Villages
Et même j'avais l’impression de ne plus vieillir là-bas sur l'île ancestrale même si chacun sait au fond de soi que le temps un jour le rattrapera Barbara Le Moëne Extrait de Malago
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J'ai lu le dernier recueil de Valérie Canat de Chizy et je l'ai aimé.
Parce que. On y trouve des animaux, le chat surtout mais aussi l'ours, l'oiseau, l'abeille. La vie qui vit, innocente. On y retrouve les saisons, la lumière du soleil, l'éclat de l'eau, l'automne (c'est la saison du déclin et plus bas c'est la saison des rencontres). L'automne et ses feuilles mortes, si belles pourtant (les arbres se teintent/de rouge et d'ocre). Valérie CdC fait l'ours (je fais l'ours/je creuse un trou) dont les mots cherchent (dans l'obscurité mais aussi au soleil) à tisser des liens entre eux. Mission quasi impossible. Donner du sens. Relier beauté et laideur, passé (Toussaint/encore/anniversaire/de papa) et paysages du présent. Finalement, relier l'autre en soi et soi. La poésie se faufile dans les paysages et l'écriture de Valérie. Sensible. Les mains et les boîtes
Il arrive de se reprendre de passer le peigne démêleur des moments La main se défait courant péniblement sur les minutes lourdes lestement sur des siècles Elle débride les paquets ficelés dans le noir Elle disperse l’air du moment sur les boîtes qui flottent, suspendues comme des anges, pales dans leur église Trop petites, trop grandes, trop, qui ne se font plus Elle tire comme sur des paquets mal mis . Passé ainsi, le peigne démêleur des moments s’égare et s’éteint, libre et sans prise, sans grand-chose finalement Il arrive de se reprendre et de repriser les moments. Valerie Harkness (inédit) Trop resserrés sont les jours
et les dates du calendrier. Alors ne marche pas trop vite en sortant de la maison. Il ne pleut plus peut-être dans l’image, mais attends d’être sûr d’aller d’un pas de retour dans la rue. Ismaël Savadogo (Extrait de "Au milieu de la nuit' - inédit) Gênes j’aime, Gênes j’aime pas.
Gênes j’aime, Gênes j’aime pas. Gênes double. J’ai nova. J’ai de nouveau des trucs qui vont pas, des trucs qui me dévorent d’un coup et puis je les digère. Je ne peux vivre là et puis je veux rester. Rester même plus longtemps que prévu. D’abord j’ai port du peur, peur du port. Odeurs, vue sur les porte-containers, ces grues qui me ramènent à des images angoissantes de Guerre des Mondes. Je crois percevoir un smog qui nous menace. Vilains veleni réels ou imaginaires ? Comment bloquer sur des trucs ? N’ouvre pas la bouche, ne respire pas, l’air est contaminé. Mais du délire. J’ai entendu un enfant tousser, et puis un autre, et un adulte aussi. Ce doit être ça. Renato l’ansioso. J’ai les oreilles bouchées. Côté pile, qu’elle est belle la ville. Voici le port, les montagnes et les bateaux. Côté face, même image dans le crépuscule. C’est ici que la marchandise mondialisée est vomie dans la bouche de l’occident. Reno Bistan - inédit Après les fêtes de fin d'année
Une rangée de pins et sapins voile un ciel crevé de cendre et d'azur Une feuille s'agrippe à une branche le crépuscule se liquéfie et janvier inonde de lumière comme seul janvier sait le faire les rues et les avenues Les ultimes lueurs du jour brillent sur l'écorce obscure lumière fluide, noirceur liquide les troncs tous semblent condenser la nuit environnante Dans une poussée de panique impalpable les arbres à l'unisson se ploient et se plient se tordent puis se dressent se prolongent, se propulsent en haut, en haut dans la nuit aveugle-née Paul Roddie (Le ravisseur du monde / Taking the world by storm - L'Harmattan L'île
Comme une femme belle et lasse dans le pollen du souvenir Tout autour une odeur de rancunes Les remords flairent les entrailles du temps Tu es le bourreau pendu au gibet de ses crimes Mais dans le roulis des songes dans ton sommeil tiède tu es une pluie de soleil Oh mon île Tessons de tes yeux et sanglot de ta pierre Vois comme la nuit sur ton sommeil invente le soleil Marcelle Kasprowicz Après le poème coréen sijo de Hwang Jini qui a fait la Une la semaine dernière (à retrouver dans le Blog De Valérie, voici un avant-goût du travail poétique de Sandrine Daraut qui s'inspire des haïkus japonais. Sandrine rejoindra les poètes Dailleurs d'ici quelques semaines.
..... Entre avril et août toute frêle fleur des champs ta bouche écarlate coque lit Colette t'aime un coup de vent à-propos ... Extrait de "Ma liber-thé" Sandrine Daraut La poésie coréenne - l'art du sujo
Je coupe en deux la longue nuit de novembre Glisse une moitié sous la couverture printanière Quand il viendra, je la déroulerai pouce après pouce, pour rendre la nuit plus longue Je coupe en deux la longue nuit de novembre Glisse une moitié sous la couverture printanière Quand il viendra, je la déroulerai pouce après pouce, pour rendre la nuit plus longue Hwang Jini Né. Ça prend une forme. Tendre Attend Satan. Tu es. Pas pareil. Dans mon sens. D’un autre soleil. Et. Le triangle. Libre. Traversant. La mémoire. Construite ailleurs comme. Une personne derrière ma langue. Disait le bébé Sanglier.
Tu n’as pas eu peur de l’obscurité. Depuis le commencement. Depuis. Il faisait jour. Et tu as des cornes. Les vitres n’existent pas. Une question. Bientôt. Tu m’étrangleras. Au nom de l’amitié. Mais. Ne fallait-il pas y penser il y a une éternité ? Vers 1994. Et tu as des milliers de cadavres de poissons. Ensuite. Mortes. Qui sortent de ta bouche. Ensuite. Il faisait un temps. Ensuite. Il faisait nuit. Mon attitude. Attend Satan tendre. Tu souris quand je mâche une bête. La manière. Sans aucune raison. Et le temps. Et tu me prends par la gorge. Né. Les nerfs pèsent. Et tu me prends par l’insecte. Et je fais des mouvements. Pour qu’on se calme. Pour que ça prend une forme. Là. Et la pluie. N’est qu’une imagination. Dans mon sens. Je vais bien. Casse moi les jambes. Et les bras. Et le cou. Et dis que je suis le mal. C’est beau. Terrible. Le rôle bientôt joué par l’un de nos deux. Pourtant. Le petit-déjeuner. Tu manges. Mais. Oui. Je n’ai jamais eu faim. Ton estomac avait vidé le sens. Je commence bien la journée. Satan attend le temps tendre. Je comprends. Nous arrivons. J’ai le choix. Tu as ton troisième doigt. Tu marches sur l’eau. C’est au ralenti. Je marche sur la route. Puis. Tu as une belle voix. Je comprends. Tu touches mon visage. Merci. Et tu souris. Bravo. Ça va. Né. Je vois un œil. Nous allons prendre une forme. Ça va. Né. Je vois un œil. Nous allons prendre une forme. Dans toute la main. Né. Tous dans la main. Et puis. Je fais des exercices. Sortes de mouvements. Sortes de réchauffements. Et tu te rends compte. Je suis Né. Et puis. Je fais des exercices. Je suis né. Je touche le triangle. Le nôtre. Il reste en face. Au milieu. Toujours au milieu. Et j’attends le temps tendre. Khalid EL Morabethi |
Juin 2016
Qui parle de nous ? C’est Claude Vercey dans Decharge (la revue) qui parle de nous. Allez-y: http://www.dechargelarevue.com/De-Leeds-et-d-Ailleurs.html Website by Susie Harkness
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