la marche du monde que fait Lise Gaboury-Diallo dans Petites Déviations, chroniqué précédemment. « une définition quantitative / de l’identité / une surcharge pondérale / qui ne pèse rien / sauf sur le cerveau » : Charles Leblanc, dans « infobésité » notamment, tape fort. Lui aussi tacle le virtuel tout-puissant : « n’aurons-nous plus / que des images numériques / pour nous empiffrer de gravité / d’un peu de vertige et d’infini » ? Il gratte, oui, là où ça fait mal ; il allume la révolte.
 
Mais s’il convoque des « icebergs taille manhattan », des « enfants à l’innocence cassée », des « familles amputées », souvenons-nous de la séquence de présentation. Après l’allumage de la révolte — ou du dégoût, c’est selon —, après le poil à gratter de la vérité civilisationnelle, vient le moment de réchauffer. Si la deuxième partie, « réflexions du jour », prolonge par des considérations historiques et géographiques le constat dressé ci-devant, arrivent ensuite les « versets amoureux ». Et là, le poète passe ses textes à la flamme de la passion. Celle-ci, comme chacun (et chacune) sait, fait monter la température. « elle stationne son nez / dans mon oreille accueillante / on y trouve un four chaud » : même si l’amour conjugal ou filial n’est pas suffisant pour élargir l’horizon indéfiniment, il augmente l’activité de toutes les molécules et chasse le froid. Au fond, si parfois il ne procure que « quinze secondes d’éternité », il gomme pendant son acmé la misère du monde ; l’auteur n’annonce-t-il pas « usiner des moteurs de joie / quand [il était] amoureux » ? Voilà donc pour le réchauffement promis.
 
Troisième partie du programme, les poèmes entendent nous enflammer. Habile trouvaille de Charles Leblanc d’alors proposer sa dernière section, « chansons sans musique », dans laquelle deux poèmes, deux mélodies sans notes enchaînent les répétitions et les rythmes propres à mettre en tête une ritournelle obsédante. On a rayé les avanies d’un trait d’amour brûlant, nous voilà en train de danser, tourner, gesticuler « comme un bédouin / qui aperçoit un mirage / en souhaitant un palmier ». Maintenant, notre cœur « bat à plein régime / et la chandelle reste allumée ». Oui, ces poèmes nous ont grattés et allumés, réchauffés puis enflammés. Il n’y avait pas tromperie sur la marchandise.

Florent Toniello


3 avril 2022 -  Début de mois, poisson d'avril, etc. 
mais le courriel que je reçois de notre autrice Dailleurs, Sandrine Daraut, n'en es pas un.  Elle nous invite à contribuer en effet à la revue Pantouns. 
​Cliquons ici et allons-y !

30 mars 2022 - De retour de France, je reprends la plume.. pour ainsi dire, sans la prendre vraiment, puisque c'est Christian Garaud qui nous présente les haïkus de Matsuo Bashō, poète japonais du 17ème siècle. Christian nous fait voyager, encore une fois pas seulement poètiquement.  Il nous parle de traduction et des questions que soulève l'art de traduire des poèmes comme les haïkus, leur finesse, leur apparente simplicité. Et puis on s'amuse à la fin à choisir son préféré. Quel est le vôtre ?

Matsuo Bashō 

Je viens de lire et relire l’Anthologie du poème court japonais, avec présentation, choix et traduction de Corinne Atlan et Zéno Bianu, Collection Poésie, Gallimard, 2002. J’y ai trouvé des haïkus de toute beauté. Comme mon fils m’a offert autrefois The Art of Haiku. The History through poems and Paintings of Japanese Masters, livre de Stephen Haddiss (Shambhala Publications, Boston, 2012), j’ai eu la curiosité de comparer la version française et la version anglaise des poèmes de Matsuo Bashō (1644-1694) qui est considéré comme un maître du genre. Je sais que l’histoire de cette forme poétique est complexe, tout  comme les règles que devaient respecter les poètes japonais du 17ème siècle. D’autre part, le traducteur occidental se heurte avec la langue japonaise à de grandes difficulés, sans parler du fait que le japonais du 17ème siècle était loin d’être celui qu’on écrit aujourd’hui. Je ne m’attendais pourtant pas à voir tant de différences entre les traductions. C’est une banalité de dire que la poésie est intraduisible. Il semble que cela soit particulièrement vrai des haïkus.


Voici l’un des plus célèbres:


Vieil étang -
au plongeon d’une grenouille
l’eau se brise


old pond -
a frog jumps in
the sound of water


A propos de ce poème, je trouve ce commentaire sur wikipedia: “C'est surtout le troisième vers qui pose un problème. De nombreux haijin (poètes pratiquant l'art du haïku) préfèrent « le bruit de l'eau », plus proche du sens littéral, à « un ploc dans l'eau ». Le texte ne donne aucune indication de pluriel ou de singulier, ni aucune indication de temps. Par ailleurs, en japonais, les articles n'existent pas, les genres non plus. Le mot à mot du poème est le suivant : vieil/ancien étang(s) ah grenouille(s) tomber/plonger bruit(s) de l'eau(x). Rien dans le texte ne vient indiquer que la/les/des grenouille(s) tombent/sont tombées/tomberont dans un/le/des vieil/vieux étang(s)”. Ajoutons que le tiret à la fin du premier vers indique une pause qui est marquée dans le poème japonais d’une manière intraduisible en anglais ou en français, d’où l’usage du tiret. (La chose est expliquée en détail dans l’article “kireji” de wikipedia). Le tiret correspond ici à l’exclamation “ah!” à la fin du premier vers, sans doute pour exprimer une émotion en mettant un accent sur le mot qui précède (ce que mon fils appelle “zoomer” sur un mot).


Que choisir? le poème en français ou le poème en anglais? Rien à dire à propos du premier vers, mais les deux suivants me paraissent très différents. D’abord le poème français me semble lier syntactiquement les vers 2 et 3, alors que, dans le poème en anglais, ils ne le sont pas. Les 3 vers sont juxtaposés dans un ordre parataxique: au lecteur d’établir les liens nécessaires au sens. D’autre part, le vers 3 est traduit de façon tout à fait différente.


Voici maintenant quelques exemples de haïkus dans les deux langues:


Sur la branche écorchée
du couchant
un corbeau s’est perché


crow perched
on a withered branch -
autumn evening


Ce qui est intéressant ici, c’est que l’ordre des vers est différent, et qu’aucune traduction ne respecte l’ordre des vers de l’original qui est le suivant:


on a withered branch
crow perched -
autumn evening


Je vois mal comment “withered” peut correspondre à “écorchée”. D’autre part, le poème en français peut être lu comme une phrase en prose, ce qui est impossible dans la traduction anglaise. Pour ces deux raisons, je préfère ici le poème en anglais. Mais je ne veux pas continuer ce mot à mot. On voit les difficultés (et en même temps la liberté?) du traducteur. Voici quelques haïkus de Bashō qui me paraissent très beaux:


Au printemps qui s’en va
les oiseaux crient -
les yeux des poissons en larmes


spring passing -
birds cry out, there are tears
in the eyes of the fish


On peut faire encore plus court:


spring passing -
birds crying and tears
in the eyes of the fish


Voici un autre poème:


Au fond de la jarre
sous la lune d’été
une pieuvre rêve


octopus pot -
floating dreams
in summer moonlight


Un autre:


Herbes folles de l’été -
où frémit encore
le rêve des guerriers!


summer grasses -
all that remains from the dreams
of warriors


Encore:


Ah coucou!
agrandis encore
ma solitude!


Already sorrowful
he makes me more lonely -
the mountain cuckoo


Voici aussi quelques poèmes pour lesquels je n’ai pas la version anglaise, mais je les trouve remarquables:


La cloche se tait -
les fleurs en écho
parfument le soir!


Un autre:


Les cigales vont mourir -
mais leur cri
n’en dit rien


Et celui-ci!


Ce chemin -
seule la pénombre d’automne
l’emprunte encore


Et celui-là:


Sur ce pont suspendu
nos vies s’enroulent
aux sarments de lierre


Un dernier en français:


Dans ce jardin
un siècle
de feuilles mortes!




Ne trouve-t-on pas dans  ces poèmes ce que suggèrent les traducteurs français dans leur introduction? Sous une forme souvent légère, ils évoquent une expérience commune qui devient surprenante. Il semble que les règles à respecter (par exemple le nombre de syllabes 5-7-5 et la mention d’une saison) forcent le poète, dans un texte si court, à créer en quelques mots un contexte qui permet au sens et à l’émotion de se manifester avec d’autant plus de force qu’ils restent en grande partie implicites.


  Christian Garaud
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le 17 mars 2022 - Plus je lis Mélusine au gasoil de Florent Toniello, plus j'aime ce recueil  ! 

Florent Toniello
Mélusine au gasoil
(Facteur Galop)
 
Dans son dernier recueil paru aux éditions du Facteur Galop, Florent me semble s’être réincarné en un chevalier servant bien impuissant ( «  que puis-je faire pour les victimes, les vraies ? » ), question on ne peut plus d’actualité tant il nous parait que nous ne pouvons que prendre note, consternés, des violences de notre monde.
 
Observant les ravages infligés par les fortes pluies de l’été dernier sur la région du monde où il a élu domicile, le Luxembourg, Florent se démène comme il peut, c’est-à-dire par la poésie, la lecture, l’écriture pour endiguer les coulées de boue et l’inondation qui sont autant de fléaux climatiques que de détresses psychologiques. Les lecteurs ne peuvent résister à la puissance des flots et à l’envahissante pollution : ( «  /un catalogue de dévastation transfrontalière // tu es au bain de boue Mélusine // avaler des tonnes de boue » )
 
Que faire quand les « décideurs » se bouchent les oreilles. Les poètes dont Florent, Pierre Joris ( un entretien avec ce dernier figure à la fin du recueil ) et tant d’autres tendent la main  à la science mais cela ne suffit pas….
 
Et pourtant, voila que les liens littéraires, amicaux et sociaux se manifestent bel et bien. C’est la fête de la littérature au CNL du grand-duché !  Défilent dans le recueil les prénoms des uns et des autres : Pierre, dont c’est l’anniversaire, Nicole, Colin, Céline … ( sans parler de Clio… l’auto de Florent qui brave la tempête pour transporter les uns et les autres ). On s’amuse, on partage, on lit, on écrit, …. Et on se retrousse les manches pour sauver ( un peu ) un petit quelque chose de cette terrible destruction.
 
« …. Et puis le
crève-cœur absolu
des livres des livres des livres
boursouflés trempés gorgés
qui partent à la pelle mécanique
dans un conteneur »
 
 
Enfin, voila la star de l’histoire : Mélusine, la belle Mélusine, la sirène du Luxembourg dont le comte Siegfried tomba follement amoureux, celle-là même dont il finit par découvrir l’identité de sirène, a du mal à exercer son charme.  
 
«  alors tu vois, Mélusine, peut-être
devras-tu patauger de plus en plus
                souvent
dans les eaux saumâtres du
développement…….
……………………………sois sage
O, Mélusine, et retiens ton courroux
ton Alzette s’étire, boueuse,
tu ne m’attireras pas dans son lit
                aujourd’hui
pour y faire l’amour aqueux – »
 
 
Et pourtant, par delà les ravages de la pollution, elle nous rappelle le mystère de la beauté et de l’amour ( «  / - qu’elle est belle quand elle retrousse / son charmant nez pointu – » ).
 
 
Et Florent, avec ce style poétiquement ironique et en même temps si romantique que nous lui connaissons bien, nous donne envie d’offrir à Mélusine les flots qu’elle mérite. Maintenant parce que toute cette boue, elle nous fait mal au cœur.
 
Valérie Harkness
 



le 15 mars 2022 -  Pas le temps des cerises mais celui des cerisiers en fleurs.
Un poème de Françoise Urban-Menninger à partager avec vous.. Merci Françoise.

​des roseurs de cerisiers
 
hier premier janvier
le ciel avait des roseurs de cerisiers
en fleurs avec des pointes de bleu
qui me sont allées droit aux yeux
 
et ce bleu si gracieux
piqué au fond des cieux
c’est avec le pinceau de mes cils
que dans le poème je le distille

le 13 mars 2022 -  Quelques nouvelles...

Carolyne Cannella nous fait part de la sortie de son cinquième recueil : OBSCUR ECLAT,  courant mars aux éditions Unicité.
Cette auteure Dailleurs participera en outre au Festival du Quartier du Livre à la mairie du V°, à Paris.  Et si vous ne connaissez pas Carolyne, découvrez-la sur son site en cliquant ici ! 

Anna Jouy offrira prochainement une lecture de  Filière de femmes, son dernier livre paru aux Editions sans escale.  Notez bien : ce sera le dimanche 20 mars de 11h a 13h dans la salle de l'Arbanel à Treyvaux en Suisse ! A ne pas manquer !

Christian Garaud nous offre à lire très bientôt sa chronique sur Matsuo Bashō (1644-1694), poète japonais du 17ème siècle.  Nous voyageons avec Dailleurs dans l'espace mais aussi dans le temps. Et tant mieux.

Bonne semaine à toutes et à tous ! 

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le 5 mars 2022 - Florent Toniello nous livre sa chronique du mois.  
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Il nous présente Lise Gaboury-Diallo et son recueil intitulé Petites Déviations ( éditions du Blé ) , nous rappelle que " l'histoire est écrite par les vainqueurs ", cette même histoire qui est en train de s'écrire chaque jour, chaque minute de chaque jour en Ukraine, mais reste ce message qui nous unit et nous anime , nous les poètes d'un ( encore ) nouveau siècle : être poète, c'est aussi l'engagement, " la nécessaire révolte qui conduira à l'action ".
Merci Florent !


Lise Gaboury-Diallo : Petites Déviations
éditions du Blé
 
Parmi les littératures francophones, la poésie québécoise se fraye souvent un chemin chez les amatrices et amateurs. Mais qu’en est-il de la poésie de langue française dans l’ouest du Canada, et en particulier au Manitoba ? Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle mérite d’être découverte : la minorité francophone dans cette province a une intense activité culturelle, que les éditions du Blé soutiennent en publiant les talents du cru. C’est pourquoi ce billet est le premier de plusieurs qui seront consacrés à des livres de cette maison d’édition engagée et sympathique (et pas seulement parce qu’elle m’a envoyé des ouvrages en service de presse — lectrices et lecteurs savent que je ne parle que de ce qui me plaît !).
 
« je délaisse les virgules / dans ma rapidité / et les majuscules / la grammaire / sa correction-étiquette » : même si elle ne l’avoue pas d’emblée — cette confession se situe presque à la fin du recueil —, dans Petites Déviations, Lise Gaboury-Diallo veut rédiger dans l’instant ce qu’elle a sur le cœur. Très rapidement, de fait, elle en vient à la substantifique moelle de son propos, en écrivant qu’« il n’y a pas de plan (ète) b ». Nous sommes ici dans une poésie de l’urgence climatique, une sorte de pendant littéraire à un rapport du GIEC qui pécherait par manque de lyrisme. Alors la poétesse s’empare de ce que le monde actuel devient pour en composer des vers, sacrifiant les majuscules mais leur substituant un rythme, un souffle, qui disent un état d’urgence que d’aucuns refusent encore de voir. Les climatosceptiques en prennent ainsi pour leur grade — tout autant que les antivax dans un long poème covidien. Mais ce constat dans lequel elle nous englobe (« démasquons-nous / voilà notre humanité nue / debout toute croche / et en évolution incertaine »), pour amer qu’il soit, n’est en rien banal ni déjà lu, grâce à une langue très sûre. Celle-ci mélange habilement les figures de style propres à la poésie tout en parlant vrai ; un véritable exercice d’équilibre, de ceux qu’on imagine nécessaires pour soigner les maux qu’elle expose.
 
Lise Gaboury-Diallo sait que l’histoire est écrite par les vainqueurs : « l’atlas tait la révolte / engloutissant tous ces pans de survie / n’étale que les victoires mythifiées / souvent illégitimes ». Dans un Canada où les Premières Nations pansent encore les plaies de la colonisation et subissent toujours celle-ci par endroits pour des intérêts économiques, elle remue le couteau dans la plaie, certes, mais le propos est évidemment universel et planétaire. Les technologies numériques, si plébiscitées lors des confinements récents, nous sauveront-elles ? « l’instantané nous hante / me hante // sauvegardé dans les limbes / de la stratosphère icloud // les artisans du contraire de l’oubli / vendent l’abondance du trop-plein / des détails arrimés à l’éphémère / et captés par des machines fragiles » : on se doute que la poétesse n’y croit pas. À ce titre, on gagnera à lire le recueil en plusieurs fois, par exemple en le reposant après chacune des quatre parties, tellement dense est l’entrelacs des vicissitudes dont il se fait l’écho. Mais cette poétisation est aussi salutaire, car elle contient dans son propos même, dans sa langue, la nécessaire révolte qui conduira à l’action : « devant l’impasse / et face à la contrebande / des faussaires de l’Histoire / avec leurs faits alternatifs / je m’obstine / la vérité ne tranche pas / ma résistance non plus ».

Florent Toniello - Mars 2022





le 27 février 2022 - François Coudray

Suite à notre petite pause de février, faisons un tour, explorons le travail poètique de François Coudray qui ( nous ) écrit de Montevideo.  Deux suites qui nous ont " parlé ".  Le pouls du vieux platane se met à battre dans le coeur. Écoutez !

SUITE 1 – JARDINS NOMADES

 
j'ai grandi un jardin à l’autre bout du monde et puis / partir toujours / mes / jardins / nomades et ce creux en moi d’apprendre à perdre chaque jour / cherche / le poème / souffle / en chaque mort l’ineffable
 
tendresse
 
*
 
cette terre n’est pas la mienne est la mienne me respire lui dois tout jusqu’à
 
se consumer dans l’air bleu
 
*
 
on pourrait croire qu’ici cesse la fabrique / la nécessité du poème / tant ce lieu / en vertu de sa nature / s’offre comme un retour / une enfance au-devant de nous / si loin / le bruit des hommes
 
et puis toujours déjà partir
 
 
SUITE 2 – PLUS LOIN
 
 
comme l’herbe croît le / perfore / traverse os trous tavelures voix comme / tremble le cœur de l’oiseau bat / le pouls du vieux platane nos corps
 
chaque jour plus criblés d’air
 
*
 
comme chante se / dit / ressac quaternaire quoi prétend ouvrir le temps une fourmi encore / au travers de la main comme / cet accord soudain de
 
sa fragile durée et de l’instant absolu du monde
 
*
 
ça qui disparaît son corps / de givre nuit souffle franchi / et ça qui tremble encore / la chaleur de l’animal mort / ne pas se dérober à la douleur du monde
 
sa joie intérieure
 
*
 
j'ai passé / ces derniers temps trop peu de temps / avec mes morts / trop peu de temps avec la terre / la poésie soit / chemin / et non ersatz / de / vivre / y retourner les mains / dans la boue la neige / à bâtir / murs tas de bois nos châteaux dans le ciel où / et c’est bien là / être
 
juste ce qu’il faut à l’étroit pour / avoir moins peur / et se sentir passer
 
*
 
 
ce qu’elle nous dit le / vivre / suivre les mots chercher plus loin la nuit / la forêt un vent tiède descend de la montagne quoi déjà ronge la neige frôle / nos corps tremblent / les frênes / devant la maison la
 
tête déjà se redresse
 
*
 
perdu / et présent / à ça que l’on ne comprend pas comme / point par l’insaisissable / là
 
où peut-être commence vraiment le poème / plus loin / devant le texte

NOTES
 
Les citations en italiques dans la SUITE 1 sont de Geneviève AMYOT (Je t’écrirai encore demain, Desclée de Brouwer, 1999), Cécile A HOLDBAN (Toucher terre, Arfuyen, 2018) et Charles BAUDELAIRE (L’art romantique, 1869)
 
Les citations en italiques dans la SUITE 2 sont de Philippe JACCOTTET (Poésie 1946-1967, Gallimard), Jacques ANCET (Amnésie du présent, publie.net, 2019), Mathieu RIBOULET (entretien avec Sylvie BLUM, 2017), Paul CELAN (d’après « Todesfuge », Der Sand aus den Urnen, 1948), Pierre DHAINAUT (Une porte après l’autre après l’autre, Faï fioc, 2020), Paul RICOEUR (Du texte à l’action, Seuil, 1986)
 

Merci François ! 



le 12 février 2022 - Christian, notre Christian Garaud, nous gâte ce mois avec sa chronique sur Tone Skrjanec ( mille excuses pour l'initiale du nom de ce poète slovène que j'écorche faute de ne pas trouver sur mon clavier le circonflexe "à l'envers" assis sur la lettre S ) et son recueil intitulé L'esprit de la tortue est petit et très vieux. Le titre seul du recueil intrigue et attire l'esprit et le regard.  Christian ne manque pas d'attiser notre curiosité dans son billet sur cette poésie qui, si on s'y attarde, se met à déployer un monde plus grand qu'il n'y parait au premier abord, un monde entre deux, entre celui des choses et celui de la conscience.  Peut-être les réunit-elle ? 

Le Centre de créations pour l’enfance de Tinqueux (petite ville dans l’arrondissement de Reims) a une Maison de la poésie qui publie une revue et des recueils de poèmes. Ce centre a habituellement un stand au Marché de la poésie de la Place Saint-Sulpice à Paris. C’est là que j’ai trouvé L’esprit de la tortue est petit et très vieux (Poèmes traduits par Mateja Bizjak Petit et Pierre Soletti, Collection Déplacements, 2014). L’auteur en est Tone Škrjanec, poète slovène né à Ljubljana en 1953 qui, à ma connaissance, a publié une douzaine  de recueils de poèmes dans son pays. Quelques recueils ont été traduits en français et en anglais. La couverture de celui que j’ai entre les mains m’apprend qu’il est aussi traducteur (d’oeuvres de Burroughs, Bukowski, Snyder entre autres) et qu’il participe depuis de nombreuses années, en Europe et ailleurs, à des lectures bilingues.


Le petit livre (une soixantaine de pages) est divisé en trois parties. L’une commence par une citation du chanteur américain Bob Dylan (I don’t need your organization…), les deux autres par des citatioms de chanteurs de rock anglais: Edgar Broughton (my lady’s in the kitchen not wearing any clothes…) and Eric Burdon (when the acid trip is over you gotta go back to mother booze). Ces citations m’intriguent. Elles évoquent pour moi le non-conformisme (voire l’hostilité à l’égard de la société), l’amour (voire l’érotisme) et l’usage des drogues. Donnent-elles le ton? Que disent les poèmes? Voici celui qui donne son titre au recueil:


L’esprit de la tortue est petit et très vieux


au moment de la discussion
et de la fête, je rentre à la maison.
là-bas j’ai une fenêtre avec une vitre parfaitement transparente.
dehors il y a l’ombre profonde et des bruissements.
je me demande, si je ne vais pas fumer
un morceau de haschisch, lire un livre.


Le poème, où s’exprime un désir de solitude, aide à comprendre le titre (et non l’inverse). La tortue défie le temps humain: elle apparaît sur la planète à l’époque des dinosaures. Mais c’est le symbolisme qui est important. Dans plusieurs civilisations, en particulier la chinoise, elle est un symbole de paix, de longue durée, de stabilité. Et ce narrateur qui se retire dans son antre me fait penser au mouvement de rétraction du cou et de la tête propre à cet animal. A la “discussion”, il préfère “la vitre parfaitement transparente” même si c’est pour rencontrer “l’ombre profonde”. Est-ce que je divague?


La plupart des poèmes n’ont pas un titre aussi surprenant, à première vue sans rapport avec le texte qu’il annonce. Et ils sont écrits dans une langue simple, sans majuscules (comme chez E.E.Cummings), avec une ponctuation qui donne au soliloque un rythme particulier.


L’éternité


je ne trouve aucune date.
tout est comme suspendu dans l’air. les poèmes d’hier.
de l’année dernière, d’il y a des années.
je voudrais mieux connaître les arbres
et les oiseaux, savoir leurs noms.
pas seulement leur taille et leur façon de voler.
devant ma fenêtre est planté un échafaudage,
aujourd’hui absolument abandonné, pas de sifflement,
pas de bruit d’outils ou de caisses.
le bruit incessant de la tondeuse qui tourne autour de la maison
et le vieux banc désert sous le haut cerisier en fleurs
essaient de me faire comprendre qu’aujourd’hui c’est samedi.
dans cettte ombre épaisse et calme
les rêves de la journée arrivent.
je note, je ne cherche pas la vérité.
j’écris des choses qui parlent du quotidien,
de l’éternité,
des arbres, des gens,
des accolades, et des empreintes de lèvres.
l’imposition des mains. des instants.


“je note, je ne cherche pas la vérité.” Ailleurs, le poète écrit: “Je ne fais qu’assembler, tâtonner le monde des objets…” Des objets et des idées. Dans les 3 premiers vers, il est question du temps (“aucune date”), dans les 3 suivants du désir de “mieux connaître les arbres”, dans les 3 suivants d’un échafaudage, dans les 3 suivants du bruit d’une tondeuse. C’est ce que le poète lui-même appelle la technique du “scotching”. Mais c’est pour revenir à la fin sur l’idée de temps et une sorte d’équivalence entre l’instant et l’éternité.


Parfois, le poète semble se contenter de décrire le lieu où il se trouve, par exemple dans ce bar d’un village de Serbie:


Le marais de Borje


lentement, la fumée se lève vers le plafond.
le ventilateur sillonne son cercle éternel
et peigne l’air uniformément.
il n’y a presque que des hommes dans ce bar étroit au milieu du marais.
ils fument des cigarettes, boivent de la bière, du vin ou quelque chose du genre.
il y a aussi deux policiers et une policière
- elle est plutôt blonde, moins robuste et moins baraquée.
ils boivent du café et de l’eau. les pistolets accrochés à leurs ceintures.
ça m’est pénible. les pistolets,
et le fait qu’ils pendouillent de leur ceinture.
le plus proche se balance à peine à un demi-mètre de mon genou.
encore six jours avant noël,
est écrit avec des lettres joyeuses sur la feuille accrochée à la porte.
je m’en fiche pas mal. au-dessous de la porte sourit
la tête du lion en porcelaine. plus bas à gauche
sur le petit comptoir du bar se tient
charlie chaplin avec sa contrebasse.
exactement comme il faut, avec des moustaches et le chapeau melon sur la tête.
derrière le comptoir se trouve la serveuse. elle a de tout petits seins,
les grandes dents cerclées d’un appareil dentaire métallique,
les mains blanches, la mini télé dans le cagibi,
le petit cul bien ferme enfilé dans son jean.
je n’énumère que les faits, je touche le monde matériel,
j’écoute les sons de cet endroit rempli.
des haut-parleurs d’en haut coule une chanson peu connue.
cette écorme tache d’humidité sur le mur au-dessous de la fenêtre
est en réalité le tableau d’un gigantesque oiseau stylisé.
les ailes largement ouvertes et puis tout ça.
mais personne ne le sait, mais personne ne le voit.


“je n’énumère que les faits, je touche le monde matériel” C’est bien la technique de la description, du “scotchage”. Mais les derniers vers laissent le lecteur sur la vision d’un oiseau que le poète imagine peut-être à partir d’une tache sur le mur. D’autres poèmes jouent sur ce genre d’ambiguïté:


Une note sur mon père


je vous raconterai une histoire inventée.
c’est justement ce qu’il y a de plus vrai.
il m’a donné tout ce qu’il pouvait.
quand il mettait sa casquette d’ouvrier,
il me rappelait jack kerouac
sur une photo en noir et blanc.
le soleil d’été lui donnait les traits d’un indien.
nous n’avons plus parlé pendant des années.
ensuite on l’a fait.
de toute manière il n’était pas bavard.
juste quelques mots.
ça aussi il me l’a donné.


Pas bavard, comme son père, en société (je pense au mouvement de retrait de la tortue), mais cette langue simple, celle de la conversation quotidienne, donne l’impression que le poète s’entretient longuement avec lui-même. Ce que nous faisons tous: c’est ce qu’on appelle l’endophasie. Mais cela ne suffit pas pour faire de la poésie! Je finirai avec ce poème:


A la base, il s’agit de l’amour


je ne peux écrire que dans des circonstances particulières.
à la base, il s’agit toujours de l’amour.
l’ivresse n’a qu’un rôle marginal,
malgré son caractère identique.
j’aime la courbe de ma rue.
j’affectionne beaucoup ce cerisier à moitié sec qui se trouve sur la droite
et qui persévère opiniâtrement depuis de nombreuses années.
je vois en blanc.ensuite en noir.
puis en couleur. je lèche le jus épais de la salade de haricot.
j’imagine connaître mon corps de l’intérieur.
je suis rentré à la maison juste avant la tombée de la nuit.
j’ai apporté un ours et un autre animal,
qui restent maintenant allongés sur la table à côté du vase.
et puis c’est primoz qui appelait. juste comme ça.


“A la base, il s’agit de l’amour”. Il s’agit, semble-t-il, d’un sentiment de paix et de plaisir qui naît tout simplement du fait d’être vivant et en harmonie avec le monde (extérieur et intérieur): avec la rue, avec l’arbre, avec les aliments, avec son corps, avec son ami qui appelle (Primoz est un coureur cycliste) et sans doute avec la famille (sinon, pourquoi ces animaux sur le lit?)


Il ne faut donc pas attacher trop d’importance aux citations liminaires de Dylan, Burdon et Broughton. Au cours d’une première lecture, on remarque la présence de certains mots, thèmes ou passages qui font tilt. Il est question de policiers qui mettent mal à l’aise, de vin, d’ivresse, de haschich, de désir sexuel (quand le regard  masculin s’arrête sur “le petit cul bien ferme” de la serveuse). Au cours d’une seconde lecture, on se laisse emporter par le mouvement des poèmes. Comme le suggère un critique, “ses poèmes existent entre le monde des choses et l’énigme de la conscience”: “chaque pierre a sa propre histoire”, écrit Škrjanec. Je crois que Guillevic aurait été d’accord avec lui.

Christian Garaud - février 22





le 6 février 2022 -  J'ai reçu un petit livret par la poste glissé dans une enveloppe accompagné d'une carte de voeux Unicef.  Le livret s'appelle Les mots dessinent les lèvres et celle qui me l'a envoyé n'est autre que son auteure : Valérie Canat de Chizy.  A La Une, vous avez sans doute lu un extrait de ce petit recueil de pensées sous forme de textes, pensées de tous les jours,  regard semblable à celui de l'enfant se posant sur l'instant. 
Pour se rafraîchir les idées et ne pas oublier trop vite que le temps, finalement, ne fait rien à l'affaire.... procurez-vous le recueil de Valérie CdC.  Il parle...


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le 30 janvier 2022 -  Plein de choses à dire et à partager ce mois. 

Commençons par Anna Jouy qui nous épate tant par son énergie littéraire que par son écriture qualifiée de " sulfureuse et irradiante " par F. Urban-Menninger dans le numéro spécial de (Printemps 2022) de Le pan poétique des muses.  Cliquez ici pour lire cet article qui donne parfaitement le ton du livre d'Anna ( roman intitulé Filière de femmes paru aux éditions  sans escale ) et qui décrit avec sensibilité et exactitude son style d'écriture.

Nous vous invitons à retrouver Anna sur son site (en cliquant ici) où vous ne pourrez qu'être inspirée par la vigueur de la production littéraire de cette auteure bien modeste au vu de son succès littéraire.  




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Poursuivons avec le non moins enthousiasmant Florent Toniello qui m'a parlé d'une publication future qui ne tardera pas à nous
intéresser ici, à Dailleurs. En attendant, il nous offre sa chronique du mois sur Ordonnance du réel, ouvrage de Jean-Marie Corbusier paru chez Le Taillis pré.  Florent nous en parle comme d'une " exploration du réel en tandem ". 

Je suis pour ma part intriguée et attirée par les aspects intuitifs, les mélanges des temps que souligne notre chroniqueur : « L’avenir entrait à reculons et le cœur, pour tout solde, laissait nos lèvres entrouvertes. » .  L'avenir nous informant sur le présent....  A voir.. et surtout à lire.  Merci Florent ! 


Jean-Marie Corbusier : Ordonnance du réel
Le Taillis pré
 
« À toi », peut-on lire avant que les textes se déploient. Puis : « L’heure qui sonne au plus juste renforce moins les mots que les gestes que nous aurons répétés. » Cet incipit pose le livre dans son choix de narration — car on peut parler ici de narration, même si elle n’emprunte pas aux techniques de l’écriture créative telles qu’enseignées et rabâchées —, puisqu’il sera (presque) toujours question d’un « nous » incluant le poète et la personne dédicataire. Un « nous » qui change et, au fil de la lecture, repose de ce « je » s’immisçant souvent dans les poèmes contemporains de façon trop individuelle. Non, pas le moindre soupçon de nombrilisme chez Jean-Marie Corbusier, auteur belge et entre autres animateur de la revue Le Journal des poètes, qui choisit de propulser lecteurs et lectrices dans une exploration du réel en tandem, en nous ; cette deuxième personne du pluriel est évidemment maligne, puisque, à partir d’un couple, elle nous embrasse aussi.
Nous observons ainsi ce que peut bien être le réel, titre oblige, au moyen d’un regard sur le passé et d’une intuition, peut-être une préscience de l’avenir : « L’avenir entrait à reculons et le cœur, pour tout solde, laissait nos lèvres entrouvertes. » Nous naviguons « à l’estime », gorgés de sentiments positifs matérialisés par des mots adéquats — « compassion », « ombre bienveillante », « applaudir mille feux cousus de blanc », « mutuel respect ». « Nous nous complaisons à ne reconnaître du monde que la face hideuse » : pourtant la lucidité nous force à regarder la vérité en face, à ordonner le réel dans toute sa complexité quelquefois décourageante.
Les courts textes en prose poétique de Jean-Marie Corbusier, qui déploient leurs longueurs par vagues successives avant de se rétracter, sont autant de pilules de réel fantasmé qui tranchent avec la réalité virtuelle. Ici, on est de plain-pied dans la difficulté de vivre un monde parfois absurde, sans pathos toutefois, avec une projection vers un avenir qu’on sent malléable par la force du nous, justement. Une réalité plus magique que technique, plus chamanique que technologique. Et s’il peut arriver de « s’épuiser d’un bord à l’autre », tant la lucidité requiert d’énergie, pourtant nous « tenons tous les soleils au bout de nos doigts ». D’un hymne amoureux à deux, le poète englobe grâce à l’enchantement de la deuxième personne du pluriel la planète tout entière, dont les êtres vivants se meuvent au « son de l’alouette ». La nature est là, les forces de l’esprit aussi. « En ce songe qui nous dédouble, rien ne nous arrête. »
 
***
 
Nos provisions n’excédaient pas nos besoins, le chant intégral pouvait mesurer l’espace d’une justesse de ton. Nous célébrions le présent qui durait en pure perte.




​

le 23 janvier 2022 - Marcelle Kasprowicz, vous la connaissez bien. Elle est autrice Dailleurs et vous la retrouverez en cliquant ici. On l'aime beaucoup sur Dailleurs parce qu'elle est ouverte et "genuine" comme disent les anglophones (que nous saluons ici puisque Marcelle vit dans un contexte anglophone), parce que ses textes sont pleins de ces émotions qui nous parlent. Marcelle m'a adressé quelques textes (et leurs traductions en anglais). En voici un qui m'a touchée. D'autres à paraitre bientôt...

Partir le premier sur la route …
(ou L’Espoir)
 
Au large
où les vents pilotent les cyclones
où la face féconde du soir
est large comme un nénuphar
les voiliers sont les yeux du clair de lune
et le chant du marin a des ailes
 
Ô îles lointaines
bulles d’air au gré des alizés
prenez garde
La plaie sourde de l’espoir
est le vaisseau de la découverte
 
Ô îles lointaines
îles rêvées
 
Bonheurs fragiles
 
Sous le vent
le ciel se hérisse de mouettes
et l’œil soudain cueille sur la mer
les voiles sombres de la tourmente
 
Ô espoir
Ô vaisseau fantôme
 
Marcelle Kasprowicz

 le 17 janvier 2022 -  

L'extrait de l'enfant de la falaise de François Coudray a quitté La Une et rejoint le Blog pour faire place à un texte de Martin Payette issu d'une série de sept textes qu'il nous a communiquée recemment.  Heureuse de retrouver Martin et le mix des  ondes contemporaines et sensibles de son style.
Bientôt François Coudray à nouveau et  Marcelle Kasprowicz.  
En attendant, suivre l'actualité d'Anna Jouy dont le dernier livre intitulé Filière de femmes  est sorti aux éditions Sans Escales.  Nous aurons plus à dire sur Anna prochainement.... Affaire à suivre. 

11 janvier 2022 -

et poursuivons l'année comme il se doit avec le billet de Christian Garaud sur Ko Un, poète coréen, et son recueil intitulé Qu'est-ce ? Poèmes zen.  J'aime mais j'aime aussi beaucoup ce que Christian en dit !  Parcece que Christian écrit me parait plein d'une philosophie qui m'anime. 
Évoquant la poésie de Ko Un, il écrit : "..une poésie qui voudrait échapper aux mots " ou encore " ​Ce n’est pas qu’il faut renoncer à l’Illumination. On devra la trouver sans effort dans la vie quotidienne " et puis un peu plus loin Christian compare un poème de Ko Un à une scène dans un court-métrage de Kurosawa : " On y voit un visiteur contemplant un paysage de Van Gogh entrer dans le tableau et se lancer à la poursuite du peintre qui disparaît “au détour de la colline ” ".  Et je me demande souvent si c'est bien cela, la recherche de quelque chose ou de quelqu'un qui se trouverait au détour d'une rue, d'une colline, d'une phrase, si c'est bien cela qui est a l'intersection de la vie et de la poésie, de la chronique et du poème. 
Merci Christian.
Il y a un petit livre que je cherchais depuis longtemps. Il m’avait été signalé par un compte-rendu de La Quinzaine Littéraire il y a une douzaine d’années. Il s’agit de Qu’est-ce? Poèmes Zen, de Ko Un (Préface de Michel Deguy, traduits du coréen par No Mi-Sug et Alain Génetiot, Paris: Maisonneuve et Larose, 2000. Le texte original date de 1991). Eh bien! Je n’ai pas été déçu malgré mon ignorance en matière de bouddhisme zen. A vrai dire, dans le cas de Ko Un qui semble rejeter l’enseignement de la tradition, c’est peut-être un avantage. Quoi qu’il en soit, pourquoi cette attirance pour des poèmes si courts et souvent déconcertants?


Me séduit d’abord l’idée (qui n’est pas neuve) d’une poésie qui voudrait échapper aux mots et qui, se trouvant dans l’impossibilité de le faire, essaie de réduire leur nombre au minimum:


Bushmen


Bushmen de l’Afrique
Une douzaine de mots
Vous suffisent pour toute la vie


Oh vrais Père Fils et Saint-Esprit Bushmen


J’aime aussi l’humour qui me fait parfois hésiter: ai-je affaire à un poème zen ou ou à un poème Dada? Celui-ci par exemple:


Un jour de soleil


Un étron sec
Même pas une mouche
Ici le Nirvâna? Non


Mais j’imagine qu’un Dadaïste aurait plutôt dit: “Ici le Nirvâna? Oui”! Non, Ko Un n’est pas dadaïste, mais beaucoup de ses poèmes  rejettent la tradition monastique (ce qui peut étonner, Ko Un ayant été moine bouddhiste 10 ans dans sa jeunesse). Ainsi, écrit-il, inutile de rester assis à méditer toute la journée:


La salle de zen


Essaye de rester assis non pas un kalpa
Mais dix kalpa
Tu ne verras pas l’Illumination


Amuse-toi avec tes soucis tes illusions et lève-toi


Qu’est-ce qu’un kalpa? Une note éclaire ma lanterne: “Le kalpa désigne en sanscrit une durée infiniment longue […] celle qu’il faudrait par exemple à un homme pour user une montagne en effleurant son sommet avec un tissu fin une fois par siècle”! Le poème tourne en dérision l’enseignement et la pratique des Maîtres qui prétendent montrer la voie à leurs disciples. Ce n’est pas qu’il faut renoncer à l’Illumination. On devra la trouver sans effort dans la vie quotidienne:


Le chemin


Prends ce chemin Il mène au Nirvâna


Pas question
Moi j’irai mon chemin
Sur les rochers ou dans l’eau


Le chemin du Maître est celui du cadavre


Pas d’ascétisme non plus. Une gravure célèbre représente un Lao Tseu hilare sur son buffle. Où a-t-il trouvé la joie? Dans quelques poèmes de Ko Un, la chose est claire:


Un ivrogne


Je n’ai jamais été un individu
Soixante billions de cellules!
Je vis en communauté
Titubant zigzaguant
Soixante billions de cellules ivres!


Il est curieux de voir ces poèmes zen ressembler parfois à des chansons à boire!


L’auberge à la croisée des chemins


Réveille-toi
Comprendre procure de la joie
Il ne peut pas y avoir de tristesse
A dit la route sous la pluie
Quand je l’ai regardée après trois bols de vin
A l’auberge à la croisée des chemins.


Dans le contexte du recueil, c’est moins un éloge de l’ivresse qu’un moyen parmi d’autres de connaître la joie dans le moment présent:


Le vieux Bouddha


Hé Quoi le vieux Bouddha?
Le vieux Bouddha n’est pas le Bouddha
Le vrai Bouddha est un poisson qu’on vient de pêcher
Et qui frétille encore


Et on peut trouver la joie de vivre à des moments qui ne passent pas habituellement pour agréables:


Le moustique


Piqué par un moustique
Merci
Je suis bien vivant
Gratte gratte


Mais les poèmes auxquels je reviens le plus souvent sont ceux qui concernent la nature de la réalité, du temps, de l’espace, de l’identité. Le titre du poème suivant est une célèbre formule qui invite la personne qui médite (ici le moine Taïneng) à voir la réalité de façon à dépasser les apparences sans les nier:    


La montagne est la montagne


La montagne est la montagne
L’eau est l’eau chantait Taïneng
La montagne n’est pas la montagne
L’eau n’est pas l’eau chantait Taïneng
Mange
Si tu as fini de manger va chier


Comme c’est souvent le cas, la fin du poème produit un choc: elle ne permet pas de se perdre dans les nuées! Elle vise à produire un choc brutal entre réalité spéculative et réalité matérielle, lesquelles, en définitive, seraient comme les deux faces du réel.   


Voici maintenant le poème qui a donné son titre au livre de Ko Un, A la question qui lui est posée, que répond la montagne?


L’écho


A la montagne au couchant
Qu’est-ce que tu es?


Qu’est-ce que tu es tu es…


L’individu ne reçoit en réponse que l’écho de sa voix. Il s’égare dans l’espace:


En descendant de la montagne


Tournant la tête
Hein
La montagne d’où je suis descendu n’est plus là
Où suis-je
Le vent d’automne nonchalamment agite la mue d’un serpent


La façon de se situer dans le temps n’est pas moins paradoxale:


Le bébé


Avant ta naissance
Avant ton père
Avant ta mère


Tes balbutiements étaien déjà là


Ce poème me fait penser au haïku de Natsume Soseki:


On New Year’s Day
I long to meet my parents
Before they where born


Nous sommes tous dans la position de la chouette:


La chouette


La chouette en plein jour
Ouvre grand les yeux
Ne voit rien
Attends!
Ta nuit viendra à coup sûr


Attendons!


J’allais m’arrêter là, et puis, non. Ce dernier poème est mon préféré:


Une vision


Les cornes du cerf ont bien poussé
Le vent d’automne s’y est pris
Et ne peut plus bouger


Hé toi qui disparais au détour de la colline


Ce vent d’automne qui ne peut plus bouger, ce personnage soudain interpellé… Monde fantastique qui me fait penser (sans que je sache bien pourquoi) à un des court-métrages de Kurosawa qui figure dans Rêves (1990). On y voit un visiteur contemplant un paysage de Van Gogh entrer dans le tableau et se lancer à la poursuite du peintre qui disparaît “au détour de la colline”.

Christian Garaud. Janvier 2022





4 janvier 2022 -  Commençons l'année comme il se doit en vous la souhaitant douce et belle.  

Et moi, j'aimerais la commencer sur Dailleurs avec les nouvelles des uns et des autres ce mois.  De vous.  
D'abord, François Coudray qui nous adresse ses voeux et nous remet en mémoire (si besoin etait) la merveilleuse initiative Poeclic.  N'hésitez pas à adresser à François vos poèmes en cliquant ici ! 

Je profite donc  de l'occasion pour avoir à la Une un extrait d'un beau texte de François ..... Découvrez-le si vous ne le connaissez pas déjà !
 
Et donnez nous des nouvelles pour ce janvier 2022 qui vous est consacré !


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23 décembre 2021 - 

C'est Florent Toniello qui nous offre sa note de lecture sur Ruban  (Anna Jouy et Valerie J. Harkness - paru chez Rhubarbe). Les autrices se réjouissent... et puis, ce n'est pas souvent, pas souvent du tout que les pilotes de Dailleurs se font un petit cadeau !
​Alors le voici ! Et retrouvez cette note de Florent en cliquant ici ! 
​
C’est une correspondance poétique entre Valérie J. Harkness et Anna Jouy qui a abouti à ce livre. Cet exercice — cette contrainte — peut se décliner de mille manières ; ici, les deux poétesses choisissent de ne pas se répondre de façon explicite, préférant un ruban de sensations qui vont et viennent dans les poèmes sans pour autant constituer des maillons trop enserrés d’une chaîne. Et là réside l’intérêt de ce recueil, qui permet de guetter des thèmes communs, des images récurrentes… toute une construction dont la logique ne se révèle qu’après avoir lu l’ensemble du texte, car d’un texte il s’agit bien. Oui, les poèmes d’Anna présentent peut-être plus de métaphores (« On ne jettera pas de sel sur mon corps gelé »), ceux de Valérie une respiration plus courte et plus haletante (« Il / Faut / Se / Taire / Sur / Le / Secret »), mais, très vite, on oublie qu’on a ici deux voix poétiques et on lit un tout. Miracle de la correspondance entre deux amies, ou miracle de la poésie tout simplement ? Les « hommes bleus » des tout premiers vers vont ainsi se décliner en nuages, en mer — tout un cycle de l’eau qu’on pourra voir également comme cycle du recueil, un des cycles en tout cas : « La pluie est un champ lexical », dans lequel des barques bleues passent de poème en poème, d’autrice en autrice. Au point qu’« Être heureux devrait être bleu ». Pas de narration à proprement parler, plutôt une succession d’images qui campent des situations, des états corporels ou mentaux. Des rêves éveillés qui évacuent le morne quotidien, des silences qui traversent les vers en les ensemençant, pour la suite. On parcourt le ruban des poétesses dans un temps arrêté, où la poésie n’est pas simplement ornementale, mais bien vision quasi incantatoire. Et on voit arriver l’ultime vers en souhaitant ne pas encore se réveiller. Rarement féminin générique aura été aussi justifié à la fin, puisqu’elles et nous sommes désormais liées par Ruban : « Suspendues que nous sommes / À des lèvres ouvertes ».


Valérie J. Harkness et Anna Jouy, Ruban, éditions Rhubarbe, 978-2-37475-066-8

MERCI FLORENT ! 


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19 décembre 2021 - Dailleurs reprend le collier pour de bon à partir de janvier 21 !
​

Envoyez nous vos textes, vos nouvelles, vos idées, vos impressions, tout quoi ! Et Dailleurs fera le tri. 
En attendant , nous vous souhaitons à tous ce qu'il y a de mieux pour l'année qui vient et nous vous proposons pour juste après Noël (petit cadeau !) un beau billet de Florent Toniello sur Jean-Marie Corbusier et son Ordonnance du Réel. 
​
ET nous vous donnerons des nouvelles des uns et des autres...

ET  nous vous souhaitons à tous ce qu'il y a de mieux pour l'année qui vient !




 12 décembre 2021 - je suis décidément très lente !  et je me dis que ce n'est pas forcément une mauvaise chose. 

Voici donc la chronique tant attendue de Christian Garaud sur Osip Mandestam avec A la Une un extrait du poème intitulé Léningrad. 

En relisant le discours  prononcé à Stockholm par Patrick Modiano, prix Nobel de littérature en 2014, j’ai été frappé par le passage suivant:
C’est ainsi que dans ma jeunesse, pour m’aider à écrire, j’essayais de retrouver de vieux annuaires de Paris, surtout ceux où les noms sont répertoriés par rues avec les numéros des immeubles. J’avais l’impression, page après page, d’avoir sous les yeux une radiographie de la ville, mais d’une ville engloutie, comme l’Atlantide, et de respirer l’odeur du temps. À cause des années qui s’étaient écoulées, les seules traces qu’avaient laissées ces milliers et ces milliers d’inconnus, c’était leurs noms, leurs adresses et leurs numéros de téléphone. Quelquefois, un nom disparaissait, d’une année à l’autre. Il y avait quelque chose de vertigineux à feuilleter ces anciens annuaires en pensant que désormais les numéros de téléphone ne répondraient pas. Plus tard, je devais être frappé par les vers d’un poème d’Ossip Mandelstam :
Je suis revenu dans ma ville familière jusqu’aux sanglots
Jusqu’aux ganglions de l’enfance, jusqu’aux nervures sous la peau.


Pétersbourg ! […]
De mes téléphones, tu as les numéros.


Pétersbourg ! J’ai les adresses d’autrefois
Où je reconnais les morts à leurs voix.


Je comprends très bien le sentiment exprimé par Modiano. Les annuaires par rues avec les numéros des immeubles ont disparu depuis belle lurette et je le regrette. J’aimais les feuilleter, moi aussi. L’information qu’ils donnaient est maintenant disponible au moyen de quelques manipulations sur la toile. Ce n’est pas la même chose. Comment feuilleter l’internet? On ne peut plus flâner au hasard des rues. Les recherches doivent être ciblées. Cela dit, Modiano m’a donné envie de lire tout le poème de Mandelstam. Quel poème!. Le voici tiré de Tristia et autres poèmes, Choisis et traduits du russe par François Kerel, Poésie/Gallimard, 1982. (Tristia est le titre choisi par Mandelstam pour le recueil de poèmes qu’il a publié en 1922. C’est aussi le titre d’une oeuvre d’Ovide, autre poète victime du pouvoir politique et mort en exil).
Leningrad

Je suis revenu dans ma ville familière jusqu’aux sanglots,
Jusqu’aux ganglions de l'enfance,jusqu’aux nervures sous la peau.

Tu es de retour, avale donc d’un trait
L’huile de foie de morue des lanternes de Leningrad sur les quais!

Le petit jour de décembre, reconnais-le bien vite
Au jaune d’oeuf dissous dans le goudron sinistre.

Petersbourg! je ne veux pas encore mourir!
De mes téléphones, tu as les numéros.

Petersbourg! J’ai les adresses d’autrefois
Où je reconnais les morts à leurs voix.

J’habite l’escalier de service et la sonnette
Arrachée avec la chair tinte dans ma tête.

Et toute la nuit jusqu’à l’aube j’attends les hôtes chers
Et les chainettes de la porte cliquettent comme des fers.

Décembre 1930, Leningrad

Saint-Petersbourg a changé de nom en 1924 et gardera le nom de Leningrad jusqu’en 1991. En 1930, le poète a 33 ans, et c’est pour lui comme s’il y avait deux villes. Il y a la  Leningrad où il se trouve et dont le nom évoque un régime politique qu’il ne cessera de critiquer jusqu’à sa mort. Saint-Petersbourg, en revanche, c’est le nom de la vills de son enfance, de son adolescence, de sa jeunesse. Quelle force dans l’expression de son émotion en retrouvant la ville qu’il connaissait si bien! Mais ce ne sont pas de joyeuses retrouvailles. Tout de suite plane une menace de prison et de mort. C’est que le poète est déjà mal vu par le régime de Staline. Cela n’empêchera pas Mandelstam d’écrire les distiques suivants à l’automne 1933:


Distiques sur Staline

Nous vivons sans sentir sous nos pieds de pays,
Et l’on ne parle plus que dans un chuchotis.

Si jamais l’on rencontre l’ombre d’un bavard
On parle du Kremlin et du fier montagnard.

Il a les doigts épais et gras comme des vers,
Et des mots d’un quintal précis comme des fers.

Quand sa moustache rit, on dirait des cafards,
Ses grosses bottes sont pareilles à des phares.

Les chefs grouillent autour de lui - la nuque frêle.
Lui, parmi ces nabots, se joue de tant de zèle.

L’un siffle, un autre miaule, un autre encore geint -
Lui seul pointe l’index, lui seul tape du poing.

Il forge des chaînes, décret après décret…
Dans les yeux, dans le front, le ventre et le portrait.

De tout supplice sa lippe se régale.
Le Géorgien a le torse martial.

Novembre 1933


Le poème ne fut pas publié, mais sans doute circula-t-il sous le manteau. La police en eut connaissance et arrêta Mandelstam début de l’année suivante. Emprisonnement, torture, exil, déportation dans un camp de travaux forcés, Mandelstam n’échappera pas à la vindicte du régime stalinien. Un jour, il écrivit ironiquement à ses amis Akhmatova et Pasternak: « Je suppose que je ne devrais pas me plaindre. J'ai la chance de vivre dans un pays où la poésie compte. On tue des gens parce qu'ils en lisent, parce qu'ils en écrivent. » Il fut de ces poètes qu’on tue: il mourut en captivité en décembre 1938 dans un camp de transit à Vladivostok.

Merci Christian.



A2 octobre 2021 - Les nouvelles de Dailleurs ! 

D'abord j'ai eu la joie de recevoir la chronique de Christian Garaud sur le poète russe Osip Mandestam (à paraître sur Dailleurs d'ici quelques jours....Patience ! ).
.....
Nous vivons sans sentir sous nos pieds de pays,

Et l’on ne parle plus que dans un chuchotis.
....

Ces quelques vers de Mandestam nous rappellent (si besoin est ! ) l'importance, la valeur, le poids de l'expression, artistique, poétique, politique  ! Merci Christian

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Et puis, par le courrier postal, le beau livre de Florent Toniello (Vidée vers la mer pleine ) dont un extrait figure A la Une plus haut.  Un régal, ce voyage sautillant et pourtant lourd de sens et de profondeur. Mais chez Florent, on se garde bien de donner dans la tragédie larmoyante même si l'on perçoit les reflets d'une réalité sociale effrayante.  
....
Nous vous rappelons que
le soleil est certes jaune
le ciel peut bien être bleu
et la chlorophylle verte 
mais que votre vérité n'est ici que la vôtre 
et que votre carte de crédit expirera dans un mois. 
...


Il faut dire que pour Florent, il y a l'isolement, la condition humaine et sociale mais il y a aussi ce côté funky qui plait, une grande humanité, le voyage et le rêve !

...
il n'y a sur le chemin de montagne
personne d'autre que moi à part
cette marmotte qui siffle mon intrusion.

...
Merci Florent ! 

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Enfin, d'autres nouvelles des uns et des autres dont Sandrine Daraut dont l'avis de publication d'un de ses calligrammes sur La Page Blanche figure ici !  
Des envois de poètes qui souhaitent rejoindre Dailleurs. Nous vous en remercions et nous vous répondrons d'ici fin janvier 2022.

Et pour finir, la parution chez Rhubarbe du petit dernier d'Anna Jouy et de Valerie J. Harkness intitulé Ruban.  

On revient avec photos, chroniques et tout... sur toutes ces nouvelles et d'autres dans les semaines à venir  !
A bientôt ! 


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2 octobre 2021 - Florent Toniello nous offre son billet sur Lignes de partage (Éditions Bruno Doucey), une anthologie établie par Jean Portante et rassemblant les travaux de 22 poètes du Luxembourg. J'aime beaucoup (entre autres choses) le côté multiculturel/multilingue du recueil qui invite au voyage et aux découvertes.

***

Lignes de partage : 22 poètes du Luxembourg, anthologie sous la direction de Jean Portante
éditions Bruno Doucey
 
Cet ouvrage « vient réparer une injustice », écrit Jean Portante dans son avant-dire. Une injustice, vraiment ? Eh bien oui, après tout : jamais encore un tel panorama de poètes luxembourgeois contemporains n’avait été publié dans le monde francophone, et chez un éditeur faisant partie des incontournables en poésie, de surcroît. D’abord conçu comme le compagnon d’un 38e Marché de la poésie de Paris (en juin 2021) qui aurait eu pour invité d’honneur le grand-duché, le livre n’a pas été reporté à juin 2022 comme la mise à l’honneur dudit grand-duché ; il est sorti juste avant l’été, comme prévu. Raison de plus pour en parler : le lire, c’est non seulement faire de belles découvertes pour qui ne connaît pas (bien) la poésie luxembourgeoise contemporaine, mais c’est aussi se préparer à une édition 2022 du Marché de la poésie qui, espérons-le, sera mémorable.
 
Impossible dans une chronique de rendre compte de la diversité des voix incluses, bien sûr. Notons alors quelques évidences : d’abord, ce sont là, par choix, 22 poètes vivants qui sont rassemblés, à l’exception d’Émile Hemmen décédé quelques semaines avant la finalisation de l’ouvrage ; et puis celles et ceux qui n’écrivent pas en français sont traduits par Jean Portante, le premier texte de leur contribution figurant en version bilingue, afin de ne pas occulter cette particularité du Luxembourg qui est de produire une littérature en plusieurs langues. Le français, donc, mais aussi l’allemand – autre langue administrative du pays. Le luxembourgeois, langue nationale et administrative également, ne se voit pas ici utilisé ; mais les jeunes générations s’emparent maintenant de cette langue plus orale et dans l’ombre de ses voisines qui donnent accès à un public plus large, aussi la prochaine anthologie (prenons date !) y viendra-t-elle certainement. L’anglais est bien présent par contre, ne serait-ce que par les poèmes de l’Américano-Luxembourgeois Pierre Joris, compagnon de route de la Beat Generation notamment et plus connu aux États-Unis que dans son pays d’origine.
 
Si les lecteurs et lectrices francophones auront sans nul doute entendu parler d’Anise Koltz, de Jean Portante ou de Lambert Schlechter, ils et elles pourront se réjouir de découvrir en français les textes filiformes et aérés de René Welter ou les profondes émotions d’Hélène Tyrtoff. En allemand, on se délectera des vers ciselés d’Ulrike Bail, récente récipiendaire du prix Servais (le plus important prix littéraire luxembourgeois annuel), ou bien de l’humour à froid de Guy Helminger, tandis que la benjamine de l’anthologie, Anna Leader (née en 1996), assurera depuis l'anglais une vue sur la relève avec ses poèmes ancrés dans une époque parfois anxiogène pour la jeunesse… qui ne renonce pourtant en rien au bonheur. Il faudrait parler de chacun, de chacune, de tous et de toutes. Mais au fond, ce serait contraire à l’intention d’une telle anthologie, qui ne se lit pas de bout en bout, mais dans laquelle on peut picorer son poème, ses poèmes quotidiens, pour capter un peu de l’essence littéraire d’un pays singulier par son rapport aux langues, entre autres. Oubliée la place financière ; place à la poésie plutôt, et c’est très bien comme ça ! Alors tout de même, citons les 22 poètes qui figurent au sommaire de ce livre que quiconque apprécie ce site et ses objectifs ne pourra que priser : Ulrike Bail, Serge Basso de March, Guy Helminger, Nico Helminger, Émile Hemmen, Pierre Joris, Anise Koltz, Anna Leader, Carla Lucarelli, Tom Nisse, Jean Portante, Tom Reisen, Léon Rinaldetti, Nathalie Ronvaux, Lambert Schlechter, Elise Schmit, André Simoncini, Michèle Thoma, Florent Toniello, Hélène Tyrtoff, Luc van den Bossche, René Welter.
 
Une vidéo de présentation de l’anthologie lors du dernier festival en ligne FAIM !, avec l’anthologiste Jean Portante : https://www.facebook.com/watch/?ref=search&v=513948876323015
 
*
 
Un poème de Guy Helminger, traduit de l’allemand par Jean Portante :
 
Un jour j’ai brûlé un poème d’amour
ai répandu les cendres dans la mer

 
Des bribes en étaient collées plus tard sur la plage
comme si les mots cherchaient le lieu

 
dans le sable où tu t’étais allongée
Les surfeurs imitaient des scènes de notre

 
passé en riant Quelques minutes plus tard
le jour se dissolvait ironique

 
mosaïque de bouts de papier comme si j’avais
déchiré une à une chaque seconde

 
La mer tendait son ardoise à la lumière
du soir et j’ai pensé à la

 
robe à paillettes du premier soir


​MERCI FLORENT ! 





Et moi, infime créature,
grisé par le grand vide
constellé,
à l'instar, à l'image
du mystère,
je me sentis pure partie
de l'abîme,
je roulai avec les étoiles,
mon coeur se dénoua dans le vent.

Pablo Néruda
Extrait - Mémorial de l'Île Noire, 1964

2 octobre 2021 - Christian Garaud dévoile l'automne de Dailleurs. Nous parle de Tatiana Chtcherbina (que j'ai eu plaisir à découvrir).  Sa poésie, vive et sensible à la fois, nous emporte par son rythme, sa passion.

​Et la pensée ravive les flammes,
puis les apaise à nouveau, clamant la paix,
le délai est repoussé, les pensées galopent
seules, tel un cheval désorienté.

Merci Christian ! 

Tatiana Chtcherbina

​Antivirus? Non, ce n’est pas l’oeuvre d’un biologiste en quête d’un vaccin. Ça n’a rien à voir avec le Covid 19. C’est le titre d’un recueil de poèmes de Tatiana Chtcherbina (ou: Shcherbina) née à Moscou en 1954. Le livre a été publié en 2005 par deux éditeurs associés pour l’occasion: Ecrits des Forges (Québec) et Editions l’idée bleue (France). Tatiana Chtcherbina a écrit des poèmes en français, mais Antivirus a été écrit en russe et traduit par Christine Zeytounian-Beloüs. Tatiana (qu’elle me pardonne cette familiarité: aux Etats-Unis, on s’appelle tout de suite par son prénom!), Tatiana, donc, a beaucoup écrit (poésie, roman, théâtre, essai), beaucoup voyagé (elle a habité Paris plusieurs années) et ses livres ont été traduits en de nombreuses langues. Je ne connais de son oeuvre que ce livre et il vaut le détour. Le titre est celui du poème que voici:


Antivirus


Sans écouter la commande “couché”,
les pensées devancent les faits, vite, vite, vite,
elles s’élancent, impatientes, s’installent à la place
des événements, contemplant l’Orient,
la pensée galope jusqu’à la ville d’Ariel,
à la source du conflit cracheur de feu,
où seules des étincelles crépitent
parmi les vieilles pierres incandescentes.
Et la pensée ravive les flammes,
puis les apaise à nouveau, clamant la paix,
le délai est repoussé, les pensées galopent
seules, tel un cheval désorienté.
Que demander, le triomphe des gens libres,
des privilégiés, de la crême du monde,
qui ne savent plus aimer leurs semblables?
Ou souhaiter la victoire de ceux qui prétendent
connaître la loi universelle: la Torah?
Ils interprètent le chemin du paradis
comme une lutte sanglante avec le Coran
qui préfère la vie à l’épidémie.
Et la fièvre aphteuse qui extermine les porcs.
Quant à moi, j’enlace mon ordinateur
où les sites couinent à qui mieux mieux,
où un logiciel efficace bondit à la poursuite
de tous les virus quels qu’ils soient.


Ce poème, parmi d’autres dans le recueil, examine la nature complexe, voire contradictoire, de  nos rapports avec l’ordinateur. L’ordinateur obéit: c’est une machine. Mais que fait la pensée des informations qu’il diffuse? La pensée n’est pas une machine (jusqu’à preuve du contraire). On ne peut pas cliquer pour l’arrêter. Et elle continue à être agitée par les nouvelles concernant le conflit israélo-palestinien. La ville d’Ariel, colonie israélienne en Cisjordanie fondée en 1978, a souvent été le théâtre de violences. Mais à quoi servent ces informations? Impossible de prendre parti pour les uns ou pour les autres. D’un autre côté, “j’enlace mon ordinateur” suggère (ironiquenent) une relation affective (sinon affectueuse) avec l’appareil. Image forte reprise dans un autre poème:


Enlacement


Quel plaisir d’étreindre son ordinateur.
C’est mieux que d’enlacer un idiot.
L’écrivain enlace ses héros. Enlacer:
geste stupide, agiter les bras pour saisir.
L’ordinateur tendrement te caresse avec ses touches,
il ferme les yeux et plante langoureusement,
comme si tu te déshabillais déjà,
Soudain, il grogne et se met à gémir
lorsque tu le relances. Je lui envoie
des bouquets de lettres en Times New Roman,
il les compresse, les range dans des dossiers
et rayonne d’un écran satisfait.


J’aime bien cette personnification de l’ordinateur qui suggère la possibilité d’avoir avec lui des rapports inattendus. Le voici domestique obéissant, secrétaire efficace et même amant doué pour les caresses, un amant qui connaît même la petite mort puisqu’il lui arrive de “planter langoureusement” (oublieux ou ignorant, j’ai dû consulter le dictionnaire: un des sens du mot “planter” est “cesser de fonctionner”). Dans d’autres poèmes, Tatiana énumère les effets néfastes de l’invention de la toile si rapidement mise à la disposition de tout un chacun:   


Ru.net


Il n’y a plus de Russie en ce monde,
mais un nouveau pays: ru.net.
L’alphabet cyrillique s’est éclipsé,
les villes et les régions ont disparu,
notre nouvelle capitale: www.
Les sites sont autant de localités:
de tout poil, certaines plus peuplées
où chaque kilo-octet chargé de news bondit,
certaines bâties de gratte-ciels: portail
aux vitraux de bannières chamarrées,
d’autres compromettantes: montagnes
où des rebelles se battent au couteau.
Cités fantômes, sites inhabités,
abandonnés. Plages où bronze
tout un chacun comme un cornichon
marinant dans son jus. Forums
où l’on se glisse pour clavarder,
à la recherche d’une continuité.
Le pirate informatique envoie des bombes
par courriel, suspendu à la toile
dont les liens se multiplient,
où il ne reste plus de trous.
C’est ainsi qu’on vit en ru.net,
les souris cliquent des talons,
dégustant gratis leur fromage.
C’est la fin du règne géographique.
nous sommes hébergés
dans un bal historique
où l’univers s’isole en ermite
dans une boîte avec écran;
nous jonglons seul à seul avec lui,
hors de la société où tous jouaient
à la guerre et aux embouteillages.


Ce constat pessimiste ne se limite pas à la toile. L’ironie pessimiste de Tatiana l’élargit et l’étend à tous les aspects de notre vie:


Comment une vie normale peut-elle
devenir intolérable pendant si longtemps?
Vois, camarade Dieu, rien n’est plus comme avant,
le temps, l’écologie, les hommes.
Et jusqu’aux aboiements des chiens ont changé,
qui jadis mélodieux évoquaient Beethoven ou Chopin,
quand l’herbe incitait à l’amour:
c’était de l’herbe alors, pas du séné!
Mon Dieu, tu n’es plus mien, serais-tu donc
passé à l’ennemi, toi qui n’es plus des nôtres?
Quant à nous, ce n’est pas du blabla,
plus va la troupe aux bois, plus les loups hurlent fort.


On comprend, dans ces conditions, qu’il soit tentant de se réconforter en enlaçant son ordinateur. Le “camarade Dieu” (!) n’a pas fait du bon travail (Tatiana a passé sa jeunesse en URSS). Communisme mis à part, Chesterton estimait que rien ne ressemblait à une erreur comme la réalité. Tatiana semble d’accord avec lui. Mais nous sommes en 2021: est-ce bien prudent, en période de pandémie, d’enlacer quoi que ce soit?


Christian Garaud 
11 janvier 2021 -  Merci à toutes et à tous pour vos gentils et généreux messages en ce début d'année 2021.  A mon tour, je vous souhaite le meilleur sur tous les plans.  
Je dois cependant ajouter qu'ayant perdu l'amour de ma vie, je n'ai pour le moment pas la volonté de piloter le site de Dailleurspoésie.  Je ressens le besoin  de me consacrer à mon "travail" de deuil.  Dailleurspoésie devra attendre le Printemps.
Nous vous retrouverons donc en avril. En attendant, portez vous bien. 

6 décembre 2020 - L'équipe de Dailleurspoésie vous retrouvera en janvier 2021 qui sera, nous l'espérons tous, une bien meilleure année que celle-ci.
Merci pour votre loyauté, votre amour de la poésie. 
A bientôt
22 novembre 2020 - Envie du sud, de poésie et de ce qui a du sens. 

Je relis un poème de Pablo Néruda même si je le connais presque par coeur. 

Et ce fut à cet âge ....La poésie
vint me chercher.
Je ne sais pas, je ne sais d'où

elle surgit, de l'hiver ou du fleuve.
Je ne sais ni comment ni quand,
non, ce n'étaient pas des voix, ce n'étaient pas
des mots, ni le silence:
d'une rue elle me hélait,
des branches de la nuit,
soudain parmi les autres,
parmi des feux violents
ou dans le retour solitaire,
sans visage elle était là
et me touchait.

Je ne savais que dire, ma bouche

ne savait pas
nommer,
mes yeux étaient aveugles,
et quelque chose cognait dans mon âme,
fièvre ou ailes perdues,
je me formai seul peu à peu,
déchiffrant
cette brûlure,
et j'écrivis la première ligne confuse,
confuse, sans corps, pure
ânerie,
pur savoir
de celui-là qui ne sait rien,
et je vis tout à coup
le ciel
égrené
et ouvert,
des planètes,
des plantations vibrantes,
l'ombre perforée,

criblée
de flèches, de feu et de fleurs,
la nuit qui roule et qui écrase, l'univers.

Et moi, infime créature,
grisé par le grand vide
constellé,
à l'instar, à l'image
du mystère,
je me sentis pure partie
de l'abîme,
je roulai avec les étoiles,
mon coeur se dénoua dans le vent.

(Mémorial de l'Île Noire, 1964)






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15 novembre 2020 - Katia Bouchoueva rejoint les poètes Dailleurs. 
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Voici une nouvelle qui fait plaisir parce que nous l'aimons bien, Katia, et nous aimons ses poèmes, son dynamisme, son envie de tout dire sur tout. Sur plein de choses qui l'entourent et qui nous touchent d'autant plus que nous les connaissons bien, ces choses-la.  Alors, on l'écoute ou on la lit et on a envie de lui dire "continue" parce qu'on a le sentiment de partager quelque chose avec elle. Vraiment. 

Alors pour découvrir ou connaitre un peu mieux cette autrice d'origine russe qui nous parle si bien de la France, cliquez ici et/ou lisez la chronique de Florent un peu plus bas sur la page d'accueil. 




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8 novembre 2020 - J'ai dans les mains le numéro 19 de L'intranquille.

Bel ouvrage que je recommande à nos lecteurs. On y trouve, entre autres discussions, celle. très intéressante, sur la démarche "ouverte" voire "plasticienne" de James Joyce et donc des traductions offertes de son oeuvre. 
J'ai beaucoup aimé le poème du jour No116 d'Olga Sedakova intitulé Ballade des jardins qui figure À la Une de cette page d'accueil.
Anna Jouy (merci Anna) nous propose ci-dessous sa lecture de ce dernier numéro de L'intranquille que vous pouvez vous procurer en cliquant ici. 

*****

La revue de littérature L’Intranquille sort cet automne son 19 ème  numéro avec en couverture une œuvre d’Arnaud Martin « celui qui m’emporte » particulièrement forte et propre à vous donner le désir d’une revue qui emporterait. Un oiseau criard enlevant (élevant ?) une chrysalide humaine engainée de mort.
Révolution animale est le thème proposé aux auteur-trices pour cette parution. Le cahier central contenant des textes de onze poètes saisit le sujet de tous côtés. Avec tout de même une communauté d’approche intérieure de la « bêtise ». Celle-ci y apparait tantôt comme porteuse d’une sagesse...
Baleine se laisse tuer n’est pas en guerre ne coupe pas de têtes, n’organise aucun massacre, baleine ne revendique rien même pas la vie (Albane Gellé)
...ou d’une liberté que l’homme ne peut que lui envier, tantôt comme le contre miroir d’un homme qui a jeté sa part animale pour engraisser cette humanité de la pire espèce.
Ils ne savent quoi/ l’apex prédateur est bête mâle/métal/robuste /tout son lustre/un monstre  (Marc Antoine Graziani)
Les poètes contemplent aussi ce monde, source d’enseignements ; ils évoquent des images, des paraboles des bêtes parfois avec une nostalgie née de la mort de tout, ce que l’animal ne saurait connaître.
Brutalement soudainement/J’ai retrouvé le souvenir de loups rencontrés/Il y a mille ans  (Marie -Claude San Juan )
Ou encore ils travestissent l’homme du masque des bêtes féroces, prédatrices et le grand cirque de la vie prend alors des allures désespérantes.
Crocodile pleure/Je m’approche de lui /Pour le consoler/Il me mange
Hyène fait semblant de vomir...
Morse vache marine /mord les hommes/ se jette sur lui /l’étrangle/ le mange  (Aline Recoura)
 
Des textes qui charbonnent leur feu, des murmures tournoyants, des proses inquiètes, des rêveries.
Il nous faut plus de mots/ pour mener les animaux de la pluie/ qui tapotent anxieux / contre nos carreaux/
Nous faisons battre les pages de nos livres/ les ailes par centaines d’une bête archaïque (Yekta)
Détonnante, cette délicieuse prise de tête qu’est la Céphalopédie de Cédric Lerible qui aborde le sujet par le mot et ses mutations.
Pieuvre d’achat. Pieuvre d’une opération faire la pieuvre pas neuf. Pieuvre par l’absurde Cédric Lerible
Un cahier qui se clôt avec l’humour impeccable et bien saignant de Aldo Qureshi sous la forme de petites histoires cruelles.
L’ensemble rapporte avec bonheur cette intériorisation, l’animal qui surgit en soi, corps ou esprit. L’aspect révolution proposé également, manque cependant à la promesse du sujet. Sauf à laisser mûrir les réflexions post lecture bien entendu ce qui ne saurait manquer
Auteurs- trices : Albane Gellée, Marc Antoine Graziani, Paul Dalmas -Alfonsi, Cédric Lerible, Adeline Baldacchino, Aline Recoura, Yekta, Céline de-Saër, Marie-Claude San Juan, Mona Messine, Aldo Qureshi
 
La revue propose également une étude sur la traduction de Joyce, extraite d’un travail de Nathalie Barrié, qui permet de découvrir à la fois la rigueur et la marge d’interprétation qu’une traduction autorise. Ainsi l’approche d’un auteur traduit se faisant au travers de ce filtre humain, on pourra avoir des visions assez différentes d’un ouvrage selon sa traduction. Les exemples fournis dans cet extrait sont significatifs et frappants.  On appréciera aussi l’entretien avec Patrick Quillier, traducteur de Pessoa.
De plus deux poètes irlandaises Annemarie NÍ Churréain et Marie O’ Malley sont à découvrir en traduction, la version anglaise de leurs poèmes en vis-à-vis, ce qui nous permet de tenter l’aventure de notre propre version.  
La seconde partie de la revue offre un espace pour des auteurs à connaître. Ecritures singulières qui surgissent et travaillent à la révolution humaine.Naturellement.

Anna Jouy - novembre 2020
 




2 novembre 2020 - la poésie pour penser aux autres ailleurs...

Sandrine Daraut nous fait part d'une parution pleine de bonnes intentions.   Un ouvrage collectif aux éditions Stellamaris,  recueil de textes sur le thème de l'enfance dont les auteurs reverseront leurs droits  à une association caritative oeuvrant pour la scolarisation des enfants à Madagascar.  Cliquez ici pour en savoir plus. 

Michelle Kupelian nous adresse des textes de Beirouth où elle vit près du port.  En voici un qui nous émeut. 


De mort vivre
Farder visage
Exciser paupières
Dilater pupilles
Murs géants
transparents.
Coups de pioche donner
Entendre ton rire
Dépêcher corps
Enraciner pieds
Creuser profond
et profond encore.
Toucher néant
Tomber dedans.​


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25 octobre 2020 -  Le billet de Florent Toniello sur le dernier recueil de Katia Bouchoueva : Doucement

Je l'ai dit plusieurs fois : nous sommes gâtés chez Dailleurs ! Des 4 coins du monde, on nous écrit. Aux 4 coins du monde, on lit les textes de nos poètes et les billets de nos chroniqueurs. 
Aujourd'hui, l'autrice est Katia Bouchoueva et le chroniqueur, Florent Toniello. Un doublé de talent.

Nb: à noter que (i) on retrouvera Katia très prochainement puisqu'elle rejoint les poètes Dailleurs - bienvenue Katia, et (ii) les billets de Florent sont à découvrir ou re-découvrir en cliquant ici ! 
 

Katia Bouchoueva : Doucement (!)
éditions publie.net
 
Comme une petite musique qui reste dans la tête ; comme une chanson qui susurre discrètement ses accords et ses paroles en arrière-fond. Tel est le recueil Doucement (!), de Katia Bouchoueva − et cette petite musique, c’est celle de Douce France, de Charles Trenet. L’autrice ne l’a probablement pas entendue dans son enfance, puisqu’elle est née à Moscou, mais on peut imaginer que le thème la berce depuis qu’elle a rejoint l’Hexagone en 2002, plus précisément à Grenoble (où « Déborde l’Isère, / soupire la montagne »). Nostalgie d’une époque qu’elle n’a pas connue, ou si peu ? Tant mieux : le petit côté franchouillard de la rengaine pourrait en lasser plus d’une ou plus d’un, mais ce qu’en fait Katia la dépoussière un peu et l’actualise beaucoup : sophistiqués dans le rythme, modernes dans l’écriture mais profonds et sincères dans les sentiments, ses vers flirtent avec la nostalgie comme on se serre dans un bal musette.
Il y a d’abord le rythme, qui ne saurait se satisfaire de régularités ni de rimes. Une scansion qu’il faut entendre de la bouche de l’autrice, mieux : voir. Et justement, c’est l’intérêt de ce recueil chez publie.net, qui offre en plus de l’écrit des liens vers les fichiers audio et vidéo que Katia Bouchoueva a enregistrés pour l’occasion. C’est parti avec, en images, le tout premier poème, « Doudouce » : « Doux et douce, / douce et doux. / Celui qu’on ne voit nulle part / embrasse partout / sous la doudoune rose du coucher de soleil, / continue le chant. » Katia Bouchoueva s’appuie sur les voyelles, les allonge, les utilise comme tremplin pour rebondir, avec force gestes savamment hypnotiques. L’ode à la France se fait ironique lorsqu’elle évoque la « machine ad – mi – ni – stra – ti – ve », puis dans d’autres poèmes se frotte à l’infiniment grand (« Les antennes captent / les signaux provenant des exoplanètes / fraîchement découvertes ») et le local mondialisé (« les signaux provenant des bleds (Pologne, Bretagne, / Auvergne, Martinique, Arménie, Maroc, etc.) »). Chez la poétesse, la France devient un grand tout, un condensé d’ailleurs aux saveurs de terroir. Voilà qui justifie un passage sur D’ailleurs, tiens !
Le livre comporte, comme de bien entendu, des « Refrains » et des chapitres en forme de couplets, qui emmènent notamment en ville ou à la campagne (« Drôme/Ardèche »), mais aussi brossent des portraits (« Progéniture » et « Gens »), dans lesquels se glissent des hommages. Les poèmes sont courts et, on l’a vu, fortement axés sur l’oralité : on gagne à les lire à haute voix. Ce qui est vertigineux, c’est le condensé d’époque que l’autrice parvient à cristalliser en si peu de pages (29 dans mon lecteur numérique, un recueil plutôt fin). De l’écologie à la nostalgie, de l’immigration au fondamentalisme (« Ils sont rentrés de leur week-end en Ardèche / et font maintenant trois bises / à la différence de ceux rentrés de Daesh / qui n’en font plus aucune »), de l’amour au consumérisme (« Comme il était moche-moche / l’homme créé / à partir des vieux tickets de caisse mouillés / du fond de ta poche »), c’est le portrait affûté d’un Hexagone pas idéalisé qui est servi ici. Un Hexagone où tout est encore possible si l’on porte un regard bienveillant et poétique sur les gens, puisque, au fond, ce n’est pas tant de la France qu’il s’agit que de celles et ceux qui la peuplent, quelle que soit leur origine. « Le thé de la France / monte jusqu’au cerveau », nous confie Katia Bouchoueva en guise de conclusion. On laissera donc infuser ce recueil pour mieux en apprécier, à la relecture, les subtilités.

18 octobre 2020 - Envie d'aborder la semaine avec un peu de rêverie.  

Christian Garaud nous offre sa chronique du mois sur Fernando Pessoa qui nous parle de l'oubli de soi dans les choses, dans la nature, de l'intuition et des sens qui nous portent. 
Nous attendons toujours la chronique avec impatience. Merci encore Christian !

Lorsque j’étais professeur au Massachusetts, j’ai souvent été chargé d’essayer d’intéresser des étudiants à l’histoire de France. Il m’est alors arrivé de leur donner à lire le poème suivant au début du cours. Un poème pour commencer un cours d’histoire? Et quel poème! C’était de la provocation.


Plutôt le vol de l’oiseau qui passe sans laisser de trace,
que le passage de l’animal, dont l’empreinte reste sur le sol.
L’oiseau passe et oublie, et c’est ainsi qu’il en doit être.
L’animal, là où il a cessé d’être et qui, partant, ne sert à rien,
montre qu’il y fut naguère, ce qui ne sert à rien non plus.


Le souvenir est une trahison envers la Nature,
parce que la Nature d’hier n’est pas la Nature.
Ce qui fut n’est rien, et se souvenir, c’est ne pas voir.


Passe, oiseau, passe, et apprends-moi à passer!


Je trouvais sans doute que c’était une bonne idée de surprendre les étudiants en leur faisant lire un texte qui suggère l’inutilité de l’histoire, et de les amener ainsi à réfléchir et à prendre parti contre une opinion aussi paradoxale. Mes efforts étaient-ils couronnés de succès? Je n’en sais plus rien. Mais je me rappelle très bien ce poème de Fernando Pessoa (1888-1935), écrit en 1914. C’est le poème XLIII de son recueil Le Gardeur de troupeaux et les autres poèmes d’Alberto Caeiro avec Poésies d’Alvaro de Campo, Gallimard/Poésie, 1987. Voici maintenant le poème qui a donné son titre au recueil (c’est le neuvième):


Je suis un gardeur de troupeaux.
Le troupeau ce sont mes pensées
et mes pensées sont toutes des sensations.
Je pense avec les yeux et avec les oreilles
et avec les mains et avec les pieds
et avec le nez et avec la bouche.


Penser une fleur c’est la voir et la respirer
et manger un fruit c’est en savoir le sens.


C’est pourquoi lorsque par un jour de chaleur
je me sens triste d’en jouir à ce point,
et couche de tout mon long dans l’herbe,
et ferme mes yeux brûlants,
je sens tout mon corps couché dans la réalité,
je suis la vérité et je suis heureux.


En imaginant ce poète, dont les pensées sont des sensations, allongé dans l’herbe par un jour de chaleur, m’est revenu en mémoire une entrée du journal de Jean Paulhan (La vie est pleine de choses redoutables, Textes autobiographiques, Seghers, 1989, Dimanche 3 juillet 1904). Allongé dans l’herbe du bois de Boulogne, Paulhan médite sur les rapports entre l’homme et le Nature:


Mon Dieu, si vous nous regardez toujours, vous devez être bien malheureux. Il faut bien de la volonté pour savoir regarder sans souffrir - et ce serait si bon de se reposer, de s’oublier un peu dans les choses. Mais vous nous punissez si nous voulons nous mêler à elles parce que nous ne sommes que des hommes et nous devons le rester. Elles sont trop grandes et trop banales pour entrer en nous, comme elles sont. Et nous devons trop les penser comme le petit enfant qu’on oblige à bien mâcher la viande, la bonne viande chaude, jusqu’à ce qu’elle n’ait plus de goût.


Mais nous l’avons mâchée maintenant, la Nature. Et il lui est resté quelque chose de sale. On nous disait:” Oui, c’est la grande, la bonne nature, il faut nous jeter contre la terre et l’embrasser et boire son parfum à longs traits”. Mais quelqu’un s’y était roulé avant nous. Vois, mon Dieu, les herbes sont tout aplaties.


Pour Paulhan, la tentation de s’oublier dans les choses existe, mais la pensée reste bien distincte de la sensation. D’ailleurs, le jour suivant, il ironise sur son entrée de la veille:


(Peut-être je voulais surtout être autre chose, à ce moment-là, parce que je venais d’attraper une insolation. M’étant roulé dans l’herbe, au soleil, j’ai eu un évanouisement qui a duré environ trois heures, et c’est au réveil sans doute que j’ai pris ces notes. J’ajoute aujourd’hui ce post-scriptum pour fixer, de la manière qui convient, un événement historique. J’ajouterai même que le matin, j’avais eu une vague indigestion. Mais cela n’ôte rien de leur portée et de leur profondeur aux lignes qui précèdent.)


Pour en revenir à Pessoa, il a créé sous différents noms une oeuvre multiple et complexe que j’avoue ne pas bien connaître. D’après les critiques, Alberto Caeiro incarne la nature et la sagesse païenne (comme on vient de le voir dans ces deux poèmes), Ricardo Reis l’épicurisme, Alvaro de Campos la modernité et la désillusion, et Bernardo Soares un employé de bureau auteur du Livre de l’intranquillité publié au Portugal longtemps après la mort de Pessoa en 1982 (traduction française chez Christian Bourgois en deux volumes en 1988 et 1992). Un critique note que ces “héréronymes littéraires auront une telle force, seront à l’origine d’une création littéraire si unique que l’auteur leur trouvera même à chacun une biographie justifiant leurs différences”, et il cite ce passage d’un poème de Pessoa qui le fait penser au Je est un autre de Rimbaud et au I am large, I contain multitudes de Walt Whitman:


Nombreux sont ceux qui vivent en nous;
Si je pense, si je ressens, j’ignore
Qui est celui qui pense, qui ressent.
Je suis seulement le lieu
Où l’on pense, où l’on ressent…


Il faut que je me procure Le livre de l’intranquillité. Au fait, les éditions Atelier de l’Agneau publient une revue qui a pour titre : L’Intranquille.

Christian Garaud - octobre 2020





9 octobre 2020 - Marcelle Kasprowicz m'envoya il y a quelques années des textes en anglais et en français, rejoignant ainsi les poètes Dailleurs. Et en clôture d'une semaine où les prix Nobel de physique, de chimie et de littérature ont rendu justice aux contributions des femmes, il me semble que Marcelle, de par son talent et son amour des langues et de la littérature, ne pouvait que figurer à la Une de Dailleurs. 
Et j'en rajoute encore avec le texte ci-dessous, Trop tard, qui nous rappelle combien le temps ne nous appartient pas. 

​Trop tard

Sur la mer lisse
du ciel
un voilier blanc
coule à pic
Le vent
transpercé de lumière
se noie dans des remous de vagues
Pour ne pas voir
le soleil
est passé la face au cirage
Les transparences de la chair
sont à crever les yeux
Ton ombre s'éclaircit
quand je m'approche
mais l'attente m'a brisé les doigts

Marcelle Kasprowicz

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26 septembre 2020 - Benoit Jeantet nous rejoint.  
Il a été plus que patient car cela fait déjà quelques lunes qu'il devait figurer dans le groupe sympathique des poètes Dailleurs.  Alors, mille excuses Benoit mais sache que cette attente ne gâche en rien le plaisir de te lire.  
Les textes de Benoit nous parlent de voyage, souvent d'un voyage solitaire (la solitude fait son chemin) comme si les paysages traversés ne changeaient rien à ce sentiment d'impuissance évoqué. 
Pour découvrir ou retrouver Benoit, cliquez ici ! 


21 septembre 2020 - Le billet de Florent Toniello

Voici donc le billet de Florent dont je vous ai parlé début septembre et qui nous plonge dans l'univers de Petr Král, dans ce "quelque chose d’addictif dans la manière de Král".  Ici, il s'agit de Deploiement dont la découverte qu'en fait Florent est rendue ici de manière touchante.  On apprend par exemple que Florent corne les pages de textes qu'il aime, qu'il trouve réussis. Ici, deux sur trois pages sont cornées.  Il y a une sorte d'accord dans la lecture de Florent et l'écriture de Petr Král. Écoutez !

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​Petr Král  : Déploiement
éditions Lurlure

 
À peine Déploiement était-il paru que disparaissait, à 78 ans, le poète tchèque naturalisé français Petr Král. Parti de sa Tchécoslovaquie natale en 1968, il avait posé ses valises en France et en avait adopté la langue pour son travail d’écriture, avant de retourner vivre à Prague en 2006. Si je connaissais son nom et avais probablement parcouru quelques poèmes dans des évocations du surréalisme ici ou là, je n’avais jamais encore lu de recueil complet de lui. Aussi la découverte de Déploiement a-t-elle été une expérience troublante : les vers d’un poète qui vient de mourir, qui livre son dernier témoignage écrit, c’est tout de même quelque chose.
 
Et puis, il faut le souligner, il y a quelque chose d’addictif dans la manière de Král. Comment la caractériser ? Alain Roussel, sur la quatrième de couverture, y réussit dès la première phrase en constatant que le poète « s’attache au moindre détail du monde réel ». Lisons les premiers vers d’« À présent », par exemple : « Une gelée rien d’autre ne tremblait la nuit / entre les murs d’un palais douteux / Un paquet de cigarettes écrasé ressemble de façon frappante / au dernier modèle de portable / (et vice versa) ». Il faut un regard de poète pour s’attarder ainsi sur un déchet et le relier à notre civilisation hyperconnectée, plutôt que de l’ignorer et de justement lorgner sur son portable ; il faut un regard de poète pour injecter cette étrange gelée dans la strophe : est-elle glacée ? est-ce un blurb extraterrestre envahisseur ? Et puis l’adjectif qui instaure une ambiance : le palais est douteux. Et qui lit ces vers doute, maintenant. Le regard forge la poésie, et les mots se mettent à son service. Pas pour dire le réel, mais pour le réinventer, comme il se doit.
 
Si l’on me permet une légère digression technique, j’aimerais préciser que, dans les recueils que je lis, je corne les pages des poèmes que je trouve particulièrement marquants ou réussis. Une façon de pouvoir relire directement les textes qui me procureront des émotions immédiates, soit dès la fin du livre, soit quelque temps après. Dans Déploiement, deux pages sur trois sont cornées ! Parce que non seulement Král sait affûter son regard et sa plume concomitamment, mais il se renouvelle aussi. Il y a bien sûr des balançoires et des oiseaux : l'écrivain ne rechigne pas à s’approprier les clichés poétiques, mais évidemment les tourne et les retourne, les aplatit et les cabosse. Mais dans la grande ville, « le jaune d’un œuf nous regarde du fond de sa coque » et on parle de chiffons, de « dentiers rayonnants » (des dentiers rayonnants, vraiment, quelle trouvaille ! – le surréalisme fait sentir son influence), de tuyaux d’arrosage, etc. Tout est poésie, tout est langage.
 
Et Král de passer l’actualité à la moulinette, sans se refuser le gentil sarcasme ni la dérision : « Des feuilles de laitue fanées brodées par la fusillade lointaine / rendent nostalgiques les dames de Vienne les bras grands ouverts elles se ruent vers la gare / pour accueillir les immigrants chacune d’elle impatiente d’emmener et de gaver / à la maison un terroriste personnel ». Sacré Petr Král, qui heureusement dans son entreprise poétique de découverte des détails du monde qui passent inaperçus au commun des mortels (ou aux mortels qui n’ont pas de goût pour la poésie, ça leur apprendra !) peut compter sur « un barman de roman anglais » à sa disposition. Avec lui, il s’entretient de l’opéra et évoque « le poème de D’Annunzio sur la pluie qui chuinte dans une pinède » (curieuses et curieux, le voici en version originale : « La pioggia nel pineto »). Et avec nous qui le lisons, il s’entretient de la vie incongrue, inattendue ou palpitante des objets. « Avant le départ amenez-moi le machiniste / j’ai un mot à lui dire » : espérons qu’avant le grand départ, il a pu lui parler.

Florent Toniello 
(nous retrouverons ce billet sur la page de Florent très bientôt)


16 septembre 2020 - Martin Payette à la Une.
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Martin 
nous a adressé quelques textes parmi lesquels il était fort difficile d'en choisir un pour la Une. C'est donc Tour de magie improbable que nous avons sélectionné. Les ouvriers du sable m'ont séduite tant je voyagerais volontiers vers ces horizons bloqués.
Et puis nous parlerons de Benoit Jeantet qui nous rejoindra dans notre club Dailleurs.  Et bien entendu, nous retrouverons Florent pour sa chronique. 
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11 septembre 2020.  Jean le Boël à l'honneur.

L'équipe de Dailleurs est heureuse d'annoncer (avec du retard et nos excuses) que l'un de ses parrains, Jean le Boël, a remporté le Prix 2020 de l'Académie Mallarmé avec son jusqu'au jour. 
Jean nous a écrit en juillet dernier : "
Je viens d'apprendre que l'Académie Mallarmé avait fait de
jusqu'au jour le lauréat de son Prix 2020. Je n'osais pas l'espérer compte tenu des autres livres engagés et je suis ému de cette marque de confiance."
Nous sommes émus aussi Jean et nous te félicitons.




4 septembre 2020.  La chronique de Christian Garaud - Attila József.

Allez, prenons la rentrée en beauté avec la passion, la fougue et le talent d'Attila József dont le portrait est dressé par Christian Garaud ci-dessous.  Nous retrouverons un des textes de József à la Une la semaine prochaine.  En attendant, prenons le temps de le retrouver ou de le découvrir. 
Merci Christian.

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Un des poètes hongrois les plus connus est Attila József. Je ne fais moi-même que le découvrir grâce à l’Anthologie de la poésie hongroise du XIIème siècle à nos jours, (Seuil, 1962) dont un ami m’a fait cadeau. Cette anthologie a ceci de particulier que les poèmes sont traduits en français par des poètes.


J’ouvre une parenthèse. Le prénom Attila m’a surpris et m’a fait penser à la pièce (et au film) Le prénom où le choix d’Adolphe comme prénom pour un bébé à naître, choix fait en plaisantant, rend une soirée entre amis plus que mouvementée. Comment affubler son fils d’un prénom qui fait aujourd’hui penser à Adolphe Hitler plus qu’au roman de Benjamin Constant? Je ne sais quel sera l’avenir d’Adolphe. En ce qui concerne Attila, le roi des Huns est devenu au cours des siècles un personnage mythique dont le prénom est encore courant en Hongrie aujourd’hui. Google m’apprend que, depuis 2003, le prénom Attila a été donné à 10 964 garçons dans le pays. Fermons la parenthèse.


Né à Budapest en 1905 et mort à 32 ans au bord du lac Balaton, Attila József n’a pas eu une vie facile. Après le départ de son père qui abandonna femme et enfants alors qu’il n’avait que trois ans, la famille vécut grâce au travail de sa mère qui était lingère. Comme on va le voir, il évoque le  souvenir de sa mère dans des poèmes émouvants. Une amie hongroise me dit qu’elle les a appris par coeur à l’école.   


Ma Mère


Je la vois, tenant son bol à deux mains,
Le soir tombait, c’était dimanche.
Elle souriait en silence,
Assise un peu dans la pénombre.


Elle apportait, de chez son Excellence,
Une assiettée, tout son dîner.
Nous nous couchions et je songeais
Qu’eux en mangeaient une marmite.


C’était ma mère, mince et bientôt morte,
Car les laveuses meurent jeunes.
Leur corps tremble sous les fardeaux,
Le repassage use la tête.


La vapeur semble un nuage apaisant
Sur le linge sale en montagne.
Pour ce qui est de changer d’air
Les laveuses ont le grenier.


Je la vois finir, le fer à la main,
Sa taille, toujours plus fragile,
A été brisée par le capital.
Pensez-y bien, ô prolétaires!


Courbée par sa tâche, elle était pourtant
Une jeune femme et je l’ignorais.
En rêve, elle avait un tablier propre.
Parfois, le facteur lui disait bonjour.


(Poème de 1931, traduit par Paul Eluard)


Maman


Voilà huit jours que je pense à maman.
A chaque pas son image m’arrête.
Elle portait un grand panier grinçant
Et montait, leste, au dessus de ma tête.


J’étais en ce temps-là tout d’une pièce,
Je ne cessais de hurler, de piaffer;
Que ce linge à d’autres maman le laisse,
Que ce soit moi qu’elle emporte au grenier.


Mais elle étendait le linge luisant,
Montait sans gronder, sans me regarder.
Le linge gonflé bruissait à présent.
Je le voyais voler, tourbillonner.


Je ne me plaindrai plus. Il est trop tard.
Elle est maintenant géante à mes yeux.
Ses cheveux gris sur le ciel sont épars.
Dans l’eau du ciel elle dissout le bleu.


(Poème de 1934 traduit par Eugène Guillevic)


Attila József a 12 ans lorsque meurt sa mère. Son beau-frère le prend alors en charge et lui fait faire des études dans un lycée. Reçu ensuite à la Faculté des lettres, il envisage de devenir enseignant. Mais il va renoncer à ce projet à cause de l’hostilité d’un professeur scandalisé par l'un de ses poèmes. Le voici, ce poème (trouvé sur la toile et traduit par Guillaume Métayer):


Coeur pur


Je n’ai ni père, ni mère,
Ni dieu, ni foyer,
Ni berceau, ni bière,
Ni amante, ni baiser.

 
Trois jours déjà sans manger,
Ni bombance, ni bouchée.
Mon empire, c’est mes vingt ans.
Mes vingt ans, je vous les vends.

 
Et si nul n’en veut, ma foi,
Le diable, lui, me les prendra.
Le cœur pur, j’irai voler,
S’il le faut, assassiner.

 
On m’arrêtera, me pendra,
En terre chrétienne m’enterrera,
Et une ivraie homicide
Croîtra sur mon cœur splendide.



Le poète ne pardonnera jamais. A la fin de sa vie, il écrira ce poème vengeur:


Pour mon anniversaire


J’ai trente-deux ans ce tantôt.
Faisons-nous un joli cadeau,
Une broutille,
Mais que ça brille!


Sur une table de bistrot,
Que Jòzsef s’attelle aussitôt
à ces vers-là
Pour Attila!


Trente-deux ans derrière moi,
Et pas deux cents pengoes par mois,
Charmant pays
Que ma patrie!


Plutôt que d’user des stylos,
J’aurais pu être pédago.
Triste destin
Du purotin!


A Szeged, de la Faculté,
Des messieurs bien m’ont fait claquer
Avec rudesse
La porte aux fesses.


C’est mon poème, Le coeur pur
Qui a déclenché le coup dur.
Messieurs, en garde!
Dieu vous regarde!


Et sabre au clair, ces bons docteurs
Pourfendaient poème et auteur.
Ah! Quel chambard
Dans leur bazar!


“Sur ma raison et mon honneur,
Jamais ne serez professeur!”
Barytonna
Le plus gaga.


Tu as gagné, Antal Horger,
Le poète a déménagé!
Jolie victoire,
Chacun sa gloire!


Rengainez donc vos parchemeins,
Le peuple entier viendra demain
A des leçons
De ma façon!


(Poème de 1937, traduit par Lucie Feuillade)


L’hostilité du poète ne vise pas seulement un professeur et l’institution qu’il représente. Exclu du parti communisme hongrois pour crime d'"idéalisme”, Attila József est un poète de la révolte. Voici son poème De l'air ! écrit en 1936 et traduit par Jean Rousselot:


De l’air!


L’ordre que vous prêchez n’est pas l’ordre pour moi!
Déjà, je ne pouvais comprendre,
Etant enfant, pourquoi l’on me battait, pourquoi
– Quand, pour une parole tendre,
Je me serais jeté de bon cœur dans le feu –
Mais seulement que j’étais seul et malheureux,
Et maman trop loin pour m’entendre.
Mais aujourd’hui je suis un homme. Un métal froid
A recouvert mes dents mauvaises,
Comme la mort mon cœur… Mais il y a mon droit!
Et n’étant pas encore glaise,
Ou cendre, ou pur esprit, je ne saurais trouver
De valeur à ma peau, s’il faut pour la sauver,
Que je me soumette et me taise.
 
Ma conscience est mon seul maître! Sommes-nous
Hommes, ou bien bêtes sauvages?
Nous avons un cerveau! Un cœur dont chaque coup
De tout dossier brise la cage!
Arrive, Liberté! Enfante l’ordre vrai!
Que ta bonté l’enseigne! Et laisse ensuite, en paix,
Jouer ton enfant bel et grave!


Il meurt écrasé par un train. Accident? Suicide? Un mémorial est érigé non loin de l'endroit où il a trouvé la mort.

Chronique de Christian Garaud de septembre 2020


31 août 2020 - La rentrée .. déjà ! 
Dernier jour du mois d'août d'une année bien particulière qui nous a isolés tout en nous rapprochant les uns des autres, nous les êtres humains. 
Le menu pour septembre / octobre sur Dailleurs ? De belles choses parmi lesquelles un billet de Christian Garaud sur le poète hongrois Attila József (disparu trop jeune avec tout son talent), la chronique de Florent Toniello sur Déploiement (le dernier livre du poète tchèque naturalisé français Petr Kràl), de nouveaux textes de Marcelle Kasprowicz, d'autres encore de Martin Payette....  Et un nouveau venu dans les auteurs Dailleurs : Benoît Jeantet. 
Allez, c'est parti. On lève l'ancre dans la semaine ! 
Bonne rentrée à tous.

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27 juillet 2020 - Les voiles ! 
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Il n'aura échappé à personne que D'Ailleurs est peu loquace cet été.. C'est que l'équipe a mis les voiles et ne sera de retour que début septembre.  Anna Jouy, Christian Garaud, Florent Toniello, Valérie Canat de Chizy et moi-même (ainsi que tous ceux qui contribuent régulièrement à la bonne santé poétique du site) vous retrouverons dans quelques semaines avec les belles et bonnes nouvelles de l'été. 
A bientôt ! 



2 juillet 2020 - J'adore les bonnes nouvelles !! 

Et voici que celle-ci me parvient de France où le prix Mallarmé 2020 revient à Jean le Boël (qui a participé à la mise en place de Dailleurspoésie) pour son recueil Jusqu'au jour paru aux éditions Henry cette année.
Toute l'équipe de Dailleurs t'adresse ses félicitations, Jean !
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NB: pour vous procurer Jusqu'au jour, cliquez ici !


29 juin 2020 - Il faut découvrir Ganaha de Florent Toniello si ce n'est pas déjà fait !

​Vous vous rappelez sans doute la note de lecture que nous avait livrée Anna Jouy il y a quelques semaines sur Ganaha, un conte futur dans une langue passée (paru chez Jacques Flament editeur), ouvrage qui nous a plu par son style poétique, l'univers qu'il crée (gérée principalement par les femmes), les questions qu'il pose sur un avenir  où nous, les êtres humains, ne serions plus en  position dominante. Question d'actualité s'il en est. 
Voici que Ganaha a fait l'objet d'une lecture fouillée et d'un billet détaillé et flatteur paru dans 
Tageblatt
le 21 juin dernier (Nr. 142).  Il y est écrit très justement que :

​"Reprenant la question que se posait déjà Vincent Message dans "Defaite des mattres et posses­seurs" - comment (sur)vivrions­ nous dans un monde ou nous aurions cesse d'être l'espece do­minante? - , Toniello donne une réponse possible dans un conte qui pose moult questions sur la nature et le tissu du réel dans un univers qui ne fait plus la distinc­tion entre réel, simulacre et vir­tue!."

Et je ne résiste pas à citer cette dernière phrase qui résume si bien ce qui m'a intriguée dans l'histoire :

"Gana­ha" convainc surtout parce que, à l'instar des nouvelles de Borges, il  nous perd dans un labyrinthe fait de textualité: à l'ère du digital, le réel est devenu une metalepse."

Voici donc une raison  de plus de se procurer Ganaha ! 


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21 juin 2020 - Christian Garaud sur Vera Pavlova

"En hiver - un animal
Au printemps - une plante
En été - un insecte
A l’automne - un oiseau
Le reste du temps je suis une femme."

Je ne connaissais pas Vera Pavlova quand j'ai reçu la chronique de Christian (que je remercie encore une fois pour ses contributions tant attendues ). Les extraits que nous offre Christian nous permettent d'apprécier l'humour, la tendresse et la profondeur de la poésie de cette écrivaine dont il est dit qu'elle est "accro de l'écriture". Tant mieux ! Il y en aura encore plus pour nous tous. 

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Est-ce le titre du recueil ou le nom de l’éditeur qui m’a tiré l’oeil? Sans doute les deux. L’animal céleste, anthologie traduite du russe par Jean-Baptiste et Hugo Para, L’Escampette, 2004. Je relis avec plaisir ces poèmes pleins de fantaisie de Vera Pavlova. Née en 1963 à Moscou, mais vivant actuellement à Toronto, elle a d’abord fait des études de musique. Diplômée de l’Académie de musique Gnessin, auteur d’une thèse de doctorat sur Chostakovitch, elle pensait devenir compositeur. La vingtaine venue, elle a choisi la poésie et publié au fil des ans de nombreux recueils de poèmes. A ma connaissane, L’animal céleste est le seul traduit en français. Deux autres, traduits par son mari Steven Seymour, ont été publiés en anglais, l’un en 2010: If There Is Something To Desire: One Hundred Poems, et l’autre en 2017: Album for the Young (and Old): Poems. (Le titre de ce dernier recueil est emprunté à Tchaikovski). En 2010, dans une interview, elle a raconté dans quelles circonstances elle s’est mise à ecrire et ce que l’écriture représente pour elle.


Mon premier poème a été écrit comme un billet à envoyer de la maternité à la maison. J’avais vingt ans et je venais de donner naissance à Natacha, ma première fille. C’est une expérience d’intense bonheur que je n’avais jamais éprouvée auparavant (ni par la suite). Le bonheur était si insupportable que pour la première fois de ma vie j’ai écrit un poème.  Je n’ai pas cessé d’écrire depuis, et j’ai recours à l’écriture chaque fois que je me sens extrêmement heureuse ou extrêmement malheureuse. Et comme la vie ne cesse de me faire connaître ces deux sortes d’expériences, pendant les vingt-six dernères années, j’ai pratiquement écrit sans m’arrêter. Je ne peux pas me permettre de m’arrêter d’écrire. On pourrait dire que je suis accro, mais je préfère dire que c’est pour moi une sorte de métabolisme.


Si je comprends bien, ce n’est pas Vera Pavlova qui a choisi la poésie: c’est la poésie qui a choisi Vera Pavlova en lui dictant ce billet juste après la naissance de sa fille. Quelle chance! D’ailleurs, ses poèmes garderont le plus souvent par la suite la brièveté du billet. Que disent-ils?


En hiver - un animal
Au printemps - une plante
En été - un insecte
A l’automne - un oiseau
Le reste du temps je suis une femme.


Mais il n’est pas toujours si facile de changer de règne ou d’espèce:


Je pose le muguet sur la partition de musique
et je déchiffre le chant du rossignol.
Le rossignol est comme une plante:
il absorbe l’humidité et fleurit.
Rossignol et muguet sont de la même famille.
Et moi? Serrée dans l’étau de l’alphabet,
le cordon ombilical du langage
m’enlace et m’étrangle.
Darwin, Darwin,
je veux revenir en arrière!


S’il ne peut pas revenir en arrière, “l’animal céleste” peut, par la parole, se sentir au plus près de ce qui vit:


Souvenez-vous de moi, telle que je suis
à présent - distraite et coupante -
et de la parole qui bat contre ma joue
comme un papillon derrière la vitre.


Les  mots du poème sont légers, mais ils peuvent aussi provoquer une indigestion!


Je me suis endormie avec un poème sur les lèvres.
Au réveil - avalé - le poème n’était plus là.
Et pendant tout le jour - j’ai eu mal à l’estomac.


Cette poésie a la légèreté qui caractérise souvent l’imagination et la fantaisie des enfants. Vera Pavlova raconte d’ailleurs comment elle écoute avec étonnement sa fille de quatre ans: “Je ne sais pas pourquoi, mais je pense que le ciel est proche; s’il n’était pas proche, comment pourrait-on le voir?” Evidemment, quels parents ne font pas un jour ou l’autre ce genre de découverte: les enfants disent des choses étonnantes. Mais tous les parents ne sont pas poètes!


On retrouve cet heureux mélange de légèreté et de gravité dans des poèmes sur l’amour:


Pourquoi le mot OUI est-il si court?
Il devrait être
plus long que les autres,
plus difficile à prononcer,
de sorte qu’il faudrait du temps
pour y penser vraiment,
pour oser le dire,
au risque de se taire
en son beau milieu.


Et:


Où est ma patrie?
Près de ton grain de beauté
sur l’épaule gauche.
Si le grain change de place
ma patrie se déplacera aussi.


Ou:


Allons, touchons-nous l’un l’autre
tant que nous avons encore des doigts,
des paumes, des coudes, des bras.
Aimons-nous jusqu’au suplice
faisons-nous souffrir l’un l’autre
défigurons-nous, mutilons-nous
pour donner la meilleure part au souvenir
et que nous soit moins pénible l’adieu.


Mais aussi sur la mort:


Nous ne sommes capables d’aimer que les morts.
Notre amour pour les vivants est maladroit, approximatif.
Qu’ils soient proches ne nous apprend pas à les aimer.
Une longue séparation non plus.
Les graves maladies non plus.
La vieillesse pas davantage.
Seule la mort nous apprendra à aimer.
C’est une grande spécialiste en matière d’amour.


Et pour finir:


Je sais déjà
que la mort n’existe pas
mais je ne sais pas encore
comment en faire part
au défunt.


Au journaliste qui lui demande comment elle s’y prend pour écrire un nouveau poème, Vera Pavlova répond ceci: Je me réveille. Mon mari m’apporte une tasse de café dans mon lit, puis il sort de la pièce sur la pointe des pieds. J’écoute attentivement. Silence - en moi et autour de moi. Et tout d’un coup - un vers! D’où est-il venu? Ah! C’est sur ça! Mais c’est aussi serré que les cordes d’un hamac. Je commence à desserrer les noeuds, mais j’ai besoin d’un stimulant. Je vais à la salle de bain et me fais couler un bain très chaud. Je me plonge dedans et je desserre tous les noeuds. Je sors de la baignoire, je prends des notes et je crie victorieusement: “Fais-moi une autre tasse de café!”   


Le mari s’absente discrètement pour laisser entrer la Muse (et préparer la deuxième tasse de café). Le tour est joué!


Christian Garaud - juin 2020


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15 juin 2020 - A l'occasion du 150ème anniversaire de la mort de Charles Dickens, Atelier de l'Agneau éditeur nous fait part de la parution de
                                                           Charles Dickens & Wilkie Collins
                                                           The Lazy Tour


Un feuilleton journalistique inédit  en cinq chapitres réunis, reconstitués et traduits par Le collectif, Les Inséparables Traducteurs.

Un récit de voyage semi-imaginaire
Deux apprentis, Francis Bonenfant (Charles Dickens l’hyper actif) et Thomas Loisif le 3 et le 31 octobre 1857 dans le magazine Household Words dirigé par Dickens.

Une envolée dans l’originalité : voyage mouvementé en train de Londres à Carlisle, randonnée catastrophe au Mont Carrock, presque-repos gourmand en bord de mer à Allonby, fantomatique rencontre autour du Château de Lancaster et coup de foudre final aux Courses folles de Doncaster.
Au lecteur de découvrir les imparables pérégrinations des deux apprentis célèbres retraçant leurs exploits de grimpeurs, de promeneurs, d’observateurs et tout compte fait de journalistes-écrivains joueurs, rieurs, mordants s’aventurant dans les mystères fantomatiques de « l’Angleterre profonde. »

Pour vous procurer l'ouvrage, cliquez ici 



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8 juin 2020 - Carolyne Cannella, auteure Dailleurs, nous annonce la publication de son dernier recueil : 
de Passacailles en Barcarolles, Haïkus des Temps Présents chez Jacques Flament.   

Carolyne nous offre quelques extraits  de son ouvrage :


Caresse d’écume
la houle crépite ~
fragrances d’eucalyptus
*
Jusqu’à l’horizon
grésillent les vagues ~
leurs crêtes frangées d’écume

Pour découvrir ou se procurer ce recueil, cliquez ici, sur le lien de la page de Carolyne sur le site de l'éditeur, Jacques Flament editions. 



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​1er juin 2020 - Khalid Al Morabethi (poète Daileurs) fait parler de lui.  Il nous adresse des nouvelles de son travail artistique dans lequel on retrouve la force et l'originalité de sa poésie.  Une sorte de "j'ai peur de rien", de défiance trahissant une grande fragilité.  Khalid a plus que la bougeotte : il veut déplacer des montagnes. Il est donc à suivre de près ! Retrouvez-le sur Instagram:
https://www.instagram.com/elgnairttriangle/




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19 mai 2020 - Florent Toniello 
​nous gâte. 

​Aujourd'hui, c'est un billet qu'il nous offre sur la revue Nouveaux Délits. Il y fait mention de "promesse de mouvement, de découverte, de bougeotte même".  Cela vous dit quelque chose ? Moi, oui ! 
Voyageons poétiquement et découvrons (si ce n'est pas déjà fait) la revue Nouveaux Délits.
Merci Florent.

Nouveaux Délits no 66
 
La poésie vit de mots, mais aussi de rencontres. Qu’elles soient réelles ou virtuelles, celles-ci permettent de choisir sa famille – voire ses familles –, cultiver son jardin de lectures ou faire le plein d’inspiration pour écrire, si l’on s’y adonne. Pour ma part, impossible de nier l’importance de certaines rencontres virtuelles, tant le milieu littéraire (et poétique encore plus) dans mon petit grand-duché est étroit ; la communauté D’ailleurs, créée autour de ce site et de son animatrice, n’en est pas la moindre, mais il y en a d’autres, évidemment, qui élargissent les horizons. Celle avec la revue Nouveaux Délits est de celles-là, et il était temps d’en faire mention ici.
 
Pourquoi celle-ci est-elle à mon avis importante dans la pléthore de revues poétiques francophones ? Attardons-nous d’abord au sous-titre : « Revue de poésie vive ». Il y a là une promesse de mouvement, de découverte, de bougeotte même. À l’opposé du style reconnaissable et immuable de certaines autres revues. Oui, on peut aimer la poésie patrimoniale, mais les strophes qui se trémoussent et qui ne se ressemblent pas, les poètes qui ne se lorgnent pas dessus pour savoir comment obtenir le prix Mallarmé ou Apollinaire en faisant plaisir aux jurys, ça en jette. Et c’est exactement ce que publie Cathy Garcia dans Nouveaux Délits (elle n’est pas la seule, évidemment, mais nous y reviendrons sûrement). Sans préjugés, elle laisse l’éclectisme dominer sa programmation, sans toutefois oublier de semer des fils conducteurs dans les numéros individuels.
 
Fils conducteurs aussi, ces courtes citations d’auteurs ou d’autrices de poèmes, romans ou essais que la revuiste propose en bas de page pour faire écho aux textes publiés. Regardons-y de plus près, en prenant un exemple dans ce numéro 66, que nous parcourrons ensuite. « Les invisibles », de Nicolas Kurtovich, est une longue ode de voyage aux États-Unis (« au bord de l’étang table avec joueurs de cartes / d’étranges larmes trouvent un surprenant chemin jusqu’à mes yeux / dans Central Park bouquets sauvages de fleurs jaunes et mauves réunies »), entre San Francisco et New York, en passant par Chicago. Cathy Garcia lui adjoint une citation de Luther Standing Bear, du peuple oglala lakota : « Il n’y avait que pour l’homme blanc que la nature était sauvage. » On touche là à deux caractéristiques de ces citations, qui font la particularité et l’intérêt de Nouveaux Délits : d’abord, une érudition (mot un peu prétentieux que Cathy probablement réfuterait, mais c’est mon billet !) qui permet de faire écho avec des textes classiques, modernes ou résolument contemporains à tout texte publié ; ensuite, et ce n’est pas pour me déplaire, une conscience écologique très poussée.
 
Dans ce numéro, les poèmes de Christophe Salus le confirment : « Je vois la brousse qui régresse ! / Moins de ronce, sous le piquant ! / Quelle victoire ! On pense, quand / Y poussait tout l’horrible agreste ! » La citation sous ce poème ? « Cette planète craquelée, où l’on met dans des coffres les tournesols du Rêve », tirée d’un poème de Michèle Caussat. Philippe Labaune, lui, présente des extraits de ses séries « Drones » et « Panoptikon ». Une langue fébrile qui s’affranchit des conventions pour décrire un monde qu’on imagine dystopique, mais pas sans espoir : « non à la torpeur et à la mort oui à la couleur ». Complètent ce panorama deux textes de Jean-Louis Millet et des aphorismes de Mix ô ma prose, sans oublier quelques notes critiques de la revuiste, qui aura aussi au début proposé un éditorial et donné la parole à une médecin généraliste en quatrième de couverture, dans le contexte de la pandémie de Covid-19.
 
On aura sûrement remarqué que tous les auteurs de ce numéro sont… des auteurs, justement. C’est que le précédent n’avait publié que des autrices. Un choix. Et voilà, c’est ce qu’il y a de bien avec Nouveaux Délits : les choix sont intelligents, surprenants, agaçants, justes, tendres, etc. Ce qui compte, c’est qu’ils bousculent les a priori poétiques, qu’ils poussent à la découverte, qu’ils battent en brèche le syndrome de la cabane dans le domaine littéraire. Exactement ce qu’on est en droit d’attendre d’une revue de « poésie vive ». Pour s’abonner, à un prix modique, c’est par là : http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com.



19 mai 2020 - Florent Toniello  partage avec nous quelques petites nouvelles qui nous réjouissent : 
  • On peut lire dans la revue Catastrophes une première série de poèmes écrits récemment 
  • Suite à la parution de son beau roman d'anticipation : Ganaha,  Florent a accepté d'être le directeur d’une nouvelle collection chez Jacques Flament, consacrée à l’anticipation (https://accrocstich.es/index.php?post/2020/05/03/Des-pr%C3%A9cisions-sur-la-collection-d%E2%80%99anticipation-chez-Jacques-Flament-alternative-%C3%A9ditoriale)
J'ai choisi 2 textes issus de la série parue dans Catastrophes; ils figurent à la Une.  A déguster !
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14 mai 2020 - Christian Garaud sur Eli Eliahu et Al-Qāsim 

Ce qui touche dans ce billet, c'est que ces deux poètes (israélien et palestinien) se rejoignent dans la poésie.  L'écriture et l'art qui rassemblent, qui unissent, qui créent, même si l'attachement aux racines est très présent malgré un contexte politique complexe et douloureux. 
J'aime la phrase d'Al-Qāsim citée à la fin du billet de Christian et qui donne à penser:
“Je n’ai pas choisi de rester dans mon pays parce que je m’aime moins, mais parce que j’aime mon pays davantage”
Merci Christian !




En cherchant un livre dans ce que je n’ose appeler ma bibliothèque tant il y a de désordre, j’ai retrouvé et relu avec beaucoup de plaisir un petit livre d’Eli Eliahu publié il y a presque dix ans par Yves Artufel (on peut suivre son activité sur la toile: blog.grostextes.fr): Moi et pas un ange (2008, traduit de l’hébreu par Isabelle Dotan et Racheli Uzan, Gros Textes, 2011).


Le poème


Comme un coquillage
laissé sur le rivage,
il ne porte en lui qu’un soupçon de ce qui arrive
dans les abymes.


Mais de temps en temps
quelqu’un se penche, le soulève d’entre les grains
de sable, et tandis qu’il le roule entre les doigts
son regard s’enfonce, et une pensée muette
frémit en lui, un instant
puis s’esquive


de tous les filets de pêche.


Ce poème donne le ton du recueil: cette sorte de “gravité sans pesanteur” que recommandait Italo Calvino aux futurs écrivains dans ses Leçons américaines. Cela m’a donné envie d’en apprendre davantage sur le poète. Eli Eliahu (né à Tel Aviv en 1969) a fait des études de philosophie et de littérature hébraïques. Il écrit des articles pour le journal Haaretz sur des questions d’ordre littéraire ou culturel, et, depuis 2018, il a publié deux autres recueils de poèmes qui n’ont pas été traduits en français, mais j’ai trouvé quelques poèmes traduits en anglais sur la toile. Comme presque tous les Israéliens, Eliahu a été soldat et je me suis demandé si certains de ses poèmes parlaient de son expérience en territoires occupés. C’est le cas des deux poèmes ci-dessous (que j’ai traduits en français).


Attention


La voix grésillante de la fille soldat
me demande de m’assurer
qu’il ne se passe rien hors de l’ordinaire,
rien d’étrange.


Eh bien, des moutons ponctuent la ligne d’une colline,
un berger arabe, un faucon
plane là-haut, et tout est tranquille
comme l’huile d’un tableau.


Que puis-je répondre, fille sans fil,
il n y a rien ici d’étrange que moi.


L’oiseau peint


Je n’ai pas roué de coups le vieillard dont le sang tâchait la chemise blanche
et ce n’est pas moi qui ai tiré sur l’homme tenant une brique sur le toit de la mosquée.
Dans le ventre du tank j’ai lu “L’oiseau peint” et au poste de garde
j’ai écrit des poèmes (seule la mort, je le savais, libère du front).


Mais la nuit ma couverture me faisait honte, mon âme ne pouvait échapper
à des élans de culpabilité, et la peur me rongeait comme un rat affamé. Heureusement
il y avait au moins l’amour, c’est-à-dire une fille à appeler pour entendre Tel Aviv
rire en elle, comme un enfant qui ne sait pas qu’il est mortel.


Pour faire écho aux poèmes d’Eliahu, voici deux poèmes d’un poète arabe également trouvés sur la toile que je traduis d’anglais en français. Al-Qāsim (1939-2014) est un poète palestinien dont la famille n’a pas quitté la Galilée au moment de l’exode de 1948. “J’étais à l’école primaire lorsque s’est produite la tragédie palestinienne, écrit-il. Je considère cette date comme ma date de naissance parce que la première image que je me rappelle est celle des événements de 1948. Mes pensées et mes images naissent de ce numéro 48”. Il a été emprisonné à plusieurs reprise par les autorités israéliennes pour son opposition aussi bien dans ses actes (il a refusé de servir dans l’armée) que dans ses écrits de journaliste et de poète (il a publié de nombreux recueils).


1


De l’étroite fenêtre de ma petite cellule,
je vois les arbres qui me sourient
et les toits pleins de membres de ma famille
et les fenêtres qui pleurent et qui prient pour moi.


De l’étroite fenêtre de ma petite cellule,
je peux voir votre grande cellule!


2


Le jour où je serai tué
mon tueur trouvera
des billets dans ma poche:
un pour la paix,
un pour les champs et le pluie,
et un
pour la conscience de l’humanité.
Je vous en supplie, ne les jetez pas.
Je vous en supplie, vous qui me tuez: partez.


Al-Qāsim a toujours refusé de quitter sa patrie malgré les vexations dont il était victime. Encore en 2001, le gouvernement d’Israel l’a empêché de se rendre au Liban pour une lecture de poèmes. A ceux qui lui demandaient pourquoi il s’obstinait à rester à Haïfa, il répondait: “Je n’ai pas choisi de rester dans mon pays parce que je m’aime moins, mais parce que j’aime mon pays davantage”.


Al-Qāsim est né en 1939, Eliahu trente ans plus tard. Quels progrès pour la paix?
 



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11 mai 2020.






Envie de fleurs, envie d'été, envie d'espace... merci à Anna pour cette belle photo, une bouffée d'air frais.


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6 mai 2020.  Mille excuses : je m'étais absentée.  

Des jours sans nom ont défilé et sont tombés dans le silence.  L'ultralibéralisme ici a sacrifié ses victimes et n'en finit pas de le faire. Parfois, la voix nous manque.
Mais je reprends le collier. Promis !  

Dans un premier temps, je  poste un poème issu de Ruban (Anna Jouy et Valerie Harkness) à la Une. Je poursuivrai la semaine prochaine par le billet de Christian Garaud sur Eli Eliahu (poète israélien) et par les derniers échos nous provenant du Luxembourg (et en particulier de l'univers de Florent Toniello.  Nous accueillerons un nouveau poète Dailleurs (surprise !) et nous ferons le point des nouvelles des uns et des autres qui sont notre monde "Dailleurs".

Continuez à nous écrire ! L'équipe Dailleurs est de retour. A la semaine prochaine pour le billet de Christian ! 
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19 mars 2020. Christian Garaud sur Juarroz.
Voici que nous sommes plongés dans un monde irréel, ni fou ni pas fou, et dont les paramètres dépassent le langage. Je regarde par le fenêtre et ne vois personne. J'entends les oiseaux, je les entendrais même voler par moments tant le silence se fait. Il prend forme.  Et pourtant, ce n'est rien ici en Angleterre (car ici les politiques et leur ultra libéralisme veulent que chacun ait la "liberté" de choisir, et donc, dans les circonstances actuelles, d'infecter et de mettre en danger ceux qui sont vulnérables). Rien donc en comparaison avec l'Europe qui est dans une torpeur voulue. Il faut regarder par la fenêtre et ne toucher à rien. On s'entend respirer. 
C'est bien. Soyons solidaires, pensons à ceux dont la fragilité n'a pas de mots et essayons aussi de rebondir en poésie.

Merci Christian pour cet article d'actualité ! 


​Le poète argentin Roberto Juarroz(1925-1995) a publié sous le titre Poésie verticale 14 volumes  numérotés de I à XIV. A propos du titre, je trouve sur la toile ce commentaire: “Lors d’un entretien avec son traducteur Roger Munier, Juarroz explique ce qu’il entend par ‘poésie verticale’. Pour lui, l’homme ne cesse d’échouer, de s’effondrer; mais de là, il ne cesse de se reconstruire - par l’amour, la parole, la poésie. Sa poésie tente de mettre à jour le lieu où le flux descendant (effondrement apparent) et l’élan ascendant (re-naissance) se mêlent et ouvrent un nouvel espace, comme suspendu, hors du temps”. Après avoir relu le dixième volume, voici un des poèmes que je préfère:


La frange de folie
qui relie la veille au sommeil,
cette dégradation ou ce dénouement,
ce déséquilibre qui nous porte à dormir,
disperse toutes les croyances,
toutes les certitudes,
comme des graines creuses qui nous montrent
qu’exister est une enclave
supplétive du chaos.


Se désagréger de figure en figure,
de substance en substance,
de chute en chute,
ce n’est pas la stupeur d’un langage
qui se mêle à un autre,
mais la mort même du langage,
puisque les langages meurent aussi.


Et se retrouver sans langage
c’est reculer en deçà même de la naissance,
jusqu’aux figures desséchées du néant,
car le néant a aussi ses figures.


La frange de folie
qui précipite la veille dans le rêve
est précisément ceci:
l’expérience sans verbe
d’un néant concret.


Dixième poésie verticale, poème 21, édition bilingue, traduction de François-Michel Durazzo, éditions Corti, 2012


Que penser de cette “frange de folie” qui nous habite? Ne faut-il pas se méfier d’elle si elle cause dégradation et déséquilibre, si à cause d’elle le langage se désagrège de figure en figure, si elle mène vers les figures du néant? Oui, mais la dernière strophe suggère que l’équilibre menacé peut être rétabli sur un autre plan: “l’expérience sans verbe/d’un néant concret” est une expérience positive malgré l’évocation d’un “flux descendant (effondrement apparent)”. “Effondrement” même nécessaire pour que puisse s’ouvrir “un nouvel espace” dans leqel il doit être possible de dépasser la contradiction qui semble opposer de façon irréductible le mot “néant” au mot “concret”. Comme le note Marie Etienne, “Juarroz a une vision antithétique de l’univers, qu’il revisite et contredit sans cesse, pour passer au-delà de la logique occidentale. Ce qu’il recherche, c’est la perte des appuis, des repères, grâce à l’ascèse, à la méditation, d’où surgit l’écriture poétique”.


D’où surgit aussi souvent l’humour, comme dans le poème 42:


Entre la route du oui
et la route du non
accrocher un miroir
qui ne réfléchit ni l’un ni l’autre.


La folie de ne pas être fou,
de repousser le bras tendu
les zones intérieures
où guette le marécage,
fait parfois fouler
les pieds abandonnés.


Ne pas être fou,
à certains moments,
ressemble trop à la folie.
Excessive, insupportable intensité,
se défendant à la fois des tignasses flottantes
et des cheveux intolérablement lisses.


Il est nécessaire de temps en temps,
de se reposer de ne pas être fou.


Comme cette remarque est d’actualité!


Christian Garaud - mars 2020


14 mars 2020. Envie d'étonnement ...

...comme je parcours Penser l'avenir (entretien avec André Gorz). Entretien durant lequel André Gorz parle de la désaliénation, de libérer les désirs et l'imagination, du langage et du bilinguisme. 
"L'éducation vous apprend que vous êtes parlé par le langage, et ne le parlez pas: vous n'avez pas à dire, vous avez à être dit. Et c'est la reconquête de ce qui a été pour moi, et sûrement pour d'autres, l'expérience philosophique fondatrice de l'enfance, à savoir l'étonnement, qui est pour moi le chemin nécessaire pour accéder à la fois au statut de sujet et à la capacité de philosopher"

Envie d'étonnement philosophique mais aussi poétique, les deux peut-être, pour certains, allant de pair. 
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9 mars 2020. 
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Bonne nouvelle pour Sandrine Daraut, écrivaine Dailleurs, qui verra une de ses propositions publiée dans l’anthologie Flammes vives. Sandrine profite de l’occasion pour nous faire part d’un appel à textes correspondant à l'initiative qu’elle a mise en œuvre pour participer au Printemps des poètes.
Cliquez ici pour en savoir plus  ! r 

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​5 mars 2020.  « La poésie est morte, vive l'autre poésie. ». C’est ainsi que Florent Toniello termine son billet sur MALP de Margaux Frasca, l’écrivaine qui rejette la langue carcan des genres et qui parle des choses de la rue, de tous les jours, de la laideur qu’on tait d’ordinaire en poésie.
Ce côté frondeur, « radical », surréaliste nous plait bien à Dailleurs. Alors pourquoi pas publier le billet de Florent dans son intégralité sur la page d’accueil ?
 
MALP !
éditions Cormor en nuptial
 
Ça commence dans le bus, où la poétesse entend un son semblable à un cri d’oiseau, qui se révèle être le frottement du caoutchouc des portes. Une révélation effectivement : « beaucoup plus sexy que le chant silencieux des étoiles », écrit Margaux Frasca, qui va désormais voir la poésie dans les rues sales, les corps suants, les innombrables déchets de la ville, les conversations banales, la folie douce, voire inversée : « Je rencontrai une femme […] habitée par la maladie de Tourette à l’envers. Au lieu de m’insulter elle me demanda deux fois en mariage […] ».
 
MALP !, le titre de l’ouvrage, c’est l’abréviation de « mort à la poésie ». Pas à toute la poésie, s’entend, mais à la poésie mignonne au vocabulaire précieux. « Je cherche inlassablement quelque chose qui ne soit pas poétique », continue Frasca – pour tirer justement de ce matériau un nouveau lyrisme, en prise avec ce que la vie a de plus moche, parce que la laideur ou le pourrissement ne sont pas assez chantés. Alors elle nous embarque pour la première partie dans une errance urbaine au ton surréaliste qui fait la part belle aux rencontres. Des constantes s’y dégagent : d’abord la glycine, qui surgit çà et là comme un rappel que non, l’autrice ne veut pas s’ériger en prêtresse d’une pensée poétique unique qui mépriserait la nature ; et puis l’électricité. Comment interpréter ce « Je suis allé marcher pour défaire l’électricité », qui alterne avec « Je suis allé marcher pour refaire l’électricité » ? (Notez d’ailleurs l’accord au masculin – nous y reviendrons juste après.) La réponse est à chercher dans l’expérience de vie de Frasca, qui a failli perdre l’usage de sa main droite dans un accident. Lors de sa rééducation, elle s’est aperçue qu’elle ressentait des décharges électriques dans tout le corps. Nous sommes face à une poésie des sensations, mais des sensations qui refusent d’exclure le désagréable ou l’étrange. Au point de générer cette écriture étrange aussi, mais qui sonne juste parce qu’elle est inclusive. Tout, toutes, tous y ont leur place.
 
Inclusive, tiens, nous y revoilà. Rejet d’une langue standard qui conditionne les esprits, triturage des mots : l’autrice est tour à tour femme (« Je suis la furtive / L’inclinée / Je suis l’errante, l’irréfutable ») ou homme (« Je suis le poète de la voirie / Chevalier de la lanterne ») dans la deuxième partie, le « Journal de rue » d’une balayeuse, un métier que Frasca a exercé pendant quelques mois. Et des constantes ici aussi : chaque entrée ou presque se conclut par une liste des objets ramassés, parmi lesquels figurent toujours… des bâtonnets de sucettes. « Avec tous ces bâtonnets on pourrait faire des stores, des paravents aux langues agglutineuses / Des langues paresseuses » : voici le travail de la langue qui revient par des chemins détournés. Margaux Frasca traîne ses obsessions et les balaie, mais le caniveau se remplit à nouveau, offrant son lot de nouvelles occasions de s’exprimer.
 
Le livre a paru aux éditions Cormor en nuptial, qui complètent là leur catalogue déjà bien trempé de poésie qui balance et n’a pas peur des odeurs fortes et des haut-le-cœur à la lecture. « Mon corps est une extension de la rue », nous dit encore la poétesse. Comme si elle se rêvait en clocharde céleste, pour qui la poésie serait à tuer éternellement pour dire sempiternellement : la poésie est morte, vive l’autre poésie !



2 mars 2020. 
​Ismaël Savadogo
revient à Dailleurs.  Il n’était pas vraiment parti mais il était préoccupé : qu’allait-il faire ? Que serait l’avenir pour Ismaël ? Rester en France si le droit de le faire lui était accordé ? « Rentrer » au pays de ses racines ? Que faire de ses projets quand même le proche avenir semble aussi incertain.
 
Ismaël me touche par sa loyauté, sa sincérité, sa recherche (naïve sans doute) d’une vérité vraie, d’un tracé. 
 
Je suis heureuse de pouvoir poster ces quelques lignes, gages de l’intérêt d’Ismaël pour la poésie philosophe ou la philosophie poétique, de ses efforts pour les unir, relançant ainsi le débat sur la compatibilité de ces deux horizons.
 
Il faudrait aux poèmes d’autres poèmes
jusqu’à ce qu’on arrive à voir
derrière les faits d‘autres paysages.
 
Les feuilles qui jonchaient le sol
des arbres étaient tombées,
ayant appris asséchées
ce qu’elle n’avaient pas appris humides.

16 février 2020. 
Pour une fin de semaine sous le signe de la St Valentin, que souhaiter de mieux qu'un billet de notre cher Christian Garaud sur la passion amoureuse et poétique de Paul Celan et Ingerborg Bachmann. 
Les mois défilent et je ne peux que réitérer ma gratitude vis à vis de mes collaborateurs, Anna, Christian, Florent, Valérie, dont le rapprochement dans l'esprit "Dailleurs" émeut et ravit.  
Merci donc à Christian pour ce billet "d'amour" : 

​ Ingeborg Bachmann (1926-1973) a rencontré Paul Celan (1920-1970) à Vienne en mai 1948. La première est née en Autriche, le second est né dans une ville de Roumanie qui fait maintenant partie de l’Ukraine. Ils deviennent amants. C’est le début d’une relation pleine de hauts et de bas qui durera toute leur vie. On peut en suivre les péripéties grâce à la publication de leur correspondance en 2011 (Le temps du coeur, Correspondance 1948-1967, traduit de l’allemand par Bertrand Badiou, Seuil). Pendant quelques semaines, ils vivent une relation amoureuse très intense. “Nous entrâmes dans des espaces enchantés/et éclairâmes l’obscurité/du bout de nos doigts”, écrira Bachmann plus tard dans “Chants en fuite” (Invocation de la Grands Ourse, 1956). Tous deux sont poètes et leurs échanges épistolaires commencent par l’envoi d’un poème de Celan à son amante fin juin (p 23). C’est quelques jours avant le départ de Celan qui a prévu de s’installer à Paris. Bachmann reste à Vienne pour terminer ses études de philosophie: elle obtiendra son doctorat en 1950. Pendant deux ans, les lettres échangées par les amants séparés ne permettront pas d’éviter les malentendus. “Je me languis de toi et de notre conte de fées”, écrit-elle un an plus tard, “Que faire? Tu es si loin de moi, et tes cartes avec quelques mots de salutation, qui me satisfaisaient il y a peu de temps, ne me suffisent plus” (p 27). Quand elle annonce son arrivée, lui se réjouit de sa venue à Paris: “Ingeborg, chérie, Juste quelques lignes, en toute hâte, pour te dire combien je me réjouis que tu viennes.” (p 29) Mais elle ne vient pas. Lui s’inquiète: “une année entière s’est écoulée, une année durant laquelle il t’est certainement arrivé toutes sortes de choses. Mais tu ne me dis pas quelle distance sépare cette année de nos mois de mai et juin à nous… Es-tu loin ou es-tu proche, Ingeborg?” (p 31) Elle répond. Elle explique ce qu’elle a fait à Vienne pendant tout ce temps, comment elle a envisagé d’aller en Amérique avant de renoncer à ce projet, elle répond à la question qu’il lui pose: ”quelle distance peut bien séparer nos mois de mai et juin de tout cela, demandes-tu: pas un jour, sais-tu, Chéri! Mai et juin, c’est pour moi ce soir ou demain midi et il en sera ainsi de nombreuses années encore.” (p 33) Finalement, elle retrouve Celan à Paris fin 1950 et début 1951. Que s’est-il passé? Le 10 novembre 1951, elle écrit de Vienne: “Cher Paul, je sais qu’aujourd’hui tu ne m’aimes plus, que tu n’envisages plus de me prendre auprès de toi - et pourtant je ne peux pas m’empêcher d’espérer encore, de travailler dans l’espoir de préparer le terrain pour une vie commune avec toi, ce qui nous assurerait une certaine sécurité financière et nous permettrait, ici ou ailleurs, de commencer à nouveau” (p 57) La réponse de Paul Celan est sans ambiguïté: “ne parlons plus de choses qui sont irrévocables, Inge; ells ne font que rouvrir les blessures…” (p 61)  Fin 1952, Paul Celan se marie avec Gisèle de Lestrange. Ingeborg Bachmann part pour l’Italie. Mais le 18 juillet 1953, elle envoie à Celan 5 poèmes dont celui-ci: “Tombe, coeur” qui fait partie du recueil Le Temps en sursis (1953). Et lorsqu’elle lui envoie un exemplaire de ce recueil en décembre de la même année, elle ajoute une dédicace: “Pour Paul - échangés pour être consolés”.  La citation est un vers de Celan et l’allusion est claire.



Tombe, coeur


Tombe, cœur, de l’arbre du temps, 
tombez, feuilles, des branches refroidies, 
que le soleil enlaçait jadis,  
tombez, comme des larmes tombent de l’œil dilaté ! 
 
Si vole encore la boucle au vent des jours entiers 
autour du front hâlé du dieu des champs,  
déjà le poing sous la chemise presse 
la blessure béante. 
 
Ainsi sois dur, quand le dos tendre des nuages 
se penche une fois encore vers toi,  
ne fais nul cas des rayons de miel que l’Hymette 
emplit pour toi encore une fois. 
 
Car peu vaut au paysan un brin de chaume dans la sécheresse, 
peu vaut un été au regard de la grandeur du genre humain. 
 
Et de quoi donc ton cœur témoigne-t-il ?  
Entre hier et demain il oscille,  
silencieux, étranger, 
et sonne en battant  
sa chute hors du temps.  

(Ingeborg Bachmann, Toute persone qui tombe a des ailes, Poèmes 1942-1967, Edition, introduction et traduction de l’allemand (Autriche) par Françoise Rétif, Edition bilingue, Poésie/Gallimard, 2015) p 135


La rupture sur le plan sentimental ne va pas interrompre les échanges dans le domaine poétique. Paul Celan, de Paris, et Ingeborg Bachmann, de Vienne ou d’Italie, continuent à s’envoyer  leurs poèmes, à s’entraider quand se présentent des difficultés matérielles ou autres, composent ensemble une anthologie, participent à des congrès littéraires où ils se retrouvent. C’est même au cours de l’un de ces congrès à Cologne que renaît leur relation amoureuse en octobre 1957. Elle ne dure que quelques mois, mais Paul Cela, pendant cette période, multiplie les envois de poèmes. Celui-ci, quelque peu énigmatique, a été écrit tout de suite après leurs retrouvailles et semble faire écho à “Tombe, coeur”:


COLOGNE, AM HOF


Temps du coeur, les rêvés
tiennent lieu
de chiffre de minuit.


Quelque chose parla en entrant dans le silence, quelque chose se tut,


quelque chose alla son chemin.
Banni et Perdu
étaient chez eux.
……
Vous, les cathédrales,
Vous, les cathédrales non vues,
vous, les eaux non écoutées,
vous, les horloges au fond de nous.


Ce poème figure dans la correspondance déjà citée (p 82). On comprend maintenant pourquoi les éditeurs de cette correspondance ont choisi de donner pour titre à leur livre Le temps du coeur. Mais la relation amoureuse, une fois encore, a été de courte durée. Paul Celan avait une femme et un enfant. Et Ingeborg Bachmann écrit à Paul Celan en octobre 1958: “Je crois - je peux te le dire, nous le savons bien - qu’il nous [est] presque impossible de vivre avec quelqu’un. Mais comme nous le savons, comme nous ne nous leurrons pas et comme nous essayons de ne leurrer personne, il peut quand même sortir quelque chose de bon de l’effort fourni chaque jour, à cela, maintenant j’y crois quand même.” (p 124)


Cet effort fourni pour vivre avec quelqu’un, tout le monde le connaît. Mais qui peut mieux dire le bonheur d’aimer lorsque “Banni et Perdu” se retrouvent: “Nous entrâmes dans des espaces enchantés/et éclairâmes l’obscurité/du bout de nos doigts”?





12 février 2020. Le roman de Florent Toniello (Ganaha) a reçu un accueil plus que chaleureux; Dailleurs vous invite à vous le procurer ! 
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Ainsi, Ganaha continue de faire parler de lui. Il fait parler Anna Jouy, collaboratrice Dailleurs qui se fait chroniqueuse pour l'occasion.  Et voici ce qu'Anna, qui se fait chroniqueuse pour l'occasion, nous dit sur  ce "conte futur dans une langue passée" :

Ainsi sous-titré, le roman de Florent Toniello semble porter sur sa couverture un premier trousseau de clefs de lecture.  En ouvrant cet ouvrage, on est donc préparé en quelque sorte à découvrir un récit dont le propos aurait une révélation particulière à nous faire. Et certes il y a de cela, mais également bien quelques autres intentions, moins évidentes, plus secrètes, au travers des thèmes abordés, des choix descriptifs et de l’invention du monde dans lequel toute l’histoire de cet excellent livre se déroule.
​Poursuivez en cliquant ici... 


9 février 2020.  "C’est un vers de Corneille. Un vieil alexandrin célèbre, à la toute fin du Cid, qui dit le cœur, l’espoir et le triomphe du temps quelque part à Séville :  Espère en ton courage, espère en ma promesse…"

C'est ainsi que Sophie Nauleau nous présente la 22ème édition du Printemps des Poètes dont la marraine cette année n'est autre que Sandrine Bonnaire et dont le thème en séduira plus d'un(e) : le courage ! 
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Sans doute (et il faut le signaler encore et encore), le courage pour certains poètes Dailleurs est-il lié à l'exil, à la volonté de partir ou à celle de revenir au pays d'origine. D'être ailleurs et de laisser croître en soi une part nouvelle à l'inconnu.  

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 2 février 2020.  Alors que le Royaume (dés)Uni s'éloigne du beau projet européen,
nous sommes d'autant plus conscients de la necessité de construire des ponts entre les cultures et les êtres humains. 
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Carolyne Cannella a  rejoint les poètes Dailleurs. Vous trouverez un échantillon de son travail en cliquant ici ! 
L'occasion de faire part de la publication fin 2019 d'un livre boîte intitulé croisement des silences aux éditions la fabrique poïein (encres, huiles et céramiques de Christian Perrier et Charles Hairauquel) auquel participe poétiquement notre ami François Coudray. Ce dernier nous adresse ses meilleurs voeux alors qu'il quitte les Alpes de son enfance pour rejoindre le Chili. A La Une donc, un extrait signé François et ici, quelques illustrations. Vous obtiendrez l'ouvrage ici ! 


28 janvier 2020. 

C'est Carolyne Cannella qui rejoint les poètes Dailleurs. Vous la connaissez : nous avons déjà parlé de Carolyne, poète, musicienne, artiste, traductrice !  Florent Toniello nous a offert une chronique sur son recueil Parcelles d'infini.
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Il est toujours bon de re-découvrir nos poètes.  La page donc de Carolyne très prochainement sur D'ailleurs mais un mot de bienvenue pour l'accueillir parmi nous ! 
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24 janvier 2020. Chronique (toujours attendue et très bien accueillie) de Florent Toniello
 
Il s’agit ici de Trubert  de Douin de Lavesne (éditions Lurlure), récit « leste et réjouissant » des aventures d’un trouvère du XIIIème siècle. La langue de l’époque est rendue ici en français moderne et l’ouvrage vaut le détour ! Je n’en dis pas plus : lisez donc le billet de Florent (cliquez ici) et procurez-vous le livre chez Lurlure. 


19 janvier 2020 - Christian Garaud sur Ko Un . 

​C'est Christian Garaud, poète Dailleurs, chroniqueur aux horizons lointains,  essayiste à l'humour chaleureux, qui nourrit notre réflexion aujourd'hui avec son billet sur Ko Un, poète coréen et comme j'ai une tendresse particulière pour ce "coin du monde", j'ai lu le billet de Christian avec d'autant plus d'intérêt. Merci Christian.

Ko Un
Né en 1933, Ko Un est un poète coréen qui, adolescent, a vu périr parents, amis, voisins pendant la guerre qui a ravagé son pays à la fin des années 40 et au début des années 50. Il a choisi de devenir moine bouddhiste en 1952 et il l’est resté jusqu’à 1962. A partir des années 70, il s’est engagé dans le mouvement pro-démocratique contre la dictature militaire de Park Chung-hee, ce qui lui a valu d’être plusieurs fois emprisonné. A la suite de la démocratisation du pays, il a commencé en 1988 à militer pour la réunification de la Corée du Nord et de la Corée du Sud. Ko Un a beaucoup écrit, et pas seulement des poèmes. Ses oeuvres complètes comptaient en 2002 38 volumes! “Mes poèmes”, que j’ai traduit d’anglais en français (voir la note en fin de chronique), est tiré de “A Cenotaph”, recueil publié en 1997. On y trouve des allusions à la guerre, à ses débuts d’écrivain alors qu’il était moine et à son activité politique dans les années 70. On y trouve aussi une réflexion sur l’évolution de son art poétique.


Mes poèmes


Pendant les années 1950, années d’un triste zéro pour moi,
emporté à la dérive,
les points semés ici ou là après la guerre
m’ont servi de planche de salut de façon inattendue.
A cause du magma de la tache noire après un mot,
les mots qui suivaient brillaient quelquefois,
ce qui m’amenait à vouloir mettre souvent des points dans tout le poème.


Quand je suis entré dans les années 1970
mes poèmes se sont attardés devant de longues routes
comme l’eau tourbillonnante au bord d’une berge
qui, dans un mouvement vertigineux,
coule vers le centre de la rivière.
Et ainsi
les points ont disparu de mes poèmes, et
ils sont devenus inutiles comme de vieilles chaussures.


Les poèmes sans points
ne se terminaient pas comme les poèmes font d’habitude mais
continuaient à couler,
vers
d’autres poèmes.
Cherchant la lumière cachée dans l’obscurité,
je pouvais à peine voir derrière les événements.
L’évolution du monde
ne permettait aucun arrêt
devant mes poèmes.
Et ainsi
mes poèmes sans points avaient
pour but de faire passer
ce que je comprenais,
circulant d’âme à âme.
A part ça,
tout ce que je connaissais
était illusion.


Aussi ai-je rêvé qu’un jour
mes poèmes deviennent les poèmes d’autres poètes,
comme une volée d’oiseaux qui s’avance
comme une volée d’oiseaux qui se pose.
Quel grand et stupéfiant mouvement,
oh, la lumière bleue à l’aube!
Mais aujourd’hui
rejoint le flot continu de la rivière,
mes poèmes n’auront de point final ni demain, ni dans les jours qui suivront


Ces poèmes qui deviendraient “les poèmes d’autres poètes” m’ont fait penser à ce que Bernard Noël disait dans un autre contexte au cours d’une interview à propos de “la signature”:


La certitude est venue vite que la signature n’est qu’une étiquette, tandis que l’écriture est la poursuite solitaire d’une révélation toujours reportée, mais que la langue, matière commune aux écrivains passés et présents, crée justement une communauté entre eux. Une solidarité naturelle. Conséquence: plus je vieillis, plus je désire l’anonymat qu’interdit l’indispensable étiquette. Je le désire pour partager l’activité où se rejoignent tous les écrivains, les vivants et les morts dans l’immense décharge des textes connus et inconnus. J’ai souvent l’impression d’aller prélever dans cette décharge des fragments, des éclats, qui sont les germes du poème.


Je ne sais pas si Ko Un serait d’accord avec Bernard Noël pour souhaiter l’anonymat. Il se peut qu’il le souhaite maintenant pour une autre raison. Depuis de nombreuses années, il était considéré comme le grand poète de son pays et son influence était grande. A l’heure actuelle, il est l’objet d’accusations de harcèlement sexuel à l’encontre de jeunes écrivaines et son nom est vilipendé à un tel point que le gouvernement coréen, entre autres mesures, a décidé de faire disparaître son nom des livres d’école. Voilà le débat relancé. Catherine Deneuve affirme qu’elle peut très bien admirer l’oeuvre de Polanski sans prendre en compte sa vie privée. D’autres estiment que le comportement de Céline pendant l’Occupation rend difficile la lecture de Voyage au bout de la nuit. Ko Un a exprimé publiquement ses regrets: “Si mon comportement passé est vu comme du harcèlement selon les normes actuelles, je crois que j’ai mal agi et je le regrette”. Cela n’a pas suffi. Espérons qu’un jour ses poèmes, qui ne sont coupables de rien, deviendront, comme Ko Un le souhaitait, “une volée d’oiseaux” anonymes.


Christian Garaud


Notes - Œuvres traduites en français
  • QU'EST-CE ?, poèmes zen, traduit du coréen par No Mi-Suk et Alain Génetiot, Paris, Maisonneuve et Larose, 2000 ;
  • Sous un poirier sauvage, traduit du coréen par Han Daekyun et Gilles Cyr, Belval (France), Éditions Circé, 2004.
  • Poèmes de l'Himalaya, traduit du coréen par No Mi-sug et Alain Génetiot, Decrescenzo Éditeurs, 2015
  • Fleurs de l'instant, traduit du coréen par Ye Young Chung et Laurent Zimmermann, Éditions Circé, 2016.



15 janvier 2020 - Toujours un grand plaisir d'annoncer de nouveaux poètes Dailleurs. 

En février, nous accueillerons Carolyne Cannella dont les multiples talents nous avaient déjà séduits en automne dernier et en mars, nous aurons le plaisir de découvrir Benoit Jeantet dont l'oeuvre vaut le détour Dailleurs !

D'ici quelques jours, la chronique (tant attendue) de Christian Garaud ainsi qu'un autre billet de Florent Toniello sur un recueil véritablement Dailleurs pour diverses raisons....
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 8 janvier 2020 - Le seuil de la nouvelle année est bel et bien franchi ! 

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Comme je m’apprête à poster ici le billet de Florent Toniello sur la revue l’intranquille (numéro 17 – Atelier de l’agneau éditeur) tout en profitant de l’occasion pour annoncer (non sans fierté) la publication de son livre Ganaha aux éditions Jacques Flament, je me rends compte avec effroi que mon dernier message ne s’est pas enregistré sur le site de Dailleurs ! Tout avait disparu : mes vœux, un poème de Verlaine, l’annonce des nouveaux billets à paraître, etc.
 
Dans mon message, j’adressais mes vœux à tous les amoureux de poésie, à l’équipe Dailleurs qui m’a soutenue depuis les débuts de ce petit blog modeste et à nos lectrices et lecteurs.  Tant pis !  Revenons à l’objet (double) du message d’aujourd’hui : le billet de Florent sur l’intranquille et son livre Ganaha que j’ai eu le plaisir de découvrir avant sa publication.
 
Il n’est pas nécessaire de présenter Françoise Favretto dont l’engagement pour faire connaitre et vivre la poésie contemporaine est bien connu.  Florent, dans son billet, réitère l’intérêt que nous portons à la belle revue, dont l’élan ne s’arrête à la palette des poètes qui y figurent tels Victor Roussel et son style dépouillé ou Zoé à la poésie désarmante d'authenticité face au lecteur citadin.  On y trouve aussi des réflexions conceptuelles, en l’occurrence ici sur la « poésie pulsée », des critiques et un dossier intitulé « villes fantômes ». Découvrez le billet de Florent en cliquant ici !
 
Et maintenant, passons à Ganaha, un conte futur dans une langue passée,  qui se laisse lire, si bien, si vite. On se trouve dans un conte où les temps se mêlent, le passé, le futur, qu’importe, tant l’action et le style séduisent. Les accords poétiques ajoutent encore à la sensation d’être transporté dans l’histoire et son rythme. Qui se laisse lire tout en étant leste, dynamique.  On y retrouve Florent et son accent généreux avec un brin d’astuce. On aime ! Ne vous en privez pas : cliquez ici ! 
 
Bientôt, la chronique de Christian Garaud qui donne (encore et toujours) à penser. Avec Christian, on se tourne vers la poésie philosophe ou la philosophie poétique (souvent mais pas toujours aux arômes orientaux).  La prochaine chronique concerne le poète coréen Ko Un et ne manque pas de soulever la question du lien (ou de la distinction) entre la vie privée de l’artiste et son œuvre. Un extrait de Mes poèmes figure A la Une de cette page d’accueil.
 
Nous aurons le plaisir dans les semaines à venir de continuer à offrir les chroniques de Christian, de Florent et de Valérie CdC ainsi que les lectures en musique d’Anna. Il y aura aussi d’autres poètes Dailleurs (n’oubliez pas qu’une poignée de textes suffit initialement).
 
Dailleurs est donc bien entouré, bien soutenu ; il ne me reste donc qu'à vous souhaiter une belle année poétique ! 

21 décembre 2019 -

Dailleurs et son équipe sont en vacances. Nous vous retrouverons après la saison des "fêtes de fin d'année" que nous vous souhaitons belles, sereines, amicales, amoureuses, joyeuses.... et poétiques.

Merci à Anna pour ses voeux que nous partageons avec bonheur. 

15 décembre 2019 - Alejandra Pizarnik vu par Christian Garaud
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Le moment (à la veille des vacances, des fêtes de fin d'année) n'est probablement pas propice à la morosité. Ou peut-être qu'il l'est et que l'esprit festif n'est après tout que l'expression ou le reflet, dans un monde "à l'envers' du mal de vivre qui l'anime. 
Christian Garaud, chroniqueur Dailleurs au regard doux, ouvert à tous, véritable complice de l'esprit de Dailleurs, parle ici ( fait découvrir pour certains d'entre nous) Alejandra Pizarnik, poète dont l'écriture servait à absorber son sentiment de vide intérieur. 
Christian commence par citer un vers magnifique de Pizarnik :  "J’ai sauté de moi jusqu’à l’aube" avant d'expliquer, en peu de mots évocateurs, l'étendue de son mal être.  Il conclut : "Il y a des poètes pour qui la réalité est une monstrueuse erreur..".

​Alejandra Pizarnik

J’ai sauté de moi jusqu’à l’aube.
J’ai laissé mon corps près de la lumière
et j’ai chanté la tristesse de ce qui naît.


Ce poème, le premier de L’Arbre de Diane (1962) donne le ton de l’oeuvre d’Alejandra Pizrnik, née et morte à Buenos-Aires (1936-1972). Elle a publié ce recueil lors d’un long séjour en France (1960-1964). On y trouve des poèmes d’une remarquble concision. Ici, trois vers suffisent: l’image frappante du premier vers évoque la naissance, le deuxième suggère une vie heureuse, ce que le troisième contredit immédiatement. On comprend qu’Alejandra Pizarnik ait gardé près de son bureau cette citation d’Antonin Artaud: “Il fallait d’abord avoir envie de vivre”. Un passage de son journal (Corti, 2010) donne une bonne idée de son mal de vivre (pp 131-132). Elle est à Saint-Tropez pendant l’été 1962:


    “Au lieu de rester enfermée dans ma chambre, je devrais aller visiter le village, parcourir les vieilles ruelles, regarder les gens. Pour moi, revenir d’un endroit sans l’avoir vu est un motif de fierté. Dire “non” plutôt que “oui” m’émeut. Aujourd’hui, alors que je parlais (difficilement) avec [m.l.], voici ce qu’elle m’a dit à propos de quelqu’un “il a quelque chose que j’admire profondément: un intérêt pour les choses, une façon de vivre à fond tout ce qui lui arrive”. A cet instant, je me suis sentie angoissée. Je suis tout le contraire. Et en l’écrivant, mon angoisse augmente car je sens que je ne suis rien, que je n’ai rien fait, que je ne ferai rien et que la littérature est la piètre excuse que je donne et que je me donne pour pouvoir rester enfermée dans une pièce pleine de livres et de papiers, dans un désordre tout intellectuel.
    Pourtant, quand je lis et écris en en ayant envie, ma vie ne me semble pas pauvre. Tout au contraire. Ce qui me fait me sentir pauvre et idiote, c’est de partager le rythme des gens dits “normaux”, comme à présent, par exemple, pendant que les autres nagent, font du bateau, prennent le soleil, parlent de choses futiles, mangent et boivent avec plaisir… Autre chose m’a fait mal, ma rencontre avec Marguerite Duras, hier: elle était ravie de ses quatre bains de mer quotidiens, elle m’a parlé de ses amis, de son fils, de son chien, de nourriture, de voitures de sport et tout ça, sans aucune angoisse, sans phrases définitives, sans littérature, simplement, comme quelqu’un qui appartient à ce monde et participe de lui pleinement. Moi, à l’inverse, je suis toujours si loin, au bord de l’abîme, j’éprouve une douleur aiguë lorsque je me baigne dans la mer, je souffre sous les rayons du soleil, j’ai envie de mourir de tristesse quand je joue avec les enfants de X., je sens de toutes mes forces que je ne peux pas vivre, que je suis tendue et défaite, un pauvre déchet humain, dépressive sans être maniaque, mais inapte à tout.”


Angoisse, tristesse, douleur, souffrance: des mots qui reviennent très souvent dans les poèmes comme dans le journal. Alejandra Pizarnik ne cesse d’y noter les mouvements contradictoires qui la tourmentent: son plaisir de manger et son dégoût que ce plaisir lui inspire, sa peur et son désir de solitude, sa peur de la folie et son horreur de la “normalité”, son désir d’être aimée et son refus de l’amour qui s’offre à elle.Aussi est-elle hantée par le peur d’être deux:


Le poème que je ne dis,
celui-là que je ne mérite.
Peur d’être deux
sur la route du miroir:
quelqu’un qui dort en moi
me mange et me boit.


et ailleurs:


J’aurais aimé me voir dans une autre nuit
hors du délire d’être deux chemins du miroir.


Mais cette souffrance est à l’origine de ses poèmes. “Je souffre ou je me tais”. note-t-elle dans son journal. “Ecrire, c’est donner un sens à la souffrance”. Tels sont les bons jours:


Jours où une lointaine parole s’empare de moi. Je m’avance à travers eux somnambule et transparente. La belle automate se chante et s’enchante, elle se conte cas et choses: nid aux fils rigides où je me fais danse et me pleure à mes multiples funérailles. (Elle est son miroir en feu, son attente dans des brasiers froids, son élément mystique, sa fornication de noms qui montent solitaires dans la nuit blafarde).


ou encore:


pour une minute de vie
brève et unique aux yeux ouverts
une minute où l’on verrait
dans le cerveau de menues fleurs
dansant comme des mots dans la bouche d’un muet


ou encore:


expliquer avec des mots de ce monde
qu’un bateau est parti de moi en m’emportant


Le 30 octobre 1962, Alejandra Pizarnik note dans son journal:


“Ne pas oublier de se suicider.
Ou trouver au moins une manière de se défaire du je, une manière de ne pas souffrir. De ne pas sentir. De ne pas sentir surtout.”


Elle est passée à l’acte le 25 septembre 1972. Qui a dit: “Rien ne ressemble à une erreur comme la réalité”> J. Paulhan? G.K. Chesterton? Peu importe. Il y a des poètes (ils ne sont pas les seuls) pour qui la réalité est une monstrueuse erreur et ils ne s’y résignent pas.


PS J’ai lu L’Arbre de Diane dans Alejandra Pizarnik, Oeuvre poétique, édition préparée par Silvia Baron Supervielle, Actes Sud, 2005.



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13 décembre 19 - Au lendemain des élections ayant eu lieu au Royaume Uni, je partage ma lassitude avec mon amie poète Anna Jouy.  
La poésie est bien d'ailleurs que d'une réalité politique affligeante sinon terrifiante.  Elle nous lie, elle nous révèle les choses en profondeur, en modèle multidimensionnel, (qui manque cruellement à notre environnement bourré de platitudes mensongères).

Justement, voici donc un texte d'Anna Á La Une, histoire de se relier à soi-même.

​Toujours un privilège de lire Anna Jouy ! 

Et bientôt la chronique de Christian.  De quoi vouloir lire Dailleurs ! 
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3 décembre 19 - Il est temps..
à l'approche des "fêtes" de fin d'année, voici que nous nous penchons sur ce qui nous unit, la famille, les amis, les langues que nous parlons ensemble.  Cependant, comme nous le savons bien, ce qui nous unit parfois nous désunit aussi.  Alors il est bien temps à l'approche de ces fêtes, de ces célébrations du plaisir d'être ensemble ou simplement d'un moment de répit tranquille et solitaire, de saisir l'occasion pour lire ou relire de la poésie.  Parce qu'elle traverse les frontières et le temps (tous les temps). 
Commençons par DON JUAN & le mode turbo le premier recueil de Martin Payette paru aux éditions À l'Index, dont la chronique (offerte par Florent Toniello) ne manquera pas de nous encourager à nous le procurer.  C'est vrai qu'on aime chez Martin le rythme, l'humour, le côté quasi mais pas complètement déjanté qui laisse la place à une grande sensibilité. Cliquez ici pour en savoir plus et découvrir la chronique de Martin ! 


3 décembre 19 -  Vous adorez les chansons de Reno Bistan ? 

Bonne nouvelle ! Le dernier disque est arrivé, mais, avant sa sortie "officielle", pour élargir sa diffusion et notamment réaliser de superbes clips, le "crownfunding" a besoin de vous !

Alors si ce n'est déjà fait, n'hésitez pas à verser votre obole qui sera très appréciée. Cliquez ici ! 

Pour celles et ceux qui ont déjà soutenu le projet, le disque et la carte officielle du Bistan arriveront à domicile dès la semaine prochaine.
 

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2 décembre 19 -  Luminitza C Tigirlas nous offre un recueil qui se lit "d'un seul souffle", un recueil triste et discret à la fois sur la disparition de son amie. 
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Découvrez-le grâce au billet de Florent Toniello dont la lecture semble aussi juste que les mots choisis de Luminitza. 


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22 novembre 19 -  Martin Payette nous rejoint de Montréal où Martin Payette travaille comme enseignant en francisation avec les immigrants . Il a publié dans plusieurs revues de poésie (Estuaire, Exit, Recours au poème, etc.) et a participé à bon nombre de lectures publiques. Il a récemment publié un premier recueil de poésie, Don Juan et le mode turbo, dans la collection Plaquettes de la revue et maison d’édition À l’index.


Dailleurs a tout de suite aimé l'humour de Martin,  le rythme rapide, la profondeur (cachée mais pas toujours) de l'écriture.  Nous nous sommes sentis "pris" dans son élan.  Le billet de Florent Toniello sur Don Juan et le mode turbo (à paraître ici) nous en dira plus sur Martin mais en attendant,pour en savoir plus et découvrir certains de ses textes, il suffit de cliquer ici ! 


15 novembre 19 -  C'est toujours un grand plaisir de présenter la chronique de Christian Garaud.  La voici !  Quel éclat ! Nous nous réjouissons de retrouver des échos de François Cheng et de la poésie chinoise.
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​Tout au long du chemin que j’ai suivi;
Sur la mousse: traces de mes souliers.
Nuée blanche appuyée à un îlot calme;
Obstruant les portes, l’herbe parfumée.
Je regarde l’éclat des pins après la pluie;
Je longe le mont pour arriver à la source.
Fleurs du ruisseau et quiétude de l’esprit
Se font face: les paroles sont oubliées.


Encore un poème chinois (que l’on me pardonne). Cette fois de la dynastie des Tang. Intitulé “En cherchant le taoïste Chang du ruisseau du sud”, il a été écrit par Liu Changqing (709-790). Pourquoi me fascine-t-il? Sans doute à cause du regard attentif que le voyageur porte sur ce qu’il voit au loin, mais aussi tout près de lui. Du plus proche au plus lointain: d’abord la mousse, les traces de soulier, l’herbe, les fleurs; puis les pins; enfin la montagne, l’îlot, le nuage. D’autres notations sensorielles enrichissent la description: le parfum de l’herbe, les gouttes de pluie dont on comprend qu’elles brillent dans les branches. D’autre part, la durée du voyage n’est pas précisée: “tout au long du chemin”… La longueur du voyage est suggérée par ces notations qui disent l’émerveillement du voyageur, émerveillement qui atteint son point culminant dans les deux derniers vers. On y voit que le terme du voyage est aussi le terme d’une méditation: ce qui rend toute parole inutile, c’est que le poète se sent en parfaite harmonie avec ce qui l’entoure. Il n’a pas trouvé son ami taoïste, mais il a trouvé sa sérénité.


Après avoir relu ce poème, j’ai pensé à la question qu’un journaliste posait récemment à Fançois Cheng, poète lui-même, spécialiste de la poésie sous la dynastie des Tang, et qui, de son propre aveu, a “un vieux fond taoïste”: “C’est encore possible aujourd’hui de s’émerveiller du spectacle du monde comme vous le faites dans vos livres ?” La question est d’autant plus pertinente quand on pense aux détails biographiques donnés par Cheng dans cette interview (La République des livres, 14 mars 2017, à propos de son dernier livre: De l’âme). Il y parle entre autres choses du problème du Bien et du Mal. Né en Chine en 1929, il ne vient en France qu’en 1948. Entre temps, il a vécu “les épidémies de tuberculose et de choléra, la guerre sino-japonaise de 1937 à 1945 avec ses bombardements sur les populations dans l’exode, puis la guerre civile à partir de 1946”. Voici l’expérience qui l’a marquée pour la vie:


“Le 7 juillet 1937, quand l’armée japonaise a traversé le pont Marco Polo près de Pékin et envahi la Chine, nous étions au mont Lu, un haut lieu hanté depuis l’antiquité par les religieux, les ermites, les peintres et les poètes. Nous vivions dans ce monde d’innocence au moment des événements, c’était couvert de neige ; quand nous sommes descendus de ce paradis abritant la beauté du monde, tout était à feu et à sang. Et il y a eu le massacre de Nankin, des populations qu’on mitraille et qu’on enterre vivante en forçant les Chinois à creuser eux-mêmes le fosses dans lesquelles on les a précipités, des femmes violées puis poignardées au sexe, des concours de décapitation au sabre entre soldats qui photographient leurs trophées. J’avais 8 ans et la scène la plus cruelle, celle qui n’a jamais quitté ma mémoire depuis, c’est des soldats chinois attachés vivants à un poteau afin que des soldats japonais puissent s’exercer à la baïonnette. J’étais petit mais je savais déjà qu’aucune vérité n’est valable si elle ne répond pas à ces deux interrogations : d’un côté la beauté de ce que l’âme humaine peut appréhender et en même temps le mal absolu incarné par le massacre de Nankin. Pour moi, tout s’est concentré en une année.”
 
D’où, pour Cheng, sans être croyant et sans pratiquer aucune religion, la nécessité de ne pas se limiter à la perspective taoïste: “La voie taoïste me permet de me situer dans un contexte vrai et large ; le fait christique me permet de jauger les choses au niveau des êtres. J’essaie d’intégrer tout ce qui répond à mes interrogations quelle que soit la provenance. Elles me ramènent toujours à mes 8 ans et à l’année 1937. J’ai compris à jamais qu’il faut tenir les deux bouts. Si on me donne une vérité qui ne répond pas à la beauté absolue et au Mal absolu, ça ne m’intéresse pas. Je conserve un vieux fond de vision taoïste : la Voie, toujours. Je n’y donne pas trop de contenu mais je sais que la vie personnelle est une aventure. Cette voie est juste, c’est un enseignement, je lui fais confiance mais il n’est pas assez incarné. Il n’y a pas d’autre aventure que la vie, de l’inattendu à l’inespéré, la mort en fait partie. Par la suite, j’ai aussi rencontré la voie christique. Le Christ a relevé le défi : il a affronté le mal absolu et incarné le bien absolu, par le geste et la parole. J’ai les deux voies en moi. Pas de reniement mais une sorte de continuation vers plus d’amitié au sens où l’entend Simone Weil, d’incarnation, de geste, de reconnaissance, de signes, d’où ma rencontre avec saint François quand j’ai été à Assise. Mais si vous me demandez comment je conçois l’aventure de la vie, ma réponse restera marquée par mon vieux fond taoïste. Cette voie est fondée sur l’idée de transformation, mot-clé des Sonnets à Orphée de Rilke. Le devenir de l’univers vivant nous dépasse, ce n’est pas à nous d’en tirer les conclusions. A la fin de ses mémoires, Albert Schweitzer qui était pourtant chrétien, se montrait taoïste en ce qu’il faisait son critère de la question : est-ce dans le sens de la vie ?”


“Et dans le sens du vide …”, ajoute le journaliste. “Le vrai vide implique une donation totale. Atteindre le vide c’est épouser ce moment où le souffle fait advenir les choses. On est là dans l’origine de l’être. Le taoïsme reconnaît que du rien est venu le tout. Il éprouve la nostalgie des retrouvailles avec ce moment, celle des origines. Le tout a vaincu le rien. Quelque chose a été capable de faire advenir le tout à partir du rien. Le vide est tout sauf le néant.”


“Les paroles sont oubliées” dans le poème de Liu Changqing, mais, rappelle Cheng, la beauté du monde et la sorte d’épiphanie qu’elle fait naître ne sont pas pas à placer dans un au-delà du Bien et du Mal.   



9 novembre 19 -  Carolyne Cannella est professeur d'enseignement artistique, guitariste-luthiste-concertiste, récitante, auteur, poète, traductrice (italien, portugais, espagnol), etc..  Disons pour faire plus bref qu'elle est musicienne, artiste, linguiste et écrivaine. 
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Le texte à la Une intitulé Fluence illustre son bien son style dont Florent Toniello nous entretient dans sa chronique de Parcelles d'infini, paru aux éditions Alcyone dans la collection Surya. Cliquez ici pour découvrir la note de lecture de Florent ! 


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4 novembre 19 - Écoutons donc encore un peu de Toniello 
Son Requiem sur Radio Luxembourg nous amène vers des sentiers bien éloignés de ceux des écoliers de son précédent Dans la cour de l'école mais le style enlevé et un brin insolent nous est maintenant familier et très cher  ! 
Écoutez donc en cliquant ici ! 

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1er novembre 19 - 

​Martin Payette 
rejoindra prochainement le club Dailleurs.    Martin Payette est enseignant à Montréal. Il est publié en revue et offre des lectures.  Son premier recueil de poésie, Don Juan et le mode turbo, vient de paraître dans la collection Plaquettes de la revue et maison d’édition À l’index.
Nous avons le plaisir donc de le recevoir et/ou de le découvrir chez Dailleurs !
Ce qui nous réjouit aussi, c'est que Florent Toniello nous offrira sa chronique sur Don Juan et le mode turbo très bientôt.
Nous sommes gâtés ! 
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Paragraph. Cliquer ici pour modifier.

22 octobre 19 - 

​Florent Toniello



nous régale l'esprit avec des histoires de libéralisme et de communisme dans la cour de l'école !  Écoutez donc cet enregistrement fait au Luxembourg dans le cadre de l'opération "100 jours - 100 poèmes - 100 secondes". Exquis !
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22 octobre 19 -  Luminitza C. TIGIRLAS nous fait part de la publication de son recueil 
​Ici à nous perdre
aux éditions du Cygne
(Illustration de couverture de Doïna VIERU)
Voici ce qu'écrit Luminitza sur ce recueil : "Ce livre est un poème-déchirure écrit pendant l'agonie de mon unique amie, les vers portent l'amour et la  brûlure autant de la mort que de la vie..."
Vous trouverez Ici à nous perdre aux éditions du Cygne et en cliquant ici ! 

22 octobre 19 -  OSTASHEVSKY

Dire que la poésie, c'est avant tout la langue, n'est rien d'autre qu'énoncer une tautologie (pourtant combien nécessaire dans un monde où la langue (le sentiment de la langue) peut séparer plutôt qu'unir.  Le recueil Le Pirate Qui Ne Connaît Pas la Valeur de Pi d'Eugène Ostashevsky (Atelier de l'agneau) dont un extrait figure À la Une, nous propose de prendre le temps de jouer avec les mots, avec ses couleurs et ses connotations. 


13 octobre 19 - Nous sommes toujours heureux d'accueillir Marcelle Kasprowicz sur la page d'accueil.  Comme l'automne guette et s'approchent les longues soirées douillettes, Marcelle tourne notre attention vers la lumière, la mélodie lunaire. 

​La veilleuse
 
Derrière les persiennes mi-closes
le lit
encore vierge
 
La veilleuse allumée
serre dans ses bras
le silence
le berce de sa mélodie lunaire      
 
Es-ce la nuit ou la veilleuse
qui découpe ce silence
en lames lumineuses
 
Elles s’échappent
et dessinent sur les passants
de minces rayons de lune


7 octobre 19 - Comment ne pas adorer lire les billets de Christian Garaud ? 

Le dernier billet que Christian nous livre est exactement dans l'esprit de Dailleurs : à la croisée de la poésie, des voyages et des songes du quotidien.  Voici qu'il nous parle de George Perros, de Jean Paulhan et de Hermann Hesse dans la même foulée, qu'il nous entretient du sentiment de la vieillesse, de la "déshabitude", de la joie, le tout dans la pespective poétique qui le caractérise. 
Et comme nous ne souhaitons rien perdre de cet esprit subtil, joyeux et poétique, voici le billet d'octobre de Christian Garaud dans son intégralité:


Dans le carnet d’adresses qui ne me quitte pas, j’ai noté il y a vingt ans deux citations auxquelles je pense souvent depuis que j’ai pris ma retraite. Tirée de ses Papiers collés, la première est de Georges Perros:


Curieux comme les hommes d’un certain âge le mésestiment, Icare, et consentent plus volontiers à parler du bonheur qui, disent-ils, s’acquiert comme les cheveux blancs et les rhumatismes […] Il n’y a plus qu’à être heureux quand il n’y a plus qu’à mourir.


Mort à 54 ans, Perros a échappé à la vieillesse. Souhaitait-il vivre longtemps? Certainement pas à n’importe quel prix. Exigeant, dur avec lui-même, on peut l’imaginer avec rhumatismes et cheveux blancs, mais certainement pas heureux en attendant la mort.


La deuxième citation est tirée d’un entretien de Jean Paulhan à la radio en 1952 (Entretiens à la radio avec Robert Mallet, Préface de Jean-Claude Zylberstein, Gallimard, 2002). Il avait alors 68 ans. “Je suis né en 1884. Je serai donc bientôt au bord de la vieillesse”, déclare-t-il:


La vie est généralement joyeuse. Si l’on s’arrêtait un instant d’être heureux, on s’arrêterait de vivre. Elle est joyeuse dans les pires moments, elle a un goût de joie comme les roses ont une odeur de rose.


J’aime dans ces remarques deux façons très différentes de voir la vie. Il est clair que celle de Perros oppose avec ironie une jeunesse qui prend des risques à une vieillesse pantouflarde et résignée. Celle de Paulhan, en revanche, laisse de l’espoir aux personnes qui prennent de l’âge. Le bonheur n’est pas pour lui le résultat d’un renoncement. Pourquoi “l’odeur de rose” disparaîtrait-elle avec le temps si la vie est “joyeuse dans les pires moments”? Question de tempérament? Dominique Aury, qui l’a bien connu, a fait un portrait de Paulhan dans Vocation clandestine  (Gallimard, 1999) : Il trouvait le moyen d'être heureux pour rien, pour un rayon de soleil, pour un animal qui passe, le son d'une voix […] Toute sa vie, il a eu d'une façon infiniment consciente et presque délibérée, un don du bonheur, un don d'être là, d'être présent et de trouver ça passionnant, qui était très tonique.


J’ai de nouveau pensé à ces deux citations en relisant Eloge de la vieillesse (Calmann-Lévy, 2000), recueil de poèmes et de proses d’Hermann Hesse (Prix Nobel 1946) d’où je tire  “Etapes d’une vie” (traduit de l’allemand par Alexandra Cade):


Toute fleur se fane, toute jeunesse est vaincue
Par la vieillesse; ainsi chaque étape d’une vie
Toute sagesse acquise comme toute vertu
S’épanouit en son temps et ne dure qu’un moment.
A chaque appel de la vie,
Le coeur doit savoir dire adieu et tout recommencer
Pour constituer des liens nouveaux, différents,
S’y engager avec bravoure et sans regret.
Chaque début recèle une magie cachée
Qui vient nous protéger, nous aide à vivre après.


Les espaces successifs doivent se franchir gaiement
Ne pas être chéris comme autant de patries,
L’esprit du monde ne nous enferme ni ne nous lie,
A chaque étape il nous libère, nous fait plus grands.


Dès que nous pénétrons une sphère de l’existence,
Que nous y sommes chez nous, nous risquons l’apathie;
Seul l’homme qui ne craint ni départ ni distance
Echappe à l’habitude qui l’engourdit.
Peut-être que la mort à son heure arrivée,
Nous mènera, pleins d’allant, vers des lieux incertains;
En nous, l’appel de la vie résonnera sans fin…
Alors, mon coeur, prends congé et soit enfin sauvé!


Comme Eloge de la vieillesse est composé de textes écrits par Hesse à partir de la cinquantaine à différentes époques de sa longue vie (il est mort à 85 ans), le ton et le point de vue varient avec l’humeur du moment. Tel passage pourrait donner raison à Perros:


Comme il est merveilleux pour les vieilles gens
De goûter un bourgogne au coin du feu
Et de partir enfin sans adieux douloureux -
Mais pas encore, un peu plus tard, pas maintenant!


Tel autre fait penser à Proust:


L’éphémère possède un charme merveilleux, un charme d’une brûlante tristesse. Mais il y a plus de beauté encore dans le passé qui n’est pas révolu, qui ne s’éteint pas, se perpétue secrètement, dans le passé qui recèle une éternité cachée, refait surface dans la mémoire et se tapit dans les mots qu’il faut sans cesse invoquer!


Mais le point de vue qu’Hesse adopte le plus souvent est celui exposé dans le poème “Etapes de la vie”. L’idée que la vie nous fait passer par différentes étapes n’y fait qu’un avec celle d’un renouvellement que seule la mort va interrompre. (Il est question ailleurs dans le livre de “métamorphoses”). Chaque nouvelle étape est présentée comme libératrice. Elle permet d’éviter le risque de se satisfaire de la précédente. On est loin de la résignation et la tâche n’est pas aisée. Hesse aurait-il lui aussi mésestimé Icare? Pas sûr. Voilà qui va bien également avec l’idée de “déshabitude” sur laquelle Paulhan revient à plusieurs reprises dans les entretiens déjà cités.


Un mot encore à propos des citations du début: pourquoi les garder dans mon carnet d’adresses? Eh bien, je relis celle de Perros lorsque j’ai peur d’être content de moi, et celle de Paulhan quand j’ai besoin de me remonter le moral.


PS Depuis des dizaines d’années, j’éprouve de la répugnance vis-à-vis de l’adoration que les Américains par exemple vouent de plus en plus à la jeunesse et aux adolescents. Mais plus encore, c’est l’élévation de cette jeunesse au rang de condition sociale, de classe, de “mouvement”, qui me déplaît profondément. Hesse est mort en 1962. Que dirait-il aujourd’hui? Tout de même, vive la jeunesse!


Christian Garaud 
Billet d'octobre 19




5 octobre 19 - L'atelier de l'agneau nous annonce la sortie imminente du No 17 de L'Intranquille.

Aperçu du sommaire :

entretien avec Liliane Giraudon
 
Traductions :
Heleno Godoy
Sacha Piersanti
 
Auteurs : 
Antoine Bertot Victor Roussel Benoit Sudreau Fabien Neyrat Victor Rassov Zoé Eva Baptiste David Ravet Delphine Evano Anne Malaprade Antoine Moreau Alain Biron Christine Tourasse
 
Villes Fantômes :
Elisabeth Morcellet > Christophe Siébert > Nic Sirkis > Kafka > Ivar Ch’Vavar > Frédéric Dany > Tristan Felix >
Brigitte Stern > Jacques Cauda > Julia Lepère
 
ÉTUDE Anna Serra : Poésie Pulsée
 
CRITIQUES                                      
par J.-P. Bobillot Marie Cazenave Matthieu Gosztola Myrto Gondicas Françoise Favretto Jean Esponde

Il est bon de lire (ou découvrir) cette belle revue riche en textes et auteurs francophones ou en traduction. 
Renseignez-vous en cliquant ici ! 
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29 septembre 19 -

​Nous avons la chance de pouvoir écouter...


des enregistrements de cinq de poèmes de Florent Toniello (auteur et chroniqueur Dailleurs) vont être diffusés d’ici à fin décembre : c’est l’opération « 100 jours - 100 poèmes - 100 secondes » sur la radio publique luxembourgeoise. Écoutez en cliquant ici, c'est délicieux ! 



Florent Toniello - auteur et chroniqueur Dailleurs
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21 septembre 19 - La bête de l'est d'Oz Hardwick a rejoint le Blog de Valérie ...

...laissant ainsi la place à un magnifique texte de Dassine Oult Yemma sur les différences entre l'écriture du peuple nomade dont elle est issue et l'écriture occidentale et sur l'importance finalement de la notion de guide, de direction dans l'écriture en général.

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26 septembre 19 - Sandrine Daraut rentre de voyage et nous offre ses images, rêves ,ses mots d'ailleurs 
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Liber  -  Thé
 
 Sur l’eau, dans les airs
Je te cherche…
Encore et toujours, mon Amour.
 
 Je te trouve et te retrouve, aussi toujours, au fil de ces mots…
Que je décris, en toute sincérité, comme des idéaux.
 
 L’absolu n’existant pas,
A plume déçue, à rime malvenue, et cetera
Les maux répondent.
 
 
​Alors que la pensée vagabonde,
La page peut devenir plage – où même les coquillages s’envolent…
En résonant l’amer.
 
 L’arbre à thé condamne à la solitude…
Alors que nul n’est exempt de contraintes physiologiques.
 
 Le compromis… Dans la logique.
Et, tu n’existes plus… Maudite.



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24 septembre 19 - Anna Jouy et Renée Spicher vous invitent à la présentation de leurs Carnets Encre et Poésie :

le 4 octobre à 17h30 
Grand-Clos 16
Avry/Matran

On aimerait tous y être - alors si vous êtes dans le coin, vous avez de la chance ! Profitez-en !
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16 septembre 19 - Florent Toniello nous offre son billet.


​Un billet qui ne manque pas de donner envie de découvrir pour certains, de lire, de dévorer  le dernier recueil d'Erich von Neff,
Le Cabaret de la souris rugissante paru aux éditions de l'Atelier de l'agneau. 

Et pour nous mettre en appétit, voici l'entrée en matière de Florent :

"Y a-t-il un mystère Erich von Neff ? Peut-être : né en 1939 aux Philippines, le docker de San Francisco, passé par divers métiers — dont celui de soldat dans la marine —, est titulaire d’une maîtrise de philosophie de l’université d’État de San Francisco et d’un troisième cycle de l’université de Dundee en Écosse. Même si rien dans sa succincte biographie ne le rattache formellement à la France, ses publications y sont nombreuses, qu’il s’agisse de poèmes (je l’ai personnellement découvert dans la revue Décharge), de nouvelles ou de romans...."
Lire la suite 

             


10 septembre 19 - Paul Roddie, poète Dailleurs, lu par Anna Jouy. 

Allongé sur la jetée, le poème figurant sur la page du poète, est rendu avec une mélancolie profonde et un air de questionnement par Anna.  L'écoute ne manque pas de nous projeter dans la réflexion et la méditation propres à la poésie et aux paysages marins. 
Je pense à l'Ecosse, mon pays adoptif et je remercie Anna et Paul. 
​Cliquez ici ! 
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7 septembre 19 - Christian Garaud nous livre "Pasolini"

J'attends désormais avec impatience les billets que Christian m'adresse chaque mois. Il m'amuse, il m'inspire, il m'émeut avec son style sautillant et profond à la fois. Avec sa façon quasi désinvolte d'aborder des sujets complexes, avec son âme de poète, Christian "makes my day" comme on dit en anglais. Anglophone, il comprendra cette expression dont la traduction est si difficile à rendre .
Son dernier billet (figurant ci-dessous dans son intégralité) m'a replongée dans le passé : la  rentrée, l'école, ma soif de liberté (si grande chez les poètes), mon désir d'échapper au "tout" de la vie sociale imposée pour n'en faire, finalement, "qu'à ma tête".  C'est un recueil de poèmes de Pasolini intitulé "Adulte ? Jamais" qui donne lieu à une réflexion "à la Christian Garaud", une promenade qui laisse au lecteur toute sa liberté de pensée et de "divagation". 

Le billet de Christian Garaud 

Il y a quelques années, j’ai aperçu chez mon libraire un livre de poèmes que j’ai tout de suite acheté à cause du titre: Adulte? Jamais (poèmes choisis de Pasolini présentés et traduits de l’italien par René de Ceccatty, Points, 2013). Les deux mots du titre sont les premiers du poème que voici:


Adulte? Jamais. Jamais: comme l’existence
Qui ne mûrit pas, reste toujours verte,
De jour splendide en jour splendide.
Je ne peux que rester fidèle
A la merveilleuse monotonie du mystère.
Voilà pourquoi, dans le bonheur,
Je ne me suis jamais abandonné. Voilà
Pourquoi dans l’angoisse de mes fautes
Je n’ai jamais atteint un remords véritable.
Egal, toujours égal à l’inexprimé,
A l’origine de ce que je suis.


Le poème date de 1950: Pasolini avait 28 ans. Dans sa préface, le traducteur se demande: “Quelle était la part de lui-même qu’il convoquait, en tant qu’individu inclassable et en tant que citoyen engagé, dans ses poèmes? La part la plus solitaire? La part la plus douce? La part la plus révoltée?” (p 10). Sans doute, ici, toutes les trois, mais surtout la troisième. Car qu’est-ce qui est “à l’origine de ce que je suis”? Dans un débat autour de l’école dans les années 70 où est posée la question de la  décentralisation linguistique et politique en Italie, un intervenant fait remarquer que, de son point de vue, la position de Pasolini mène à une impasse: “si nous considérons la langue comme un instrument personnel, nous finirons par arriver à une demande d’indépendance au niveau personnel”, ce à quoi Pasolini répond: “A un certain point, le moment anarchique qu’il y a en nous, que, par bonheur, il y a en chacun de nous, et même chez ceux qui l’ignorent, et qui se manifeste surtout chez les poètes, consiste très précisément en cela. Il s’agit de revendiquer l’indépendance totale, absolue, le séparatisme total, absolu en tant qu’individu […] A ce point nous lutterons contre des moulins à vent, parce qu’il s’agit d’un paradoxe; je l’ai dit comme une image poétique […] qui pourtant a son fond de réalité” (Po&sie, 109, 2004, p 50-51) Le refus de devenir adulte a pour origine “ce moment anarchique”, c’est-à-dire la revendication d’une “indépendance totale”  impossible à réaliser, mais dont le désir reste toujours présent. “Adulte? Jamais”, c’est aussi pour Pasolini opposer, pour des raisons éthiques, une fin de non-recevoir à la société dans laquelle il vit. Dans un poème autobiographique écrit peu de temps avant sa mort (Bête de style, ibid, p 65), Pasolini s’adressait à son double en ces termes:   


si je pleure comme perdue (pour moi) la manière
dont tu as vécu,
c’est parce que je pleure avec obstination
la façon dont j’ai vécu:
mais, au reste, aucune ne me paraît décente.


Pas de révolte dans le long poème de Peter Handke qui a pour titre “Chant de l’enfance” et qui rythme le film bien connu de Wim Wenders “Les ailes du désir”. L’enfant y “mûrit”. Mais, s’il accepte de devenir adulte, l’adulte qu’il devient reste fidèle à l’enfant qu’il a été. L’un et l’autre semblent faire bon ménage. En quoi le point de vue de Handke s’oppose non seulement à celui de Pasolini, mais à celui de l’apôtre Paul: Lorsque j’étais un enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant; lorsque je suis devenu homme, j’ai fait disparaître ce qui était de l’enfant .(Epître aux Corinthiens, I, 13)


Lorsque l’enfant était enfant,
Il marchait les bras ballants,
Il voulait que le ruisseau soit une rivière
Et la rivière un fleuve,
Et que cette flaque d’eau soit la mer.

Lorsque l’enfant était enfant,
Il ne savait pas qu’il était enfant,
Pour lui, tout avait une âme
Et toutes les âmes n’en faisaient qu’une.

Lorsque l’enfant était enfant,
Il n’avait d’opinion sur rien,
Il n’avait pas d’habitudes
Souvent, il s’asseyait en tailleur,
Partait en courant,
Il avait une mèche rebelle,
Et il ne faisait pas de mines quand on le photographiait.

Lorsque l’enfant était enfant, vint le temps des questions comme celles-ci :
Pourquoi est-ce que je suis moi et pourquoi est-ce que je ne suis pas toi ?
Pourquoi est-ce que je suis ici et pourquoi est-ce que je ne suis pas ailleurs ?
Quand a commencé le temps et où finit l’espace ?
La vie sous le soleil n’est-elle rien d’autre qu’un rêve ?
Ce que je vois, ce que j’entends, ce que je sens, n’est-ce pas simplement l’apparence d’un monde devant le monde ?
Est-ce que le mal existe véritablement ?
Est-ce qu’il y a des gens qui sont vraiment mauvais ?

Comment se fait-il que moi qui suis moi, avant que je le devienne, je ne l’étais pas,
Et qu’un jour moi qui suis moi, je ne serai plus ce moi que je suis ?

Lorsque l’enfant était enfant,
Il avait du mal à ingurgiter les épinards, les petits pois, le riz au lait et le chou-fleur bouilli.
Et maintenant il mange tout ça et pas seulement par nécessité.

Lorsque l’enfant était enfant,
Il s’est réveillé un jour dans un lit qui n’était pas le sien
Et maintenant, ça lui arrive souvent.
Beaucoup de gens lui paraissaient beaux
Et maintenant, avec beaucoup de chance, quelques-uns.
Il se faisait une image précise du paradis
Et maintenant, c’est tout juste s’il l’entrevoit.
Il ne pouvait imaginer le néant
Et maintenant, il l’évoque et tremble de peur.

Lorsque l’enfant était enfant,
Le jeu était sa grande affaire
Et maintenant, il s’affaire comme naguère
Mais seulement quand il s’agit de son travail.

Lorsque l’enfant était enfant,
Les pommes et du pain lui suffisaient comme nourriture,
Et c’est toujours ainsi.
Lorsque l’enfant était enfant,
Les baies tombaient dans sa main comme seule tombent les baies,
Et c’est toujours ainsi.
Les noix fraîches lui irritaient la langue,
Et c’est toujours ainsi.

Au sommet de chaque montagne, il avait le désir d’une montagne encore plus haute,
Et dans chaque ville, le désir d’une ville encore plus grande,
Et c’est toujours ainsi.
Au sommet de l’arbre, il tendait les bras vers les cerises,
Avec la même volupté qu’aujourd’hui,
Un inconnu l’intimidait,
Et c’est toujours ainsi.
Il attendait la première neige et toujours il l’attendra.

Lorsque l’enfant était enfant, il a lancé un bâton contre un arbre, comme un javelot
Et il y vibre toujours.

Adulte? Oui. Mais l’enfant n’est pas loin. C’est aussi ce que suggère Pierre Bergounioux:
Peut-être que le meilleur des soins dont on est continuellement occupé, les travaux et les fatigues de l'âge de raison, ne vont qu'à satisfaires les requêtes impossibles qu'on forma aux premiers jours. Si l'on croyait vraiment qu'on puisse apercevoir les mobiles effectifs de notre action, on n'aurait pas seulement sous les  yeux le prosaïque spectacle d'un type en train de suer sang et eau à faire chose ou autre. On discernerait, à trois pas de lui, l'ombre exiguë, le contour du gamin de cinq, huit ou quatorze ans dont il exécute aveuglément l'injonction.(Le Grand Sylvain, 1993).





29 août 19 - Atelier de l'agneau éditeur annonce la parution de:

                                   
Le cabaret de la souris rugissante d'Erich von Neff (traduit de l'américain par Jean Hautepierre).
​
et vous convie à une soirée poétique:

le mercredi 4 SEPTEMBRE à 20h 
LECTURES PUBLIQUES

Espace L’AUTRE LIVRE, 
13 r de l’école polytechnique*, 5°.

Avec :
Aldo Qureshi « Made in Eden », Collection 25, premier livre, 
et des inédits de son prochain livre.
Jean Hautepierre, traducteur de « Le Cabaret de la souris rugissante" d’Erich Von Neff (Amérique) :  collection transfert (traductions) n°10. NOUVELLE PARUTION AOUT 
Françoise Favretto lira des passages de "Récits instantanés"  
de Carole Naggar, collection Biophotos n°1.

Le cabaret de la souris rugissante fera prochainement l'objet d'une note de lecture Dailleurspoésie de Florent Toniello ! 



21 août 19 - Dailleurspoésie se remet au travail poétique après la trêve estivale du mois d'août.

Et comme le temps est un sujet d'actualité brûlant, c'est le texte d'Oz Harwick (La Bête de l'Est) qui fait la Une, nous rappelant le respect que nous devons à la nature.  Au moment où M. Trump propose de bombarder les ouragans, force est de constater que la notion de respect ne caractérise pas toute l'espèce humaine.

La rentrée donc se fera sur le thème de nos ruminations estivales. Entre autres :
- Christian Garaud nous livrera sa délicieuse chronique mensuelle
- nous lirons quelques textes extraits d'un échange poétique qui s'est fait cet été entre Anna Jouy et Valerie Harkness. 
- Sandrine Daraud nous offrira des poèmes Dailleurs
- nous écouterons des enregistrements de textes choisis (Anna Jouy) 
- Ismaël Savadogo nous fera le plaisir de nous dévoiler ses derniers écrits (qui feront éventuellement l'objet d'une chronique)

Et bien entendu, nous accueillerons d'autres poètes Dailleurs au sein de notre club !

Bonne rentrée à toutes et à tous

21 juillet 19 - Dailleurspoésie prend bientôt ses vacances et ferme sa petite boutique jusqu'à fin août !
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Ceci ne vous empêche pas bien entendu de m'adresser vos propositions. Elles seront lues en septembre : un nouveau poème pour La Une  serait le bienvenu. N'hésitez pas !!
En attendant, petit rappel des avancées des mois derniers :
  • Nous avons désormais la chance de lire les chroniques de Florent Toniello.
  • Chaque mois, nous avons le plaisir de lire les articles de Christian Garaud. 
  • Anna Jouy retrouve sa place au sein du comité Dailleurs avec 4 nouveaux enregistrements pour la rentrée !
L'équipe de Dailleurspoésie (Anna Jouy, Valérie Canat de Chizy, Florent Toniello, Christian Garaud) vous souhaite un bel été.



10 juillet 19 - Retrouvez la note de lecture de Valérie Canat de Chizy sur Déclinaisons, le dernier recueil de Xavier Monloubou (poète Dailleurs) publié aux éditions Henry.
​Valérie note que Xavier a "la tête dans les étoiles" et que ses textes sont des "fragments d'étoiles".

"...
je vais boire le lait noir des étoiles.
caresser la cendre fissurée de l’éclipse."

Dailleurspoésie accueille la chronique de Valérie avec gratitude. Cliquez ici pour la découvrir !



10 juillet 19 - La chronique de Christian Garaud

J'ai plaisir à poster la seconde chronique offerte par Christian Garaud (les "divagations" de notre poète Dailleurs car c'est bien ainsi que Christian appelle ses réflextions si justes et si pertinentes).  Cette nouvelle chronique, qui me touche particulièrement, concerne l'être humain et l'araignée, son travail silencieux, le rapport avec le "vouloir" et la parole.   Au fond, cette chronique concerne la re-connaissance de l'Autre et de soi-même.  Cliquez ici pour découvrir ces divagations que Dailleurs aime tant. 

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6 juillet ​19 -  Dailleurspoésie reçoit :

des nouvelles de Khalid Al Morabethi, poète Dailleurs, qui nous communique l'adresse de son site Insta sur lequel il poste son travail, ses exercices comme il aime appeler ses activités artistiques. Découvrons-les en cliquant ici ! Dans le travail poétique et artistique de Khalid, il y a "l'autre être", celui qui hante, qui effraie aussi, mais il y a aussi une grande douceur : écoutons à nouveau 
la lecture rendue par Anna Jouy d'un très beau texte de Khalid ("Dans la petite maison dans la prairie..."). C'est que la hantise de "l'autre", comme la sensibilité, est à fleur de peau chez Al Morabethi. 


​"...Dans la petite maison dans la prairie
le vieil enfant joue avec une minuscule ombre
et pense que le cosmos
est dans l’estomac d’une grande vache jaune
"




 1er juillet ​19 -  Dailleurspoésie reçoit :

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des nouvelles de François Coudray, poète Dailleurs, qui, comme il s'apprête à quitter les Philippines pour l'Uruguay, revient sur des textes inédits (Impressions de Manille) que nous avons eu plaisir à accueillir il y a quelques années. Voici donc que François nous livre un montage (images et textes) que chacune et chacun pourra retrouver en cliquant ici ! 
Nous retrouvons aussi un beau diaporama basé sur des extraits de "enfant de la falaise" ici. 

Merci François pour ces moments poétiques que tu nous offres et ....

merci encore et encore à Anna Jouy, collaboratrice de Dailleurs, qui a le talent de savoir rendre par la voix et par la musique les poèmes de nos écrivains.

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16 juin ​19 - 

Dailleurspoésie a le plaisir de présenter l'oeuvre poétique et artistique de Barbara Le Moëne qui prend donc sa place dans le club des poètes Dailleurs.   


Barbara vit à Lyon et en Catalogne. Son long séjour à Mayotte la "transforme" écrit-elle.  Découvrez-la si ce n'est pas déjà fait en cliquant ici. 

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​"Dans ces villages

c’est le temps
tout entier
qui se plisse
et se ramasse
se couche
au pied de l'île
grand chien calme
et grave
que tu nommes
immémorial."

Poème extrait de Lieux. Exils, voyages, L’Harmattan
 


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10 juin ​19 -  C'est Christian Garaud que j'accueille aujourd'hui avec grand plaisir non pas parmi les poètes Dailleurs car il est l'un des pionniers de notre club Dailleurs mais parce qu'il nous rejoint maintenant en tant que chroniqueur.  Il nous offrira chaque mois une réflexion sur un livre, un recueil, un poème, une note de lecture sur un texte d'ailleurs, d'un autre temps aussi peut-être.
Et je suis ravie parce que Christian est un poète francophone dont le style tendre et "fun" à la fois, inimitable, nous touche tous.  Parce que sa poésie est dans son style, dans sa pensée, dans sa façon de voir les choses. Allez, si vous ne le connaissez pas déjà, allez-y ! Cliquez ici ! 
La première chronique de Christian porte sur un poème de Gu Taiqing évoquant le vide et le plein.  Christian nous entraine ensuite vers un livre de François Cheung (Vide et plein) et nous invite à entendre ce Vide "au coeur même" de la substance des choses. 
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31 mai ​19 -  

Pour celles et ceux qui n'ont pas encore lu Majead At'Mahel, Florent Toniello offre sa chronique sur   

Écrire. Flagrant délit de poésie.

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Cliquez ici pour la découvrir ! 
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16 mai ​19 -  À la Une,

​je mets une touche animée de Florent Toniello, chroniqueur et poète Dailleurs avec un texte extrait de Apotropaïque (Editions PHI).
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 Lectrices et lecteurs de Dailleurs pourront retrouver le texte tout chargé d'émotion de Majead dans le Blog de Valerie. 

12 mai ​19 -  Claude Luezior, poète, romancier, nouvelliste, humaniste se joint à nous. 

Claude rejoint en effet le club des poètes Dailleurs et nous propose deux de ses textes pour sa page Dailleurs ainsi que des illustrations créées par son fils, Mathieu Dessibourg. 
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Pour se mettre en appétit avant de visiter la page, voici un extrait d'un poème (Dépendances) de cet amoureux de l'écriture:
"...
encre

indélébile
noire de mots
qui désormais
habite mes fibres
et qui dévore
ma cervelle
à petite cendre
..."


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4 mai ​19 -  

Nous retrouvons le poème de Barbara le Moëne sur le temps et le voyage dans le Blog de Valérie.

​Il cède la place à un extrait du tout dernier recueil de Majead At'Mahel (@rt'felinat).  On y retrouve l' énergie du Majead (poète Dailleurs), son envie de dire et d'écrire par dessus tout. 
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29 avril ​19 -  De retour de voyage, Sandrine Daraut, auteure Dailleurs, nous confie ..

Une autre histoire de passeport
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Le ciel cotonneux
bleu rosit jusqu’à
l’ hublot
fer oiseau de trop

Bouddha et Princes
amazones en klaxons
la rue chiens et chats

Milieu cochon d’or
la pièce montée citron
offrandes fleuries
Ça rit de soi l’œil
fleurs guirlandes le lion Dieux
mariage en or

Tôt t’aiment visages
j’ai mal au pied du pécheur boa maquillé

29 avril ​19 -  Membres du tout nouveau


comité littéraire de Dailleurs
:


  • Valérie Harkness - pilote
  • Valérie Canat de Chizy et Florent Toniello - notes de lecture
  • Christian Garaud - coup d'oeil mensuel
  • Anna Jouy - enregistrement


NB: Vos propositions (de 5 à 10 textes) sont à adresser à:

 Valeriehark3@gmail.com




22 avril ​19 -  Les nouvelles d'avril chez Dailleurs se partagent..
  • Sandrine Daraut nous fait part d'un appel à textes à ne pas manquer: Pour que la liberté s'exprime.Vous trouverez tous les détails nécessaires sur le site de Tendance Ouest en cliquant ici !  Merci Sandrine !
  • Xavier Monboulou sera le 9 juin prochain au Marché de la Poésie au stand des Éditions Henry (Espace AR2L de Hauts de France). Il y présentera son recueil "Déclinaisons".
  • Luminitza C. Tigirlas nous fait part de la parution de son essai "Avec Lucian Blaga: Poète de l'autre mémoire" aux éditions du Cygne. Nous nous réjouissons de cette bonne nouvelle.
  • Claude Luezior et Barbara Le-Moene seront les prochains poètes Dailleurs.  Nous leur souhaitons la bienvenue.
  • Maria Vinuesa offre d'illustrer ma page d'auteure Dailleurs (Valerie Harkness) quand enfin je l'aurai conçue !
  • Bientôt de nouveaux textes de Sandrine Daraut à la Une après son séjour en Extrême-Orient
  • Enfin, je suis très heureuse de vous annoncer la création d'un comité littéraire autour de Dailleurs dont les membres constituants seront annoncés dans les jours qui viennent. 



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​9 avril ​19 -  Dailleurspoésie accueille avec plaisir la nouvelle de la parution de
CACHÉ DÉVOILÉ
​le dernier recueil de Valérie Canat de Chizy  (paru chez Jacques André)


Florent Toniello, poète et chroniqueur Dailleurs, nous invite à lire le livre de Valérie dans son billet - à découvrir en cliquant ici.   
J'ai également lu le recueil et j'en donne mes impressions (en vrac) dans mon blog.



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31 mars ​19 - 

Maria Vinuesa n'est pas poète mais peintre.  Elle est bel et bien "d'ailleurs" cependant et je l'accueille donc aujourd'hui dans notre réseau: elle a gracieusement offert ses peintures pour illustrer le site de Dailleurspoésie et j'ai accepté son offre avec gratitude et plaisir.  

Maria est d'origine espagnole. Elle vécut en France avant de partir pour l'Allemagne où elle est maintenant "installée".  Je vous encourage à découvrir son site et ses peintures si ce n'est pas déjà fait. Cliquez ici et .. hop ! 

Pour commencer cette visite, voici une peinture issue de la série Le rose et le noir. 
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Merci Maria ! 

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29 mars ​19 -

L'Atelier de l'agneau vous invite à l'Autre livre le mercredi 3 avril à 20 heures pour la présentation du livre 


A LA RECHERCHE DE LUCY 

​par l'auteur: Jean Esponde. 


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22 mars ​19 - Claude Luezior nous rejoint de Suisse et nous offre ces "quelques lignes".  Pour en savoir plus sur Claude Luezior, attendre sa page Poète Dailleurs, patienter ... mais aussi visiter son site en cliquant ici ! 

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(
Carnaval selon Mathieu Dessibourg...)

Chronos
​
l’antiquaire
polit
ses vieilleries
en jachère
 
une pendule
toussote
des heures apprivoisées
 
son balancier studieux
méthodiquement
hoche la tête
 
heures
avant celles
des électrons



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17 mars ​19 -

Reno Bistan a rejoint le club des "Poètes Dailleurs".  Consultez sa page en cliquant ici !

​Après son exil italien, Reno Bistan a fait son retour chansonnier et poétique en France avec dans sa valise quelques chansons et quelques textes inspirés de la ville de Gênes.
Ironie, autodérision et poésie restent la marque de fabrique de Reno Bistan. 
À découvrir si ce n'est pas déjà fait ! 

17 mars ​19 -
​

Khalid Al Morabethi (poète Dailleurs) nous fait part de la publication de son dernier ouvrage: GA (Éditions Vanloo). Cliquez ici pour obtenir le livre ! 

GA se conduit comme une automobile. Il faut savoir conduire. Il faut savoir où on va. Vers la dernière phrase. La plus importante du livre. Qui ne dit rien si on n'a pas suivi le manuel d'utilisation. Le manuel d'utilisation de la langue de GA. Qui s'apprend par cœur en conduisant GA. Ce n'est pas mystérieux. C'est juste qu'on ne sait pas. Après avoir obtenu son permis tout est plus simple. Il n'y a même plus besoin de le dire. On conduit GA de plein de façons différentes.
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7 mars ​19 -
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François Coudray (poète Dailleurs) nous fait part de la publication de l'ouvrage collectif

                                 frau(x)

François signale que "ce livre marque les 10 années d'existence des éditions du frau. 
Les auteurs sont 30 poètes déjà édités aux éditions du frau ou devant l'être prochainement et une dizaine de "photographes".
"Un superbe ouvrage, associant photographies en noir et blanc (notamment d'Odile FIX et Magali BAILLET) et des poèmes (dans l'ordre du sommaire) de 
Erwann ROUGÉ - LLEANN - François COUDRAY - Marie TAVERA - Frédérique DE CARVALHO - Amandine MAREMBERT
Marie-Anne SCHONFELD - Isabelle JANNOT - Romain FUSTIER - James SACRÉ - Alain FREIXE - MARIE-LAURE ZOSS
 Christiane VESCHAMBRE - Joël VERNET - Jean-Louis CLARAC - Chantal DUPUY-DUNIER - Pierre BASTIDE 
Billy DRANTY - Véronik LE MILAN - Muriel QUESNE - Igor CHIRAT - Delphine EYRAUD - Juliette PENBLANC - Odile FIX
Emmanuelle LAURENT - Béatrice MACHET - Séverine LANGLOIS - Catherine BÉDARIDA - Jean-Gabriel COSCULLUELA"


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3 mars ​19 -
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Oz Hardwick m'a fait le plaisir de m'adresser son dernier recueil Learning to have lost (Recent Works Press) publié suite à son séjour (résidence poésie) à Canberra en septembre dernier lors du festival "Poetry on the Move".  Cliquez ici si vous souhaitez obtenir un exemplaire de ce recueil qui selon moi est accompli poétiquement. Par "accompli" ici, j'entends qu'il y a là une harmonie des traits caractéristiques de la poésie d'Oz Hardwick, jusque là épars dans ses divers recueils. Il est difficile notamment de ne pas être touché par la grande sensibilité qui émane des textes tout en étant surpris, étonné presque par le côté fantastique et étrange des images. On est plongé dans un rêve tout en demeurant éveillé.  Il est vrai que ce recueil traite de la perte des choses et des gens : rien de plus réel, rien de plus impalpable. 

Je rappelle qu'Oz a gracieusement accepté d'être membre du comité de lecture de Dailleurs, particulièrement pour les auteurs d'origine anglophone. 
Il a également accepté que je traduise certains de ses textes en français. A suivre donc. 




27 février ​19 - René Bourdet a annoncé la 20ème édition des Jardins-Jeudis 2019 qui auront lieu du 18 juillet à fin août. 
La programmation prévisionnelle est excellente : poésie, chanson, expos. De quoi prendre une bonne bouffée d'air poétique cet été.
NB: L'association Centre de Créations Culturelles a besoin de soutien....

27 février ​19 - Maria Vinuesa, peintre franco-espagnole habitant Munich, nous propose de mettre à notre disposition ses peintures pour illustrer nos textes et la revue en général.
Elle a déjà publié dans la revue Décharge et illustré quelques recueils de poésie au Québec.
Nous accueillons Maria avec plaisir et nous découvrons son oeuvre en cliquant...ICI ! 
 

26 février ​19 - Florent Toniello, poète ET chroniqueur Dailleurs a de bonnes nouvelles pour les lecteurs de notre revue.
PRINTEMPS DES POÈTES - LUXEMBOURG
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​Dans sa fonction de directeur artistique du Printemps des poètes – Luxembourg, il a crée  le nouveau site de l'événement. Cliquez ici pour y faire un tour virtuel.  Vous y verrez (ou découvrirez) Anna T Szabó, poétesse d'origine roumaine, et Carla Lucarelli du Luxembourg (entre autres) et vous serez sans doute tentés par ce grand festival (15-17 mars prochain).  


13 février ​19 - Ismaël Savadogo 
a adressé son dernier recueil à Dailleurs en novembre dernier. Il l'a intitulé Au milieu de la nuit et nous en publions un extrait à la Une de la page d'accueil. Il remplace ainsi le texte de Reno Bistan sur Gênes (lectrices et lecteurs le retrouveront dans le Blog de Valérie et prochainement sur la page de Reno qui rejoint le groupe des poètes Dailleurs). Il y a dans la poésie d'Ismaël quelque chose de profondément ou même "purement" sincère,  une réelle recherche d'authenticité et de discernement. Dailleurs accueille les textes d'Ismaël les bras ouverts. 


10 février ​19 - Khalid Al Morabethi et Eddie Woogy offrent à Dailleurs 
leur dernière création musicale et poétique: Les Comptes. 
Retrouvez-les en cliquant ici. 

10 février ​19 - c'est Anna Jouy qui nous épate

​quelques images du spectacle d'Anna dont la première eut lieu a Lausanne vendredi dernier. Bravo encore à Anna et à toute la troupe !


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3 février ​19 - c'est Anna Jouy qui nous épate

avec son tout nouveau spectacle (que nous avons déjà évoqué en décembre dernier) dont la première est le vendredi 8 février Des chants magnifiques. arvo pärt, camille saint saens, purcell. des adaptations de brassens, de patachou et vian. du lavilliers, camille, myriam makeba, simon et garfunkel,des chants du folklore etc..
et des slams ! Allez, faisons-nous plaisir, en voici un extrait :


Chasseur guerrier tueur, tu te penses seigneur
toujours la paume sang, l'épée porte malheur
maintenant ces grands cris, qui déchirent nos nuits
tueur voleur menteur, ta violence détruit
belliqueux mercenaire, maitre du coup d'éclats
tu devrais repriser la faille des combats
et apprendre à te taire et apprendre à te taire
glisser ta rude voix au fil de l'infini
m'en défaire, t'en défaire, s'en défaire
sortir de nos bouches aux minces prophéties
l'oracle mendiant des suppliciés de guerre
 
jette ton pas ici, dans le tombeau des morts
une ombre y dort aussi, c'est le son du remords
incommensurable, contremesure du bruit
choisis vole ou prends les outils de la nuit
ce profond silence, des sombres transparences
 
punaises noires sur noir qui referment le soir
 (...)
Anna Jouy


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31 janvier ​19 -  Reno Bistan rejoint prochainement les poètes Dailleurs.
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Pour commencer, son texte "
Gênes j’aime, Gênes j’aime pas " prend la place" de celui de Paul Roddie (Après les fêtes de fin d'année) à la Une de cette page d'accueil et nous entraîne  dans la ville de Gênes où Reno a passé un an.  Comme partout, on y retrouve ce que l'on aime ... et bien entendu, ce que l'on aime pas.  


​Nous retrouverons très bientôt d'autres textes de l'auteur sur son séjour à Gênes et sur les liens qu'il a tissés avec la ville "double".


Si vous ne connaissez pas encore Reno, je vous conseille de découvrir son travail de musicien et d'auteur-compositeur.  Il est bourré de talent tant en musique qu'en poésie; en outre, c'est quelqu'un de vraiment "sympa" et d'amusant.  Il m'a aidé plusieurs fois à animer le "Leeds Bilingual Event" et tout le monde l'adore. 
​
​Alors, allez-y ! Explorez son site Web en cliquant ici !


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25 janvier ​19 -  Sandrine Daraut rejoint les Poètes Dailleurs.

Sandrine, l'auteure-voyageuse, nous offre sa poésie sautillante.  Nous avons déjà accueilli ses contributions poétiques, son style original, à cheval (pour nous rappeler la présence animale dans ses textes) entre les traditions du haïku, du calligramme , des jeux de mots qui transportent les lecteurs ailleurs.

​(....)
Je rentre chez moi... Une mouche bleue me suit.
Nouvelle voisine, nouvelle amie? !
Je suffoque en entrant dans l'appartement. 
Comme une odeur de sang. ..
​
(extrait de  Fil Rouge).
Sandrine Daraut

Découvrez la page de Sandrine en cliquant ici. 


17 janvier ​19 -  Des mots, des mots, des mots

Aujourd'hui, un extrait du poème de Phil Kieffer (Le Pourboire) qui nous rappelle (si besoin était) que ce sont bien nos mots qui tissent entre nous notre monde Dailleurs : "..de petits rapporteurs/Colporteurs/De ressentis/De moments..."
Merci Phil

Le pourboire
(...)
Des mots
Qui tissent des mots
Sans mal
Qui disent , attisent
Et s’emballent
Valeur inestimable
Sans pour autant
Ils sont de petits rapporteurs
Colporteurs
De ressentis
De moments
Des clés
Des dits
Des si
Miroirs de l’indécis
De notre mémoire indélébile
Sans démentis
Richesses du vécu
Teint et teinture des éléments
De ce qui nous fait et constitue
Ce don de la nature
Au fond, inestimable
Un acquis
Acquiescer
(...)
Phil Kieffer 

13 janvier ​19 -  À la Une 

Le magnifique poème de Marcelle Kasprowicz (L'île) rejoint le Blog de Valerie alors qu'à sa place "Après les fêtes de fin d'année" de Paul Roddie, poème de circonstance, extrait de Le Ravisseur du Monde, nous parle de la lumière hivernale caractéristique de janvier.  Le Ravisseur, objet d'un billet récent de Florent Toniello, est en version bilingue. 
J'aime, entre autres, ces quelques lignes en anglais : 

A leaf clings to a tree
twilight begins to drip
and January floods
the streets with light
as only January can


Bonne rentrée à toutes et à tous !


8 janvier 19 - Premières nouvelles de 2019 !

Tout d'abord, à lire : la chronique de Florent sur le dernier numéro 15 de l'Intranquille (dans la rubrique "Billets de Florent Toniello). Une rubrique riche en impressions et découvertes sur l'excellente revue issue des Ateliers de l'Agneau).

Nous rejoignent : Sandrine Daraut nous rejoint d'ici une quinzaine avec ses poèmes courts, tendres et percutants à la fois. Reno Bistan en février avec son séjour à Genova !

Nous informent : les poètes Dailleurs écrivent, lisent, parlent et ... donnent de leurs nouvelles qui figureront tout au long des mois de janvier et février sur ce site.

Enfin, l'organisation de la rencontre des poètes débutera très prochainement. Mai 2019 peut-être?

Et bien entendu, Dailleurspoésie souhaite à toutes et à tous une belle année poétique !


17 décembre 18  -  Dernieres nouvelles de 2018 !

A la Une, Sandrine Daraut laisse la place à Marcelle Kasprowicz et son texte "L'île".  On retrouve le poème de Sandrine Daraut dans le Blog de Valérie. 
​
À la rentrée, Florent Toniello nous offre sa chronique sur le dernier numéro de L'Intranquille (No15 - Ateliers de l'Agneau). Il y présente ses impressions sur ce numéro et les poètes qui y figurent comme (entre autres) Lambert Schlechter, Julia Lepère, Thomas Lamouroux. 

Nous découvrirons également les poèmes courts de Sandrine Daraut qui se joint au club des poètes Dailleurs. 

Reno Bistan, chanteur-compositeur, se joindra à nous avec ses impressions de Gènes.

Enfin, les poètes Dailleurs se rencontreront pour la première fois "en vrai" en mai 2018.... pour parler de leur travail créatif, de nouvelles initiatives poétiques ou tout simplement pour parler et passer un bon moment ensemble ! 

Je vous souhaite à toutes et à tous une belle fin d'année 2018.
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11 décembre 18  - 
Des nouvelles d'Anna Jouy

Anna Jouy, écrivaine D'ailleurs (une des premières sur le site) mais aussi lectrice (à voix haute) de textes D'ailleurs (cliquez ici pour entendre les choix de textes et de musiques d'Anna), est artiste au sens plein du terme.  Ce site est imprégné de son oeuvre : dessins, textes, lectures.  Et voici qu'elle monte un spectacle qui se jouera en février 2019 avec 40 acteurs et chanteurs et un slameur. 

Voici ce qu'Anna dit sur ce spectacle étonnant:
"L
e thème que j'ai choisi est celui du son comme signe de vie  voire de Vie.  la vibration.
le titre est Son(g)s  je l'ai conçu en 4 parties.
le son de la création, terre animaux plantes et arrivée des hommes
le son de hommes. travail progrès mécaniques et guerre
le son du silence de la prière et de la méditation
le son organisé de la musique
entre chaque partie un slameur intervient , mélange de la parole et du chant.
 des chants du répertoire populaire, classique et religieux  ont été choisis pour illustrer ces 4 séquences.

donc il s'agit d'un spectacle entièrement musical , une façon de faire un concert si tu veux mais en développant d'autres aspects, corporels et dansants de la musique. chaque chant est mis en scène de manière à le rendre visuel et physique aussi certaines mises en scène sont simples et d'autres beaucoup plus complexes. le but c'est aussi d'établir une cohérence dans ce que ce concert veut exprimer. chaque chant est porteur d'un sens.

mon travail c'est cette mise en scène et en valeur de chacun des chants du choeur. j'ai proposé la thématique, le développement de celle-ci, le concept du spectacle. j'ai écrit les textes du slameur. un chef de choeur prépare les chanteurs et m'aide aussi dans les articulations des chants.  le spectacle se donne dans un vrai théâtre et donc me permet aussi de faire les jeux de lumière et une bande sonore de soutien. "
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5 décembre 18  - 
Dernières nouvelles des poètes Dailleurs

Khalid El Morabethi nous adresse un lien pour accéder à sa vidéo sur Youtube.  Allez donc la visionner... Comme il l'écrit, il "partage" avec nous sa dernière création qui donne à penser. Cliquez ici pour la découvrir ! 

Luminitza C Tigirlas a le plaisir de nous annoncer sur son site la parution prochaine de son livre Fileuse de l'invisible - Marina Tsvetaeva.  Nous nous réjouissons de cette bonne nouvelle et de pouvoir nous plonger dans un ouvrage de qualité sur cette grande écrivaine russe. Cliquez ici pour plus de renseignements sur le livre de Luminitza.


29 novembre 18  - 
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Nous souhaitons la bienvenue à Majead At’Mahel, (@rt’felinat) qui rejoint le club des poètes Dailleurs. Marocain d'origine, il vit maintenant en Guadeloupe et il écrit des poèmes, des nouvelles, des chroniques. Il s'initie aussi à la peinture.  
Découvrez-le (ou re-découvrez-le) dans notre rubrique Nos Poètes Dailleurs en cliquant ici.
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20 novembre 18  - 

Après la note de lecture de Françoise Favretto et le billet de Florent Toniello (sur ce site), nous lisons avec bonheur la chronique de Claude Vercey dans Décharge (I.D n° 783 : Celle qui ouvrirait la boîte  - cliquez ici) et celle de Valérie Canat de Chizy (à retrouver sur ce site en cliquant ici) sur le dernier livre de Valérie Harkness aux éditions Henry (Qui dirait tout).
Claude Vercey parle de "....
cette écriture singulière, qu’on dirait laborieuse, bafouilleuse par moment, conservant les scories d’une pensée cherchant sa voix qui sans systématisme, quasi instinctivement, .." alors que Valérie Canat de Chizy explique que "Dans l’univers qu’elle (l'auteure) évoque, tout fuit, tout se dérobe. Tout est mouvant, jamais fixé. Les éléments s’amalgament, les contours ne sont pas définis."
​
Rappelons que le recueil parle de l'exil, de ses formes, de l'entre-deux dans lequel les exilés se trouvent. Il est publié aux éditions Henry. 
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18 novembre 18  -  

Dailleurspoésie accueille toujours avec intérêt les envois de ses poètes Dailleurs, un nouveau texte, un recueil, une illustration. Avec Khalid, nous sommes gâtés. Ce poète inspiré, motivé, nous fait généreusement part de ses nouvelles créations. Voici un extrait d'un de ses derniers textes (Né -  dont l'intégralité figure dans le Blog de Valerie) ainsi qu'un dessin de son personnage crée par Marc Stern. 



Né. 
(....)
Et puis. Je fais des exercices. Sortes de mouvements. Sortes de réchauffements. Et tu te rends compte. Je suis Né. 

Et puis. Je fais des exercices. Je suis né. Je touche le triangle. Le nôtre. Il reste en face. Au milieu. Toujours au milieu. 

Et j’attends le temps tendre.  
 
Khalid EL Morabethi



18 novembre 18  - 

​A découvrir et savourer, le recueil de Paul Roddie :
Le ravisseur du monde - Taking the world by storm (L'Harmattan) à travers la chronique de Florent Toniello. 
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Un recueil aux paysages multiples d'autant plus coloré qu'il nous est offert en version bilingue, d'où les questions et les observations émises par Florent dans sa note de lecture sur la traduction non seulement de la pensée bilingue mais des mots ... Retrouvez cette chronique en cliquant ici ! 

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14 novembre 18  -  De retour de Corée, Dailleurspoésie  se fait plaisir 

avec un poème à la forme typiquement coréenne datant du 15ème siècle, un "sijo", semblable au haïku japonais de par sa brièveté : 45 syllabes, trois vers et une césure pour chacun d'entre eux, ce qui permet une rédaction sur 6 lignes pour les poèmes plus récents. 
Les auteurs, souvent anonymes (mais pas toujours) de ces sijos s'inspirent de la nature pour raconter une histoire ou exprimer une émotion.
Dailleurspoésie a choisi un poème d'actualité de Hwang Jini, poétesse renommée du 16ème siècle, pour la Une de sa page d'accueil. 



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26 octobre 18  - Comme promis, nouvelle rubrique sur Dailleurspoésie :  les Billets de Florent Toniello ! 

De quoi donc nous entretiendra-t-il, ce poète Dailleurs, ce chroniqueur-amoureux de la poésie ? Les prochains billets parleront de la poésie de Paul Roddie, du prochain Intranquille (No 15, Atelier de l'Agneau) et des horizons poétiques que nous aimons explorer ici à Dailleurs. 

En attendant, le premier billet de Florent concerne Qui dirait tout (Valerie Harkness, Editions Henry).  Retrouvez-le en cliquant ici ! 

​« Il faudrait qu’un chant du monde / S’élève / Sur les mots de tous », nous écrit Valérie Harkness dans le premier poème de ce recueil. Valérie, vous la connaissez forcément : oui, c’est bien elle, l’infatigable dénicheuse de Dailleurs… la taulière, la cheffe des chroniqueuses et chroniqueurs de ce site, quoi. Exercice de fayotage, me direz-vous. Et vous auriez tort. Parce qu’ici, on n’achète pas les notes de lecture, et puis surtout parce que Qui dirait tout, dans sa brièveté et sa force qui siéent à merveille à la collection « La main aux poètes » des éditions Henry, a tout d’un objet poétique susceptible d’émouvoir amatrices et amateurs. 
​Lire la suite ...


26 octobre 18  - Il s'appelle Majead At’Mahel.  
Il est franco-marocain et il vit en Guadeloupe. Il rejoint le groupe des poètes Dailleurs fin novembre. Pour donner une petite idée, un avant-goût du style de Maejad, un de ses textes figure à La Une de cette page d'accueil, remplaçant ainsi "On n'a pas été assez aujourd'hui" d'Ismaël (que nous retrouvons dans le Blog de Valérie). 

20 octobre 18
À NOTER dans le prochain numéro de l'Intranquille (N°15, ATELIER DE L’AGNEAU, novembre 2018, 90 p. 16 €), Françoise Favretto écrit une note critique touchante  :

VALÉRIE HARKNESS : Qui dirait tout, 2018, 66 p. 8€, éd. Henry, Montreuil/s/mer, 2018.
Ecrire à partir de ce qu’on sait et qu’on entend sur les morts en Méditerranée n’est pas facile. Valérie Harkness, en poète vraiment inspirée (ça arrive encore !) a trouvé une délicatesse de dire, suggestive, parfois dure mais pas trop, choisissant des thématiques comme la mère qui reste (« le corps qui nous a fait ») ou la boite... le trou...
« Que la vague aille lécher les plages/ comme une vague sans mots. »


Pour vous procurer L'Intranquille, visitez:
Atelier de l'agneau éditeur
www.atelierdelagneau.com

20 octobre 18
J’aimerais vous parler d’un poète que je connais mais qui n’est pas « d’ailleurs ». Alors je me contenterai de citer certains de ses vers puisqu’il me les a envoyés pour les partager avec moi (et pourquoi pas, avec les lecteurs de Dailleurspoésie). Il écrit depuis plus d’un demi siècle des textes de toutes sortes qui pour certains forment des recueils pour d’autres seront lus à l’occasion d’un dîner ou d’un anniversaire dans le village où il réside.
 
Marcel n’a rien perdu de sa verve. Il nous régale avec sa Conférence sur le Haricot de traits d’humour bien lancés :
 
Le HARICOT est le seul légume qui peut être associé à la politique, il forme à lui seul 3 forces connues à ce jour :  -les ROUGES, les BLANCS, les VERTS…
 
Lire la suite ....
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18 octobre 18
​
C'est Paul Roddie qui rejoint les poètes Dailleurs. Découvrez-le si vous ne le connaissez pas encore dans notre rubrique Nos Poètes Dailleurs. Paul écrit en français et en anglais des textes où se reflètent les paysages qu'il rencontre. Paul y parle d'eau, d'étangs, de flaques, de jetées et ce n'est donc pas un hasard si on on voyage en retrouvant l'ailleurs de cet auteur d'origine écossaise. 


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10 octobre 18
​
Nouvelle chronique à venir
Écrire de la poésie, écrire sur la poésie... deux démarches indissociables pour Florent Toniello, déjà poète Dailleurs et que nous retrouverons dès la fin du mois d’octobre dans des billets réguliers où il nous fera part de ses lectures, comme il le fait déjà sur son blog. Pas d’analyse technique en profondeur ou de diagnostic littéraire universitaire, non, mais le partage brut des émotions qu’auront suscitées en lui certaines de ses lectures, et notamment celles des poétesses et poètes associés à notre site. Pour le partage avant tout, parce que la poésie n’est pas un loisir solitaire. À bientôt donc dans cette nouvelle chronique !


4 octobre 18 -  À La Une de cette page d'accueil, nous disons au revoir au magnifique "Bonjour Laura" de Khalid al Morabethi (que nous pouvons retrouver dans le blog de Valérie) et nous accueillons un extrait du dernier recueil d'Ismaël Savadogo qu'il m'a fait l'honneur de m'adresser.  Quel éditeur aura la chance de le publier ? ... À suivre.
10 octobre 18 - Luminitza C Tigirlas nous fait part de l'adresse de son site de poésie :

http://luminitzatigirlas.eklablog.com/

N'hésitez pas donc à visiter le site poétique de cette auteure Dailleurs...


27 septembre 18 - Là d'où j'écris, l'été est déjà un souvenir que chacun tente de ranimer pour faire un peu penchant à la lourdeur du ciel. 
Il n'est pas surprenant donc que mon attention ait été attirée par le titre du poème que m'a envoyé Pierre Gondran (dit "Remoux).  Je ne résiste pas à le poster ici:

​Droséra

Un matin d’été

La petite serre
Abrite des plantes carnivores sur des plateaux moussus de tourbe humide et pauvre
Dionées, droséras… et une folle variété de Sarracenia
Des népenthès cascadent depuis les poutrelles blanches à la peinture écaillée

L’homme est assis sur un petit tabouret dans l’étroite allée centrale, face aux portes de la serre grandes ouvertes sur le jardin qui s’éveille

La respiration rare, les mains posées sur ses genoux
Il laisse sa conscience se vider peu à peu de toutes les substances humiques qui l’irriguent : souvenirs, ressentiments, espoirs…
Déshabité, stérile, son esprit ne suffit désormais plus à nourrir une pensée propre

Comme une utriculaire baignant dans l’eau pure et acide de l’oubli, il doit chercher l’ivresse des idées hors de lui, et s’ouvrir béant aux signes nourriciers du monde

L’ocelle d’un premier rayon sur sa joue devient concept
Le prisme dans une goutte de rosée est souvenir heureux
La buée qui s’évapore des vitres de la serre est une histoire triste
Le chant des criquets qui montent de la prairie haute fait doucement palpiter sa raison
La riche odeur de foin qui s’étend dans les champs alentours est allégorie de son éveil subtil
Le chant doux d’un bouvreuil au loin le bouleverse – Des larmes roulent sur ses joues

Un droséra s’enroule lentement sur sa proie engluée

Pierre Gondran

21 Septembre 18 - 
​Dernières nouvelles de l'Atelier de l'Agneau. 
Françoise Favretto nous fait part des dernières publications/nouvelles de l'Atelier.  On respire l'air et on lit les mots de Singapour, de Chine, de Bruxelles. On aime cette littérature transculturelle.
​

Prochaine parution : l’intranquille n°15 fin octobre avec entre autres 14 auteurs "urbains » de Singapour traduits par Pierre Vinclair
Un livre d’artiste à tirage limité est paru en août : VICTOR SEGALEN « la sandale et le bâton », (une marche en Chine)
uniquement sur commande par mail ici (22€)
Christophe Manon est en résidence à la librairie TEXTURE (19°) jusqu’à Juin. Une librairie qui présente nos livres. Sortie métro Laumière.
Eugène Savitzkaya s’est produit avec des musiciens à Toulouse 13 et 14 septembre  et ce sera à Bruxelles les 12 et 13 octobre à l’Archipel 19 info@transquinquennal.be
retrouvez-nous sur nos pages Facebook et notre blog (abonnez-vous à chronercri si vous n’avez pas Facebook)

http://www.facebook.com/pages/Atelier-de-lagneau-editeur/191018300968693
https://www.facebook.com/lintranquilleatagneau           
BLOG http://chronercri.wordpress.com/


20 Septembre 18 -
J'attire votre attention sur le billet de Florent Toniello sur deux livres aux éditions Alcyone dont "Une pesée de ciels" d'Anna jouy dont Valérie Canat de Chizy nous a déjà parlé dans sa chronique (voir ci-dessous). 
Voici comment Florent parle sur la poésie d'Anna : "...
La poésie d’Anna Jouy est tout en nuances, enracinée dans la relation entre le corps et l’esprit. Si les métaphores fusent, c’est l’intimité des organes qui affleure cependant ; ici l’œil, les paupières, on aura le crâne plus loin, les jambes ou le gosier. Le corps déclenche la poésie,...". De quoi lire la suite sur Accrocstiches (en cliquant ici !) et se procurer le livreaccrocstich.es/post/2018/08/27/Deux-livres-aux-éditions-Alcyone.   Le recueil de Thierry Radière offre, lui, une "lecture qui donne l'appétit des songes". Découvrons-le !

 10 Septembre 18 -  Valérie Canat de Chizy sur Une pesée de ciels d'Anna Jouy

Pour celles et ceux qui ne se sont pas encore procuré le dernier recueil de poésie d'Anna Jouy (Une pesée de ciels. Editions Alcyone, 2018),  découvrez la chronique de Valérie Canat de Chizy :
​
"Anna Jouy a un univers tout particulier, qui n’appartient qu’à elle. Ses textes sont des reflets de cet univers, comme le lac reflète le ciel. D’ailleurs, dès le premier texte, « le lac entre dans la chambre ».... lire la suite en cliquant ici.
14 Septembre 18 -  José Arrué, compositeur-interprète, passionné de musique et de poésie,  met en musique et en voix deux textes extraits de "Je glisse" (Editions Jacques André) de Valérie Harkness.

Voici Gouttes et A l'envers.




8 Septembre 18 - tout nouveau chez Dailleurs !

Voici Phil Kieffer, poète luxembourgeois, qui se joint au cercle des poètes Dailleurs et qui, en guise d'introduction écrit : 
"
La Plume qui Tâche - EN DISETTES MOTS

Un discours en dit long et courre à la fois. Parfois il est court et en dit encore plus long. C’est tout à fait cela et cela fait tout un tas-bas... et que tout est un coup de tabac, soit dit au passage une gigantesque fumisterie!
Soit. Un discours trop long peut en gâcher un autre. Un entrain peut en cacher l’envers du décor. Cela me donne des vapeurs, bien je ve(u)ille à bientôt la boucler.
Ces mots-ci, ne doivent pas être pris à la légère et encore moins pour une pro-vocation instrumentalisée. Si l’art de la rhétorique se veut une REcréation et non récréation pour rentrer dans le lard...."

Découvrez Phil Kieffer en cliquant ici ! 


2 Septembre 18 

Il ne vous aura pas échappé que c'est la rentrée et que ceux et celles qui, pendant la trêve estivale, sont allés chercher ailleurs le dépaysement, le repos, la détente ou l'inspiration ... sont pour la plupart de retour.
​

Pour Dailleurs, la rentrée est belle et poétique : très bientôt, comme promis, Reno Bistan, Phil Kieffer et Paul Roddie se joindront aux poètes Dailleurs. On lira avec grand intérêt la note de lecture de Valérie Canat de Chizy sur le dernier ouvrage d'Anna Jouy (Une pesée de ciel) et on apprendra que Luminitza C Tigirlas a créé son site de poésie.  On écoutera la poésie de Khalid Al Morabethi (interpretation d'Anna Jouy) et on découvrira la mise en musique des textes de Valerie Harkness par José Arrué... 
​
Et ce n'est pas tout !  Pour Dailleurs, la rentrée, décidément, a du bon ! 

(Adressez vos textes par courriel : valeriehark3@gmail.com)

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​5 septembre 18

Ecoutez l'excellent texte de Khalid Al Morabethi (lu par Anna Jouy) dans la rubrique "Lectures d'Anna Jouy". 
​
"...
Dans la petite maison dans la prairie le vieil enfant joue avec une minuscule ombre et pense que le cosmos est dans l’estomac d’une grande vache jaune"
​

​Merci Anna et Khalid. 


Juillet 18

Bientôt la trêve estivale "à la française", le mois d'août à la chaleur lourde qui efface un peu les traits des mois passés. 
Bientôt sur Dailleurs les annonces du mois avant la pause, de nouveaux poètes Dailleurs pour la rentrée, des publications, de bonnes nouvelles à emporter si l'on part ou à savourer tout simplement chez soi.
En attendant, "Automne lointain" de Valérie Harkness quitte la page d'accueil pour rejoindre le blog de Valérie alors que c'est un texte du magnifique recueil d'Anna Jouy (Une pesée de ciels) qui le remplace. 
Juillet 18

​Quelques annonces avant le mois d'août et les vacances de Dailleurs.  

À la "rentrée", nous aurons le bonheur d'accueillir de nouveaux poètes parmi lesquels Reno Bistan (chanteur/compositeur ), Paul Roddie (poète originaire de la belle Écosse vivant en France) et Phil Kieffer (qui nous écrit du Luxembourg).  
Florent Toniello nous fait part de sa chronique sur le livre de Dara Barnat (Des liens invisibles, tendus / Taut, invisible threads)  reparu dernièrement (Jacques Flament Éditions). La chronique de Florent sur le livre émouvant de Dara Barnat, traduit "justement" par Sabine Huynh, évoque la mémoire poétique, la poésie qui "soulage". Nous lirons la chronique et découvrirons le livre de Dara Barnat en cliquant ici.
François Coudray nous invite à deux lectures le VENDREDI 27 juillet – à 18h30 à la librairie « Livres en Tête »74700 SALLANCHES et le SAMEDI 4 AOÛT – à 16h30 à la Galerie Café des Aiguilles  74400 CHAMONIX MONT-BLANC.
Nous aurons le plaisir en septembre prochain d'entendre un enregistrement d'Anna Jouy d'un texte poétique de Khalid El Morabethi (inutile de rappeler qu'Anna et Khalid sont tous les deux poètes Dailleurs).

Ce n'est pas tout .... mais ne m'en voulez pas si j'ai oublié certaines de vos dernières nouvelles : nous serons de retour à la rentrée avec d'autres annonces Dailleurs.

Je vous souhaite un bel été, un mois d'août poétique.
Juillet 18
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En guise de mise en bouche pour ce début juillet et sa vague estivale, quelques textes de Sandrine Daraut qui rejoindra peut-être les auteurs Dailleurs en automne.

Hors saison
 
Sandrine
Tes
Yeux
Love
Origins

​Premier Saké
 
Jaunes? Chats perchés
saules primeurs "minou" fleur
tiges duvetées
 
 Au Print Temps du peau êtes
 
Entre ciel et terre
un chemin bleu revit plume
la beauté du vers
film fleur musique au chœur mer
« p(e)au, et si... » rouge éclaire

Juillet 18

Jean-Claude Zannoni nous offre ses textes poétiques pour une lecture légère seulement en apparence. 

-          La forêt a mangé la lune
            la nuit est tombée bas
            je marche la frousse au cœur
            dans l’odeur entêtante
            d’une vieille neige.
             xxx
           Tout est soumis
            tournent les aiguilles
            creusent les sillons
            en ribambelles
            mains de béton
 
           sommation.
            xxx
            Dans l’encre blanche de ma nuit
            tombent une à une les lucioles d’
            un poème pas écrit
 
            peine perdue.
            xxx
            Hasard des pas
            bâillements de la rue
            s’égaillent les instants de
            l’aveugle consentant.
 

​
Juin 18

Nous retrouverons Phil Kieffer (Débordé) dans le Blog de Valérie et nous toucherons du doigt un voile de tristesse en lisant i.m. Annie Abellaneda de Luminitza C. Tigirlas à la Une de Dailleurs. 

Juin 18

​Anna Jouy lit Florent Toniello : "Si Adam Smith avait écrit des vers".  

Les lecteurs de Dailleurs connaissent déjà le poème de Florent Toniello, poète Dailleurs.  Ils aiment le rythme, le ton, les clins d'oeil dans la poésie de cet auteur francophone (lire la suite..)

Juin 18
Il vient de paraître ! Je parle du dernier recueil d'Anna Jouy (Pesée de ciels) aux éditions Alcyone. Bravo Anna !

​Pour se le procurer, un petit clic, ici, et hop ! 
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Juin 18
​Valérie Canat de Chizy nous offre sa note de lecture sur le dernier recueil de Luminitza C. Tigirlas,  Noyer au rêve, paru aux Éditions du Cygne:
Luminitza C. Tigirlas est psychanalyste et poète. Née en Moldavie, sa langue originelle est le roumain, mais sa langue d’adoption est le français. Dans « Noyer au rêve », l’exil est évoqué, de même que la recherche d’une langue d’accueil, symbolisée par le noyer des forêts de son pays natal. Lire la suite...
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.Juin 18

Le beau texte Chat-mots  d'Anna Jouy rejoint le Blog de Valerie alors qu'un nouveau poète Dailleurs, Phil Kieffer,  fait la Une avec Débordé.  Illustration d'Anna : ​Sapin.

Bienvenue à Phil dont nous ferons plus ample connaissance très bientôt. 




Juin 18

​Dernières nouvelles de Dailleurspoésie....

Valerie Canat de Chizy annonce la sortie d'un ouvrage en ligne (Nuit) , recueil de poèmes illustrés par de belles encres de  Colette Reydet.  Vous pouvez le consultez en cliquant ici !

Nous attendons avec impatience la sortie de Pesée de ciels d'Anna Jouy aux éditions Alcyone. 
Une vraie renaissance. 

Mon dernier recueil (Qui dirait tout)  paraîtra en septembre prochain aux éditions Henry.

​L'enfant de la falaise  de François Coudray vient de paraître aux éditions L'Harmattan.
 
Enfin, figureront très bientôt sur Dailleurspoésie la note de lecture de Valérie Canat de Chizy sur Noyer au rêve  de Luminitza C. Tigirlas (aux Éditions du Cygne) ainsi que la lecture d'Anna Jouy de deux textes de Florent Toniello et d'un poème de Khalid El Morabethi. 

Décidément, ce mois de juin s'annonce beau. 


Mai 18 - Xavier Monloubou  se joint très bientôt aux poètes Dailleurs.  Il revient de son enfance au Brésil et s'en va pour Canton. On aimera l'apparente simplicité de ses textes:

Ce matin, tout fonctionne à l’envers
le ciel est retourné comme un verre embué
et je dessine avec mon doigt un soleil sans rayons.

À découvrir prochainement sur Dailleurspoésie ! 

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Mai 18 -

C'est fait ! Xavier Monloubou
nous a rejoint. Découvrez le poète et sa poésie à la page qui lui est réservée en cliquant ici ! 


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Mai 18 - Anna Jouy .... langue au chat ?


Sur le thème des langues étrangères qui nous fascinent, nous intriguent, nous bercent, nous émerveillent, voici à la Une de Dailleurs qu'Anna Jouy amuse et attendrit avec son Chat-mots.
"Celà va sans dire, mon chat parle." avance-t-elle sans retenue, ce à quoi j'ai envie de répondre que nous les entendons 5 sur 5 ....
Merci encore Anna. 

Mai 18 - Gary Klang dans Marianne

Nous retrouvons notre poète Dailleurs Gary Klang dans Marianne (27 avril au 3 mai) où il signe un article émouvant sur "l'utopie" de mai 68 :

“Au Quartier Latin, j’ai vécu l’utopie généralisée”
En haut de la montagne Sainte-Geneviève, un jeune écrivain haïtien comprend
le sens du mot “fraternité” : en chassant la police, on avait rendu l’homme vrai et libre.



Mai 18 - Marcelle Kasprowicz 

nous rejoint à la Une (alors que nous pourrons retrouver Gary Klang dans le blog de Valerie) avec son "Ni poisson ni volaille", traduction de l'idiome bien connu des anglophones "Neither fish nor fowl". C'est qu'il s'agit de cette qualité hybride qui caractérise la langue (et la nature  ?) de celles et ceux qui vivent loin de leur pays d'origine.  Ou peut-être sommes-nous tout simplement "sitting on the fence" ? Merci Marcelle.
Avril 18 - Florent Toniello 
​

J’ai lu Lorsque je serai chevalier de Florent Toniello (Jacques Flament Éditions), recueil étonnant au style “bousculé” (comme me le confie Florent dans son dernier courriel) qui ne manque pas d’humour, d’audace mais aussi de profondeur. J’ai  envie de dire que déjà, le lecteur reconnait le style Toniello avec ses juxtapositions fantasques (mais pas tant que celà finalement) de mots et d’idées. On a l’impression d’être pris par la main et d’etre entraîné sur une piste de danse dans un monde inintelligible (Réveil vers sept heures. Comme maintes fois maintenant déjà, la consultation des nouvelles fait monter ce sentiment d’être étranger à un monde que je n’ai pas voulu, …) .

On aime le petit grain de folie qui anime les textes de ce “poète chevalier” à la feinte nonchalance (…si aujourd’hui mes vers ont/moins de lecteurs que mes mémos d’alors/je m’en contrefous) et dont l’intérêt pour les “petites choses” reflète des préoccupations plus vastes  :
“…
Une chenille dévore un lys
Du matin jaillit un rêve
D’une respiration haletante
Un piège à souris. Le fil des jours
Coupe court à la motte des miracles.”
 

Avril 18 - Des nouvelles de ...
Luminitza C Tigirlas


qui nous annonce la parution de son premier recueil  de poésie en France avec une préface de Xavier Bordes aux Editions du Cygne, Paris, 2018.

Pour se procurer ce livre, allez voir sur :

https://www.editionsducygne.com/editions-du-cygne-luminitza-c-tigirlas.html 

ou 

https://livre.fnac.com/a11949809/Luminitza-C-Tigirlas-Noyer-au-reve

Et n'oublions pas de féliciter Luminitza et de nous réjouir pour elle. 


Avril 18 - Encore les voyages et les souvenirs  - Thème que nous ne quittons jamais vraiment à Dailleurspoésie.  Aline Shem Tov poursuit son Voyage, voyant ... sur sa page et dans le blog de Valérie cédant ainsi la place à Gary Klang qui nous conte sa terre.  Beaucoup d'entre nous se retrouveront dans "Ma terre est un très vieux souvenir..." même ceux et celles qui ne sont pas "d'ailleurs".
Avril 18 - Encore les voyages ...
Il se trouve que le voyage dans tous les sens du terme inspire les poètes.  Je reçois un poème intitulé La symphonie errante de Mokhtar El Amraoui, poète et enseignant originaire de Tunisie, dont voici un extrait touchant:

Je rêve, muet,
Dans la soif de tes pas,
Sur les sables du voyage
Auquel je t'invite vers les prairies rouges
Et leurs feux bleus !
Ô muse de mon départ !
Astre scintillant
Sur les lèvres ouvertes des vagues !
Il n'y a plus de toits !


Avril 18 - Des nouvelles d'avril qui seront communiquées très bientôt sur Dailleurspoésie:

nouvelles (entre autres) du premier recueil de Luminitza C Tigirlas paru aux Editions du Cygne, du dernier livre de Fabien Toniello, de Valérie Canat de Chizy et de sa prochaine aventure poétique... et musicale.  

De plus, un nouveau thème sera annoncé prochainement pour la Une de la page d'accueil. 
​
Enfin, un nouveau poète Dailleurs nous rejoindra.  Surprise, surprise....
​
De nouvelles parutions ? Des engagements poétiques, des lectures ? N'oubliez pas de les communiquer à Valerie@afleeds.org.uk. 
Avril 18 - Pour clore le thème du voyage,

Le chemin est long de Christian Garaud a rejoint le blog de Valérie et un extrait d'un texte d'Aline Shem Tov, auteure Dailleurs, fait la Une pour nous parler de la fuite du temps autant que de celle des choses qui nous font (et qui nous défont).
​

Le prochain thème : 
les langues étranges ou étrangères?

​C'est un des textes du recueil "riche" de Florent Toniello intitulé Lorsque je serai chevalier (Jacques Flament Éditions) qui inspire ce choix.  Je reviendrai sur le recueil (que je viens à peine de recevoir) dans mon blog plus tard mais en attendant (et pour vous donner envie de vous le procurer):

Commander en anglais visiter 
En mandarin penser en mentalais
Chanter en italien écrire en français
Le héron est revenu ce soir
Le pont a manqué de s'écrouler

Mars 18 - À la Une de Dailleurspoésie, une nouvelle invitation au voyage  (Le chemin est long) de Christian Garaud, poète Dailleurs, et son illustration toute en fraîcheur et en mystère que nous offre Anna Jouy. 

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Mars 18 - On découvre  
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une voix nouvelle chez Dailleurspoésie, celle de Sandrine Daraut qui nous adresse des textes courts, pensées-songes invitant au voyage.  Trois petits textes pour commencer.

Songe d'un soir divers
Mers abandonnées
blanc et miel froid brûlant bleu
roses trémières

​Quand on aime...                                                                                                       Fruit de la pension
Mon coquillage                                                                                                            Côté fenêtre
écume salée sucrée                                                                                                     par les portables la nuit
cocotiers maison                                                                                                          stop Nature crie


Mars 18 - À noter ..
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ue les recueils de Marcelle Kasprowicz sont désormais disponibles sur Amazon.  Les poèmes de Marcelle sont pour la plupart écrits en français et par la suite traduits en anglais.  
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Mars 18 - À noter ..
qu'une "Pesée de ciels", le tout dernier d'Anna Jouy sort prochainement aux éditions Alcyone. L'éditeur (Silvaine Arabo au pilotage)  offre de très beaux ouvrages . Nous attendons la parution de Pesée de ciels sachant qu'il nous faudra être patient ...
 Mars 18 - La mer s'ennuie 
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On retrouve Tahiti de Florent Toniello dans le Blog de Valérie et on découvre une conception bien différente de la mer avec Marcelle Kasprowicz à la Une de Dailleurs. C'est en effet une mer languissante et mélancolique qui voudrait bien échapper à sa destinée de mer et se déplacer tel un être humain. Rêve dont l'étrangeté peut surprendre tant l'être humain pour sa part souhaite se fondre à la mer ! 

Mars 18 - Des lectures à ne pas manquer

Claude Vercey,  poète, chroniqueur ("bras droit de Jacques Morin" pour Décharge), lit le 14 mars à la Galerie Jean-Louis Mandon, à Lyon à19 h, et à l'invitation de Lorraine Pobel.
Et n'oublions pas la lecture "étoilée" de Valérie Canat de Chizy, poétesse, chroniqueuse (Verso,  Dailleurspoésie, ...), qui
sera vendredi 16 mars à 19h30 à l'Atelier des Terreaux, en compagnie de Marlène Tissot, Grégoire Damon, Martin Laquet, Fabien Drouet, ainsi que Elsa Gurrieri, qui exposera ses peintures. 
Février 18 - 

​
Anna Jouy rejoint le blog de Valérie et laisse la place à Serge Marcel Roche dont nous retrouvons le style avec plaisir. Son texte sur le thème du voyage figurant à la Une de cette page fut publié initialement chez Les Cosaques des Frontières. 

Février 18 - Tahiti !

Florent Toniello est à la Une avec un texte dont le rythme et l'entrain ne cachent pas les questions actuelles et profondes que pose le voyage..enfin, un certain type de voyage. Merci à Florent qui nous rappelle ainsi que la mer et la beauté de notre planète, si elles se laissent contempler,  doivent aussi être protégées.
Pour bien commencer février,

parlons de Khalid El Morabethi, poète Dailleurs, qui propose une série de textes crées en collaboration avec  Gaëtan Sortet. En voici un qui évoque un peu notre thème du voyage:  

Pendant que je suis assis ici, imaginez que je suis de l’autre côté en train de vendre mes habits
Et mon cœur doux, lui, est entre vos mains
La phrase continue, la machine peut s’arrêter, entre nos mains
Je vous suivrai au-delà
Tout glisse
Au panthéon des idées

Khalid El Morabethi et Gaëtan Sortet


Janvier 18 -- Des nouvelles de Luminitza Tigirlas

Les bonnes nouvelles nous "tombent dessus" : Luminitza nous fait part de deux publications. 
La revue "Rue Saint Ambroise" publie  dans sa rubrique "Nouvelle de la Quinzaine" du 29 janvier 2018  "Enfin herba luminaria" qui peut être lue en cliquant ici ! 
De plus, retrouvez les poèmes de Luminitza dans la revue Verso (No 171) ainsi que dans la revue en-ligne Le Capital des Mots animée par Eric Dubois. 




Février 18 commence bien avec des nouvelles de Christian Garaud 

qui m'envoie une citation  une citation du philosophe taoïste Tchouang-tseu qui "me parle" (comme on dit !) :
"Il n'y a rien de tel que le voyage. Quand on sait voyager, on ne sait plus où l'on va; quand on sait contempler, on ne sait plus ce qu'on voit. Je parle de voyage, je parle de contemplation quand tout se prête au mouvement, quand tout se prête à la vision! Il n'y a rien de tel que ce voyage-là! rien de tel!"
et j'ai répondu ...
​Lire la suite 

Janvier 18 -- Des nouvelles de François Coudray 

Poète Dailleurs, François nous livre son actualité poétique qui atteste son engagement, son enthousiasme littéraire et artistique.  
Deux événements à signaler :  
-  "une installation poétique voyageuse, « être ange (variations pour camera obscura) », qui après Nantes (en novembre et décembre dernier), accoste à Bourges (dans le Cher, du 16 mars au 1er avril prochain) 
être ange est un travail à quatre mains et deux ailes : un travail photographique au sténopé d’Erick Mengual, réalisé avec la complicité du comédien Damien Bouvet, et un travail d’écriture poétique de François Coudray, en échos aux images.
- 
une résidence artistique « virtuelle » : une résidence partagée avec le photographe Erick Mengual (http://www.erickmengual.com/), sur le site des éditions du frau (https://editions-du-frau.jimdo.com/) entre le 1er avril et le 30 juin 2018 : un "jeu d'échos et de dialogues" entre mots et images, à travers les saisons et par-delà les océans "




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Janvier 18 -- Note de lecture  (Valérie Canat de Chizy) 

et leurs doigts frêles tordant le destin 
Jean le Boël -
Editions Henry, 2017


Ma poésie n’est pas grand-chose. Elle s’oubliera vite et elle ne figurera pas dans le salmigondis dont se passeront les générations à venir. C’est par ces marques d’humilité que Jean Le Boël commence son livre, 
​Lire la suite 

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 Janvier 18 -- Appel à textes 
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Après le thème de l'exil, voici celui du voyage (ou de la mer) pour les textes qui figureront À la Une de la page d'accueil de Dailleurspoésie.com.  Commençons par Timbre, un petit texte sans prétention écrit il y a quelques mois quand, dans une somnolence de début d'après-midi,  le bruit de la circulation me rappela celui des vagues et des vacances d'été de mon enfance. On retrouvera le beau texte "EX-ÎLE" de Gary Klang  dans mon blog. 


Janvier 18 - 
Il est surprenant, amusant et dynamique mais attention, ne vous laissez pas leurrer par cette première impression car ses lignes sont aussi d'une belle profondeur. A sonder donc... allez !

Florent Toniello se joint à nous. Découvrez vite sa page et partagez ! 
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Janvier 18 - Favoriser les échanges (poétiques), c'est bien la vocation de Dailleurspoésie.  J'attire aujourd'hui votre attention sur le site C.I.R.C.E (Centre Interdisciplinaire de Recherche sur la Culture des Echanges) de l'université de Paris 3. Michèle Baroldi qui a apporté son concours à cette initiative m'a permis de la découvrir et de connaître des travaux de traduction en français de poésie italienne en particulier. 
Janvier 18 - A noter .... 

Des abribus pour l'exode - 
recueil de Marc Tison paru chez l'association "Citron gare" (leur 12ème). 

Renseignements plus complets dans le blog de Valerie. 
Janvier 18 - A noter .... 

Que nos lectrices et nos lecteurs sont de plus en plus nombreux. 
Les chiffres ici sont éloquents (même si la prudence est de mise en général quand il s'agit de chiffres !) : entre 471 et 635 visites hebdomadaires en automne dernier. 

Un grand merci pour votre confiance.

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Janvier 18!   Belle année à tous !

Nous recevons cette année encore les voeux d'Anna pour la toute nouvelle année, sa carte, ses couleurs, son énergie !

Merci Anna !
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Meilleurs voeux pour la belle et toute nouvelle année !


Décembre 17 -    Anna
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Notre amie poète et lectrice Dailleurs, Anna Jouy, dont Valérie Canat de Chizy dit qu'elle "a soif d'espace. Elle voudrait se fondre dans le paysage" figure à la Une sur le Magnum de Décharge. Claude Vercey nous livre ainsi deux extraits d'un nouveau recueil inédit. Tout simplement. On est frappés de plein fouet par les mots et le silence d'Anna dont la "fougue" comme l'écrit Claude Vercey, nous prend au ventre. 

                        "La nuit au ventre. Je serre les dents et je claque langue rabattue. Le corps expie ses mots comme des calculs. Soir                              ventriloque. ...C’est l’heure d’aborder le silence, jeter crochet au centre de la gueule. Ça y est, je me tais dans mon                           rouge bocal, plage muette."

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Décembre 17 - 

et pour bien commencer décembre, quelques images (comme si on y était) de "notre" Khalid lors de la cérémonie de remise des prix (Poésie en liberté) le mois dernier.

​Bravo Khalid ! 

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Novembre 17 -  

Khalid El Morabethi, poète Dailleurs, fait parler de lui : il était à Paris il y a une quinzaine de jours pour recevoir son prix (concours Poésie en liberté).  Il nous a envoyé des tas de photos et surtout un courriel enthousiaste et ensoleillé ("4 jours à paris , c'était magique, l'attachée culturelle de l'ambassade m'a donné mon prix".  
Les photos vont suivre... en attendant qu'elles figurent sur ce site, partageons la joie de Khalid (à defaut de partager son prix !).



Novembre 17 -
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Lancement à Middlesborough de Building Bridges, belle anthologie de poèmes ekphrastiques. Le projet a été l'objet d'une bourse de Arts Council.  On y retrouve des écrivains d'origines et de cultures diverses parmi lesquels Bob Beagrie (membre du comité de lecture de Dailleurspoésie) et Valerie Harkness.
Le lancement a Middlesborough sera suivi d'un atelier à Salford le 15 novembre.  
​
Novembre 17 -

On trouvera Building Bridges chez Ek Zuban Publishers et on (re-)découvrira ainsi la poésie de Bob Beagrie, d'Amir Darwish, d'Andy Willoughby, de Valérie Harkness et de beaucoup d'autres poètes réunis pour "construire des ponts" entre les cultures. 
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Novembre 17 -

François Olègue prend la suite de Luminitza C. Tigirlas avec un extrait de son poème intitulé Babel pour le thème de l'exil sur la page d'accueil. On retrouvera Luminitza dans le blog de Valérie. ​
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Novembre 17 - 
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On aime les textes de Fabienne Roitel dès les premières lignes se rappelant ainsi l'enfance, les souvenirs et beaucoup de ces petits riens "inutiles" qui font la vie de tous les jours.  On rêve tout en découvrant de magnifiques vers:
Demander qu’on reprise la chemise de nuit dans laquelle tu rêves
Ses trous pourraient laisser passer les poèmes.

et on trouve juste ce qu'il faut de "réelle" tendresse.  

Retrouvez Fabienne parmi nos poètes Dailleurs. 
Novembre 17 - 

Les bonnes nouvelles sont bonnes à partager : on retrouve les textes de Luminitza C. Tigirlas dans Écrit(s) du Nord 31-32 (Éditions Henry).  Nous y découvrons aussi Florent Toniello qui rejoindra bientôt les poètes Dailleurs. 
​
Profitons de l'occasion pour saluer Jean Le Boël, poète, éditeur et membre du comité de lecture de Dailleurspoésie !

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Octobre 17 - ​

​ Elle vient de Franche-Comté et elle nous écrit du Québec où elle vit désormais. Fabienne Roitel rejoint les poètes Dailleurs prochainement avec des textes où profondeur et légèreté se mêlent librement et simplement :
"Essarter, bêcher, semer, récolter les souvenirs et les matins
Réparer le vivant, le vulnérable et la noirceur
Qui alourdissent nos pas dans la terre et ses chemins."
(Extrait de Poème à Evelyne, à Marguerite)

Octobre 17 - 
​

​Aline Shem Tov rejoint les poètes Dailleurs avec deux textes extraits de son recueil inédit "Signalez un lien mort".  On y trouve une écriture au style haletant, des phrases découpées,  décousues; on y suit le trajet de la naissance à la vie. 
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Octobre 17 - 
Nous accueillons Aline Shem Tov qui rejoindra notre rubrique poètes Dailleurs d'ici quelques jours. Elle est née en France et vit à Tel Aviv.  Voici comme mise en bouche: 
 
je me demande où je commence
je ne crois pas que je finisse
je m'étire
je m'étends sans limite
                                                                                                                  je recouvre tout
on marche sur ma peau distendue   

Octobre 17 - 
​Khalid El Morabethi, poète Dailleurs fait parler de lui dans un article de Claude Vercey publié le 9 octobre dernier sur le site de la revue Décharge intitulé Les improvisations de Khalid El Morabethi. Y sont présentés le poète (découvert par Françoise Favretto des Ateliers de l'Agneau), son premier livre e.x.e.r.c.i.c.e.s et son style: "Le but de l’exercice semble d’atteindre la transe par la répétition des mots ou de bribes de phrases, qui ouvre vers le vertige" écrit Claude Vercey dans sa chronique. 
Être l'objet d'une chronique de Claude, ce n'est pas rien. Nous nous réjouissons par conséquent pour Khalid que l'on peut retrouver parmi nos poètes Dailleurs et dont le texte Muscle peut s'écouter en musique sur ce site grâce à l'interprétation d'Anna Jouy. 

 Octobre 17 -  

​On retrouve Un petit creux  de Marcelle Kasprowicz dans la rubrique Blog de Valérie comme il fait place à Les éphémérides d'un exil de Luminitza C. Tigirlas (poète Dailleurs) qui nous emporte dans la douleur/douceur charnelle, la déchirure "d'un autre départ".
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©Doïna VIERU 2016


Septembre 17 -   

On ne résiste pas à partager la joie  de Khalid El Morabethi (poète Dailleurs) à la suite de son succès au concours 2017 Poésie en liberté (lycéens et étudiants).  Ayant remporté le premier prix de ce concours international, il se rendra en France le 15 novembre pour assister à la remise des prix.  On se réjouit pour Khalid. 
Retrouvez le palmarès ici, sur le site de Poésie en liberté.

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Septembre 17 -   

Un autre poète Dailleurs ET membre de notre comité de lecture, Oz Hardwick,  "fait des siennes" avec le lancement de son dernier recueil "The House of Ghosts and Mirrors" à York le samedi 30 septembre. Les textes de ce dernier recueil, chaleureux et tendres, nous plongent dans la rêverie et les souvenirs d'enfance d'Oz. 
Une note de lecture est à suivre dans le Blog de Valérie.
On peut se procurer le livre chez l'éditeur, Valley Press. 

Septembre 17 -   

Bienvenue à Sabine Huynh qui rejoint nos poètes Dailleurs avec un extrait d'un nouveau recueil intitulé ("pour le moment" précise-t-elle) "Corps sur Corps".  En suivant les mots de Sabine, on se retrouve vite "pris" (le mot n'est pas choisi à la légère) dans une apparente linéarité, une profondeur cachée et sensuelle, dans les liens plus ou moins forts des choses et des émotions.  
​On suit et on aime. 
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Septembre 17 -  
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​Khalid El Morabethi nous surprend toujours. 


Son "Bonjour Laura" flotte entre le surréalisme et la candeur. 
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Bonjour Laura

Dans la petite maison dans la prairie le vieil enfant trouve que Moby Dick pourrait se trouver dans un autre univers ou une autre partie de l’univers

Dans la petite maison dans la prairie le vieil enfant dit bonjour aux hommes au fils de l’homme aux fantômes au jeune homme à la pomme

Dans la petite maison dans la prairie le vieil enfant joue avec un demi-dieu et pense qu’il est roux et que tous les roux sont des descendants de demi-dieux

Dans la petite maison dans la prairie trois papillons font trois papillons font des rats font des hiboux font un herbivore adopté

Dans la petite maison dans la prairie le vieil enfant pense que le temps est maigre que sa vieille mère est maigre qu’Arthur Rimbaud est maigre que son chat est maigre

Dans la petite maison dans la prairie le vieil enfant joue avec une minuscule ombre et pense que le cosmos est dans l’estomac d’une grande vache jaune et que tous les grands-pères toutes les autres ombres tous les anciens soldats revenus du Vietnam le savent

Dans la petite maison dans la prairie le vieil enfant pense qu’il n’est pas humain qu’il est juste un produit qui est encore et toujours en train d’essayer de s’échapper à quatre patte de la nature et que le vieux cerveau voudrait recréer le chaos

Dans la petite maison dans prairie le vieil enfant pense qu’il faut attendre le moindre bruit la moindre question le moindre détail le moindre signe pour sortir de la petite maison dans la prairie.

A bientôt Laura


Khalid EL Morabethi

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Septembre 17 -

Le poème de Sabine Huynh sur l'exil a rejoint le blog de Valérie pour ceux qui désirent le (re-)découvrir et "Un petit creux", de Marcelle Kasprowicz, auteure Dailleurs le remplace, évoquant les souvenirs de ce que l'exilé(e) a quitté. 

Un extrait du poème de W B Yeats intitulé "Memory" figure en épigraphe et nous rappelle qu'il est bon de lire et de re-lire le poète irlandais qui clame dans "The Land of Heart's Desire" :
                                   "
Come Fairies, take me out of this dull world,
                                                       For I would ride with you upon the wind,
                                                       Run on the top of the dishevelled tide,
                                                       And dance upon the mountains like a flame!"



Septembre 17 - Quelles nouvelles ? 

C'est la rentrée ici comme ailleurs.  Commençons en images avec les photos et les montages de notre poète Dailleurs François Coudray qui nous amène (comme cette revue) ailleurs...
Merci François !

Dailleurspoésie.com prépare son anthologie et souhaite se créer une identité encore plus forte et, celà va sans dire, un style et un site qui lui ressemblent. C'est pour bientôt mais nous savons tous que les quatre coins du monde n'ont pas la même conception de "bientôt". Alors contentons-nous de dire que ces changements auront lieu.


Notre prochaine écrivaine Dailleurs sera Sabine Huynh qui se joindra à nous ... bientôt. 

Merci à tous pour vos textes, vos courriels et vos appréciations.  

Bonne rentrée à tous ! 



Merci á tous ceux qui ont adressé leurs textes sur l'exil et/ou en vue de contribuer à l'anthologie Dailleurspoésie. Nous vous écrirons en septembre/octobre prochain. 
Août 2017

C'est Sabine Huynh qui prend la place de Gary Klang avec son texte, Toi    sois     tout, qui parle d'un exil douloureux, qui touche, ou cesse de toucher. 
Sabine sera bientôt écrivaine Dailleurs. Nous l'accueillons les pages ouvertes. 

Juillet 2017

Nous sommes à Madrid ou ailleurs avec Gary Klang, poète Dailleurs, et un extrait de son poème Madrid à la Une de Dailleurspoésie. Merci Gary ! 

Juillet 2017

C'est au tour de Christian Garaud de nous offrir son texte sur l'exil pour le haut de cette page d'accueil.  Il y s'agit des échos des langues que nous adoptons et des images qu'elles évoquent. En est-il de même pour la poésie ? 
Les textes sur l'exil déjà publiés (d'Anna Jouy et de François Coudray) figurent dans le blog de Valérie.. Retrouvez-les à loisir. 
Juillet 2017

Une fois n'est pas coutume, petit coup de projecteur sur Françoise Favretto, éditrice de l'Atelier de l'Agneau, où sont publiés les premiers recueils de deux de nos poètes Dailleurs : Khalid ​El Morabethi et Ismaël Savadago. 
Cliquez ici pour ne pas manquer  l'entretien de Françoise Favretto dans Ent'revues. 

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Juillet 2017
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Valérie Canat de Chizy nous livre sa dernière chronique sur le premier recueil d'Ismaël Savadago Le sable de la terre aux éditions Du Lavoir Saint-Martin à Paris.  Elle ne nous laisse pas insensible au talent de ce jeune auteur ivoirien. 

Juillet 2017
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Anna Jouy cède la place à François Coudray en haut de la page d'accueil de Dailleurspoésie.com.
François nous offre un texte poignant sur l'exil déchirant de son frère. 

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Juin 2017 -  C'est Anna Jouy,

avec son texte sur l'exil,  qui donne le ton à notre page d'accueil. Merci Anna. 


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Juin 2017 -  et c'est Serge Marcel Roche 

qui a rejoint les poètes Dailleurs 
​avec Chant du deuil de Mylène et
Soir courant. 

Bienvenue à Serge et à sa poésie au ton 
coloré et mélancolique à la fois. 


Juin 2017 -  Auriez-vous un texte sur l'exil à proposer à Dailleurspoésie ?

Si oui, adressez-le à Valerie@afleeds.org.uk pour qu'il figure au haut de la page d'accueil. Nous vous conseillons de lire les poésies publiées par Dailleurs pour vous rassurer que vos textes correspondent à notre ligne éditoriale. 

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June 17 -

Il est né à Lyon. Il vit au Cameroun depuis presque vingt ans.  Hauts en couleurs, ses textes nous transportent vers des paysages lointains et tout proches à la fois. Il s'appelle Serge Marcel Roche et il rejoindra nos poètes Dailleurs très bientôt. 

Bienvenue à Serge Marcel Roche.



June 17 -  

Encore une belle nouvelle à partager. Il est toujours bon d'entendre que nos poètes Dailleurs font parler d'eux !
Voici que c'est le tour d'Ismaël Savadago avec la parution dans la 
 La Cause Littéraire d'un article de Nathalie de Courson (à suivre sur : http://www.lacauselitteraire.fr/le-sable-de-la-terre-ismael-savadogo) sur son livre Le Sable de la Terre  aux éditions Lavoir Saint-Martin. 
Nous rejoignons Nathalie de Courson quand elle qualifie la poésie d'Ismaël Savadago d' "attentive, patiente, modeste...".  C'est bien cette modestie, cette volonté de prendre son temps pour trouver le mot qui lui convient le mieux (le vers, le rythme) qui nous attire chez ce jeune poète ivoirien. 

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June 17 -  Bilingual Event à Leeds

Histoire de se rappeler les moments de rencontres et d'échanges interculturels, de musiques et de poésies  du Bilingual Event du 20 mai dernier.  Une édition particulièrement juteuse et colorée avec Nathalie Henry, Reno, Bob Beagrie, Oz Hardwick, Amina Alyal, Valérie Harkness et bien entendu notre méli-mélo de voix et de poésie. 

Parmi les nombreuses réactions qui nous sont parvenues, en voici quelques-unes: 
​"Je vous remercie pour une soirée excellente. L'organisation était parfaite et je me suis sentie fière d'avoir l'occasion de m'assister à un événement très multi-culturel dans le Yorkshire. Pour moi c'était un bon moment d'habiter dans 'un' monde et vous avez bien réussi de donner un sentiment de célébrer d'être citoyens et citoyennes du monde. "

"
Bliss and delightful poetry and music night, how wonderful to attend this beautiful Leeds event and be a guest of the fabulous French Institute! Thank you for the friendship and the words that unite us in a happy multilingual world.
Bonheur et délicieuse nuit poétique et musicale à l'Université de Leeds Trinity. Quelle merveille d'être l'invitée de la fabuleuse Alliance française de Leeds! Merci aux amis et vive les langues qui nous unissent dans un joyeux monde multilingue."
​

"Thank-you for such an uplifting evening - such a vibrant drawing together of diverse verbal music!"

Pour quelques images de la vidéo "souvenir", cliquez ici : Bilingual Event Leeds - 20th May 

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Mai 17 -

Anna Jouy lit Voici la tristesse des morts  d'Ismaël Savadago sur une musique de Korzeniovski. Anna et Ismaël sont tous les deux poètes Dailleurs, se rejoignant magnifiquement dans ce morceau triste et touchant.  C'est par la simplicité de ses mots qu'Ismaël nous parle de façon aussi éloquente. C'est par le choix musical et le timbre de sa voix qu'Anna nous inspire, tout simplement. Cliquez ici et écoutez. 
Mai 17 -

Nous aurons le plaisir d'entendre Bob Beagrie lire ses derniers textes le samedi 20 mai à l'occasion du Bilingual Event Leeds. Bob nous offre en avant première un passage de son  texte  My street et son interprétation en musique:

 https://soundcloud.com/projectlono-1/my-street

My Street
 
The street is depleted except for a man sitting
on someone else’s step eating a sandwich
 
Kerb puddles with cloud faces
quiver in suspended migration
 
and the dull clunk of a car door closes
on the musty light of a long grey day
 
The street, which could be in Ithaka
devours the hour, gathers together
 
its opposing distances
 
into an armful of damp laundry as the man
chews his sandwich and the windows stare
 
rendered purblind to the rest of the town
around each corner, the park, river, valley
 
evening’s rustle over a stark night
......
Bob Beagrie 
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Avril 17 - 

Rappel réjouissant en guise de muguet porte-bonheur du 1er mai : l'Alliance Française de Leeds vous propose de vous régaler  de musique, de poésie et de langues étrangères au Festival Bilingue Poésie et Musique qui vous accueillera le 20 mai prochain à Leeds.  Bob Beagrie, Oz Hardwick, Nathalie Henry, Amina Alyal, Reno et Valerie Harkness seront au rendez-vous pour partager des moments poétiques, chaleureux et interculturels.  Venez nombreux au Bilingual Event Leeds ! 

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Avril 17 - 
D'ici quelques jours, Anna Jouy nous invitera au voyage sur sa voix, sur les mots de Luminitza C. TIGIRLAS, sur la musique de Shigeru Umebayashi (In the mood for love).  Un enregistrement dont Luminitza dit qu'il est une "mise en lumière vocale de mes poèmes français". 

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Avril 17 - 

Autre bonne nouvelle : la parution d' E.X.E.R.C.I.C.E.S  de Khalid El Morabethi, poète Dailleurs. 
(L’Atelier de l’agneau)


Pour l'obtenir : 

http://atelierdelagneau.com/25-premier-livre-d-un-auteur/202-exercices-9782374280042.html


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 Avril 17 -

C'est un plaisir d'annoncer la publication de l'écriture la vie 
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de Valérie Canat de Chizy, chroniqueuse et poète Dailleurs, aux éditions Le Petit Rameur.  Mireille Disdéro (poète Dailleurs) explique qu'il s'agit d'un beau recueil de 15 textes où "
s’exprime la nécessité d’enterrer profond / les décombres de la maison / tous mes souvenirs, et de combler le vide intérieur par l’écoute de soi et l’écriture..."

© Les Editions du Petit Rameur, mars 2017
ISBN 979-10-96733-02-6
Prix 5 € - 28 pages



Mars 17 -    

​Nous sommes heureux de savoir Ismaël Savadago à Paris dans un univers poétique qu'il aime et qu'il partage.

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Mars 17 -  

Laissons sur cette page d'accueil un peu de place aux lectures d'Anna Jouy.

Voici Tristesse de Marcelle Kasprowicz lu par Anna.

On ne peut pas ne pas être touché et inspiré lorsqu'on entend :  "il faudrait tout un été de chaleur humaine ...." 



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Mars 17 -  


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Très bientôt, nous accueillerons dans notre cercle de poètes Dailleurs Luminitza C. TIGIRLAS, d’origine roumaine, née en Moldova orientale. Ses textes et son style nous emportent loin, dans un temps et un lieu déchirés. "J’étais la fille du Nucarul, le noyer que mon père Vassili TIGIRLAS avait planté dès mon premier fil de voix. En Moldova orientale, le totalitarisme soviétique enchaîna le roumain du parler parental à la graphie cyrillique."

​Mars 17 - Bonne nouvelle ! Le dernier numéro de la revue L'intranquille va sortir très bientôt.  Y figurent des textes de deux de nos poètes Dailleurs : Ismaël Savadago et Khalid El Morabethi.  A obtenir chez Atelier de l'agneau.

Other good news : Ismaël est en ce moment même à Paris, en résidence d'écriture. 

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​ Mars 2017 -  The Inspiring Futures anthology, edited by Oz Hardwick, has arrived ! It features poems by Oz, Hannah Stone, Susan Anderson, Amina Alyal and Valerie Harkness (to cite just a few). It is truly fantastic ! Information about the book (and the book itself) can be obtained from Indigodreams.co.uk.
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Février 2017 -
Le Bilingual Literature and Music Event de AF Leeds 
aura lieu le 20 mai à 19h à Leeds Trinity University. Il rassemblera comme chaque année des écrivains et des musiciens de différents nationalités (avec une majorité d'anglophones et de francophones.  L'événement est parrainé par AF Leeds et M. Prémat (député Europe du Nord).  Venez nombreux participer à cette soirée conviviale, musicale et poétique ! 

Au programme : Oz Hardwick, Bob Beagrie, Nathalie Henry, Amina Alyal, Valerie Harkness, Reno Bistan et bien entendu Noriko, Sara Trentini, Claudia Fabian, et Yelin Zhao pour les textes japonais, italien, allemand et chinois. 



Février 2017  - Chroniques 


Valérie Canat de Chizy  nous livre sa note de lecture sur Une montagne de François Coudray (poète Dailleurs) paru chez L'Harmattan en 2014.  L'occasion de découvrir ce "​beau livre-hommage au père et au pays de l'enfance.
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Février 2017  - Anna Jouy nous offre sa lecture de "Muscle" de Khalid El Morabethi. Chacune des lectures d'Anna est un cadeau : la voix qui donne aux textes Dailleurs encore plus de vie et de sens. 

 Février 2017 - Ismaël Savadago se joint aux poètes D'Ailleurs. Il nous parle de lui et nous livre un beau texte simple et profond à la fois sur le temps, l'oubli et "ce qui reste" : "Quand il faudra partir cependant un jour / rien ne sortira du fond de cette pièce."
Savourons d'abord ce premier texte avant d'en lire d'autres, très bientôt sur Dailleurspoésie. 
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Janvier 2017 -  
Christian Garaud  nous a fait part d'une très bonne nouvelle; un ensemble de textes (Corps maison hantée) de ce poète Dailleurs  vient de paraître dans Contre-allées 37/38, revue de poésie contemporaine animée par Amandine Marembert et Romain Fustier. 

Ismaël Savadago 
Bienvenue à Ismaël  qui nous propose sa poésie très bientôt à Dailleurs.   
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François Coudray
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François Coudray a rejoint les poètes de Dailleurs.
Découvrez sa page et sa poésie. 


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Janvier 2017 !   



​Bientôt Valérie Canat de Chizy nous offrira sa note de lecture sur le dernier recueil de François Coudray, l'herbe noire, paru aux éditions du Frau.  Watch this space (comme on dit en anglais !). 

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Les voeux d'Anna Jouy qui font écho aux nôtres : que l'année 2017 soit belle. 

​Merci Anna ! 


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2017 ! 
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Le premier janvier marque le passage du temps, signifie de nouveaux départs, évoque des souvenirs. L'occasion de relire Robert Burns et son fameux "Auld Lang Syne" écrit en dialecte écossais que nous connaissons (et chantons) bien !  Comme beaucoup des textes de Burn, Auld Lang Syne nous parle en toute  simplicité du passage du temps et de la vie. Sa musicalité n'est malheureusement pas facile à rendre en traduction. 


"We twa hae paidl'd in the burn
Frae morning sun till dine
But seas between us braid hae roar'd
Sin' auld lang syne."


Nous avons bourlingué tous deux
Du lever au diner
Mais les mers ont grondé et nous ont séparés
Depuis "auld lang syne" (le temps jadis / le "bon vieux temps") 

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Décembre 2016 

Khalid EL Morabethi
est notre dernier poète d'Ailleurs.   Du Maroc, il nous adresse ses textes. 

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M
Miroir, miroir, miroir regarde l’animal à trois têtes et qui a 5 doigts,
Il mange avec ses doigts, l’animal fait du bruit quand il mange avec ses doigts,
Des doigts qui bougent, des doigts qui avalent les mouches, des doigts qui avalent peu à peu la lune,.....(lire la suite)



Novembre 2016 - Avis Concours
Le Centre pour l’UNESCO Louis François, propose aux enfants et jeunes de tous les horizons, des activités de découvertes culturelles et artistiques, en France et à l’étranger. Cette année, le Centre lance le concours international de poésie en langue française « Des mots pour notre terre », destiné aux enfants et jeunes de 9 à 25 ans.
Le thème proposé en 2017 est :
« Infiniment grand, infiniment petit : la beauté d’un monde ».
Pour plus de renseignements, consultez les sites Web et Facebook suivants : 

http://centre-unesco-troyes.org/
https://www.facebook.com/centre.unesco.troyes

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Décembre 2016 - 

Valérie Canat de Chizy nous offre une note de lecture sur le dernier recueil de Valérie Harkness aux éditions Henry : Racines.
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Novembre 2016
Les bonnes nouvelles, ça se partage. Voici ce que François Olègue nous a envoyé il y a quelques jours : 
​Chère Valérie
Je ne peux m’empêcher de vous faire part d’une nouvelle réjouissante : mes Sonnets de Polyphème viennent de sortir chez le Chasseur abstrait (http://www.lechasseurabstrait.com/chasseur/spip.php?page=semaines /


Le chasseur abstrait éditeur - Patrick Cintas


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Novembre 2016  

Marcelle Kasprowicz se joint à nos poètes d'Ailleurs et nous livre des textes inédits en anglais et en français.  



Novembre 2016

Anna Jouy lit Christian Garaud. Cliquez sur Anna et découvrez !


Novembre 2016

Mardi 15 novembre - 18h30 - Espace Simone de Beauvoir à Nantes
Presentation de C'est la terre qui m'a faite, ouvrage de Laurence Bézert (peintures) et Valérie Harkness (textes).
Un beau livre aux Editions du Petit Véhicule 
Contactez Laurence sur 
http://www.lbezert.book.fr/


Novembre 2016  
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Bientôt la note de lecture de Valérie sur Racines de Valérie Harkness aux éditions Henry.  



Novembre 2016 - 

​La roue tourne le n°14 de SQUEEZE est en ligne à l'adresse suivante :
http://revuesqueeze.com/actualites/revue-squeeze-n14-la-roue-tourne/



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November 2016 - 
Anna Jouy lit François Olègue !
Cliquez sur Anna et écoutez.
Un délice.

​Novembre 2016 - 

Un bel événement en perspective à Vittel en mars prochain : la 5ème rencontre internationale de poésie.  Voilà qui donne envie de voyager...
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November 2016 -  

​Notre rubrique "Textes traduits" est arrivée !
Avec pour commencer, le poète anglais Oz Hardwick.  Cliquez sur Oz et vous y êtes ! 


Octobre 2016 -  
Anna Jouy lit Anna Jouy. Magnifique ! Cliquez là et vous y êtes  ! 
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Concours international de poésie pour les enfants et les jeunes de 9 à 25 ans
! 


Le concours est organisé par le Centre pour l'Unesco Louis François. Cliquez ici pour plus de renseignements ! 

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Octobre 2016 -
Et voici notre nouvelle rubrique : les ​​lectures d'Anna Jouy. Pour commencer, vous pourrez entendre des textes choisis de Mireille Disdéro et de Valérie Harkness.


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Octobre 2016  -
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On parle de nous
 .. dans "Vous prendrez bien un poème" fondé en 2011 par Françoise Vignet !  Parlons-en un peu plus dans le blog. 
​

Septembre 2016
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La chronique de Valérie Canat de Chizy 
septembre 2016



​Anna Jouy, De l’acide citronnier de la lune. Editions Alcyone,


Bientôt...
​
Les textes traduits...
​

Bientôt sur ce site une nouvelle rubrique : les textes traduits avec pour commencer des textes d'
Oz Hardwick traduits en français par Catherine von Knorring... 
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Né en juin 2016, D’Ailleurs est pimpant neuf. Il est entendu qu’il s’adresse aux amoureux de la poésie et des mots mais il parle aussi à toutes celles et ceux dont la vie, les rêves ou les pensées se passent entre deux eaux, se disent dans plusieurs langues et qui se dé-paysent.
D’Ailleurs donc est consacré aux poètes qui ont  quitté la terre de leur enfance. Écrivant de loin en français, ils cherchent d’autant plus le partage de leur monde poétique.  
Crée par l’Alliance Française de Leeds, D’Ailleurs fut initialement herbergé par cette dernière (http://afleeds.org.uk/accueildailleurs/) mais le voici qui, lui aussi, part en voyage en créant sa propre embarcation, son propre site. Il accueille les auteurs francophones vivant “ailleurs” qu’en France metropolitaine et les poètes en langue anglaise qui écrivent sur le thème de la France ou de la francophonie.
Le comité de lecture est composé de Claude Vercey (poète et chroniqueur), Jean le Boël qui nous offre ses billets (Billets de Jean), Bob Beagrie (poète en langue anglaise) et Oz Harwick (poète en langue anglaise). Le pilotage de D’Ailleurs est assuré par Valérie Harkness, directrice de l’Alliance Française de Leeds.
L’équipe de D’Ailleurs comprend également une traductrice (Catherine vonKnorring) pour permettre aux auteurs en langue anglaise de figurer sur le site ainsi que Valérie Canat de Chizy (poète et chroniqueuse) qui nous offre ses notes de lecture. 
Adressez vos textes (six au plus) par email uniquement à Valerie@afleeds.org.uk. (Send six texts at most by email only.)
Valerie Harkness

 Le billet de Jean -  septembre 2016

Mireille Disdero (Thaïlande)
François Olègue (Brésil)

L’autre qui nous fascine, que nous aimons est toujours d’ailleurs, venu d’un ventre qui ne nous a pas connus. Et, dans la prison de nos corps, nous rêvons de nous évader vers lui, en lui, par lui. La peau, avec son message olfactif, est ce qui limite, ce qui définit, mais aussi ce qui permet le contact, l’échange, la promesse.
Voilà ce à quoi je rêvais en lisant Mireille Disdero évoquant « l’odeur sucrée qui habille chacun des hommes fourmis » de Bangkok, tandis qu’au rire protégeant la peau nue de la jeune femme du poème de François Olègue « on dirait que tu ne m’as jamais vue », je répondais que non, on n’a jamais assez vu l’autre, l’ailleurs.


Jean Le Boël

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