Chronique d’un vide ordinaire Vivre d’absence et crever de solitude tout habitués que nous sommes à cette cruelle routine qui collent aux basques comme si gagner sa vie pouvait remplir le trou du déficit intérieur alors nous inventons un tas de trucs et astuces pour noyer l’être dans le bruit et l’agressivité la fuite et l’indifférence... Quand nos apparences sont menacées on fait des mains et des pieds pour les sauver La souffrance mijote dans les cœurs en ébullition L’homme sait parfaitement cuisiner son malheur Majead At’Mahel
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On n’a pas assez été aujourd’hui
quand c’était aujourd’hui. De ce fait on cherche dans l’éclairage éventuel d’une page un entretien. On est, puisqu’il fallait aussi se rappeler qu’on écrit, d’une certaine manière ainsi appuyé à ce non. Si tu n’as pas sommeil ton insomnie devient la première figure identifiable au milieu de la nuit. Extrait du dernier recueil d'Ismaël Savadago J’aimerais vous parler d’un poète que je connais mais qui n’est pas « d’ailleurs ». Alors je me contenterai de citer certains de ses vers puisqu’il me les a envoyés pour les partager avec moi (et pourquoi pas, avec les lecteurs de Dailleurspoésie). Il écrit depuis plus d’un demi siècle des textes de toutes sortes qui pour certains forment des recueils pour d’autres seront lus à l’occasion d’un dîner ou d’un anniversaire dans le village où il réside.
Marcel n’a rien perdu de sa verve. Il nous régale avec sa Conférence sur le Haricot de traits d’humour bien lancés : Le HARICOT est le seul légume qui peut être associé à la politique, il forme à lui seul 3 forces connues à ce jour : -les ROUGES, les BLANCS, les VERTS… Il parle de tout. Sur le vieillissement, il écrit à l’occasion de l’anniversaire d’une amie: Vieillir n’est point salutaire Que nenni disait une mamie … J’aurai mille choses à raconter Et il en raconte des choses, Marcel. Sur son village : Le village nonchalant Dessine au bord de la Sorgues Sa ceinture de remparts A moitié écroulés Sur les choses et le matérialisme : Marcher sans souci .. Pouvoir se passer Du plus nécessaire Sur le temps qui passe : Le silence nous fait peur Nous sommes faits pour entendre Nous sommes faits pour entendre et partager. C’est bien cela, le message de Marcel Arrué. Merci Marcel. Bonjour Laura
Dans la petite maison dans la prairie le vieil enfant trouve que Moby Dick pourrait se trouver dans un autre univers ou une autre partie de l’univers Dans la petite maison dans la prairie le vieil enfant dit bonjour aux hommes au fils de l’homme aux fantômes au jeune homme à la pomme Dans la petite maison dans la prairie le vieil enfant joue avec un demi-dieu et pense qu’il est roux et que tous les roux sont des descendants de demi-dieux Dans la petite maison dans la prairie trois papillons font trois papillons font des rats font des hiboux font un herbivore adopté Dans la petite maison dans la prairie le vieil enfant pense que le temps est maigre que sa vieille mère est maigre qu’Arthur Rimbaud est maigre que son chat est maigre Dans la petite maison dans la prairie le vieil enfant joue avec une minuscule ombre et pense que le cosmos est dans l’estomac d’une grande vache jaune et que tous les grands-pères toutes les autres ombres tous les anciens soldats revenus du Vietnam le savent. ... C'est l'heure de la pesée du ciel. Vingt grammes de moineau pour des tonnes d'averses. Je m'y prends ainsi: dans le noir de mon oeil, je mets le leurre d'un rêve. Le ciel appâté entre sous les paupières. Je referme aussitôt, je serre le lacet. Ça me fait deux valises pesantes.
Le reste est affaire de soustractions. Parfois par malice, je ne me déduis pas. Je feinte le nuage. J'appelle ça un jour d'humain, c'est-à-dire de Terre à terre, de ce corps de sable à ce jardin immense. (Extrait du recueil Une pesée de ciel aux Editions Alcyone, 2018) AUTOMNE LOINTAIN
Les feuilles se sont tournées, Dociles comme les lettres Qui s’ouvrent, Se lisent et se dévorent Derrière elles se laissent tomber, Les chuchotements d’un lecteur Et ses lèvres Glissant Sur la pointe du temps Le grignotant Un peu, beaucoup Tout doucement Et puis Le calme. (Extrait du recueil Qui dirait tout à paraître aux Editions Henry en automne 2018) i. m. Annie Abellaneda Sœur par une langue de feuillages Pourquoi es-tu silence au-dessus de l’ombrage d’ici ? Nous suivons la huppe fasciée sur la même allée au Bois de Feuilly Un castanea hâtif éploie ses chatons vers les frémis du saule Les sèves s’exfiltrent des mots esseulés Ta voix entend muer la mémoire Le bouleau s’écaille à l’os d’été À mes pieds — averse de lumière Puis-je fouler ce don ? Mon corps l’évite Du vol — vertige de voyelles— j’écoute : le Bois m’appelle ah-ah-ah nous… En Feuilly En Feuillu En langues Tirer des bordées
Pour rejoindre les rives de la pensée S’éloigner du rivage Sans s’en être aperçu de son cerveau en mode lavage Trop pressé Pour s’arrêter sur des lapalissades contraignantes Trop ennuyé Pour prêter quelques secondes de son attention à des feignantes Trop ignorantes Pour s’interroger sur les médiations et méditations enseignantes Trop moralisatrices Pour s’emporter il fait trop tard et trop tord Trop accaparé Pour s’éloigner des terres flemmes Trop, car débordé. Par la vie trop sous perfusions astreintes Trop enclin et déclin par l’essoreuse broyeuse Par malaxage Danger Réveille-toi ou crève en toi! Parce que sur l’autre bord, il fait beau, tout beau ! Phil Kieffer Cela va sans dire, mon chat parle. Il a choisi pour ce faire, le chant des voyelles si reines.
Ondulation de vagues, une âme dormant dessus. Radeau- rat dos, pour un chat c'est largo sur la mer des mots. Il embroche les sons d'un r entendu, ronron de fer, féru de sons. Il parle le « verlaine » de l'extase, dialecte sans phrases des poilus, la langue bien pendue d'un sourire moustachu. J'écoute son coeur qui souffle des poèmes, quand passe l'heure des songes bohèmes. Certaines fois il délire, se prend les crocs dans des consonnes. Il monte à la lune, il barytonne. Il approche du génie, je crois qu'il parle l'homme. Puis, il retombe en soupirs, la langue aux babines. Son discours bien léché, il roule de l'échine et s'endort muet. Cela va sans dire, mon chat parle. Il « maoule », il roucoule. Il a du répondant, nous conversons, sa bouche et mon oreille. Je suis son étrangère, ses syllabes essentielles. Il m'aime tant quand je l'épèle. Anna Jouy Neither fish nor fowl - Ni poisson ni volaille
Tôt le matin je suis sur la table d'opération Le sang pénètre goutte à goutte C'est étrange d'être perfusée avec une autre langue une nouvelle culture un réglage des précédentes De temps en temps je me retrouve sur la table pour une autre perfusion une autre langue un réglage des précédentes Il y a un déséquilibre d'humeurs qu'ils ne semblent pouvoir corriger un excédant peut-être Comme les vieux charlatans on parle de saignées (...) |
Juin 2016
Qui parle de nous ? C’est Claude Vercey dans Decharge (la revue) qui parle de nous. Allez-y: http://www.dechargelarevue.com/De-Leeds-et-d-Ailleurs.html Website by Susie Harkness
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