La carrière de sable
Ressemble A un vieux corps sans âme Tout comme cette terre qui s’enfonce dans la mer Et la mer qui prend couleur de sang séché La ville assiège le port Elle n’a plus rien des murs de ma mémoire Toute terre est prison La mienne a pris la couleur du sang frais Et les enfants se meurent sous les dalles d’insouciance Même le soleil vous fait grise mine Les fruits n’ont pas d’odeur Ils sont tous blets avant d’éclore Quelle est donc cette souffrance qui s’acharne sur ma terre Tout espoir s’est figé comme une bougie éteinte Ma terre-prison aux murs de peur La mer couleur de sang Quelle est donc cette douleur qui s’attaque à mon île Ma terre est un très vieux souvenir qui s’estompe dans les sables Gary Klang
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J’ai lu Lorsque je serai chevalier de Florent Toniello (Jacques Flament Éditions), recueil étonnant au style “bousculé” (comme me le confie Florent dans son dernier courriel) qui ne manque pas d’humour, d’audace mais aussi de profondeur. J’ai envie de dire que déjà, le lecteur reconnait le style Toniello avec ses juxtapositions fantasques (mais pas tant que celà finalement) de mots et d’idées. On a l’impression d’être pris par la main et d’etre entraîné sur une piste de danse dans un monde inintelligible (Réveil vers sept heures. Comme maintes fois maintenant déjà, la consultation des nouvelles fait monter ce sentiment d’être étranger à un monde que je n’ai pas voulu, …) . On aime le petit grain de folie qui anime les textes de ce “poète chevalier” à la feinte nonchalance (…si aujourd’hui mes vers ont/moins de lecteurs que mes mémos d’alors/je m’en contrefous) et dont l’intérêt pour les “petites choses” reflète des préoccupations plus vastes : “… Une chenille dévore un lys Du matin jaillit un rêve D’une respiration haletante Un piège à souris. Le fil des jours Coupe court à la motte des miracles.” VOYAGE, VOYANT .....
ma tête tombe ma tempe se presse à la vitre les pays-visage les pays aux traits graves aux traits tant de fois ressassés avancent par à-coups me gagnent m'empreignent se détachent par menus déchirements reviennent plus vifs me ceignent me lacent m'enferment se dévident en claquant puis aigus et mortels fondent sur moi fulgurant de toutes parts à jamais perdu tu voyais clair tu avais vu le chemin brouillé ton corps déchiré jonchant le bas-côté mes pieds barbotant ![]() Christian Garaud sur le voyage Le chemin est long... quand le poème joue au docteur mes lèvres sur ton poignet prennent ton pouls elles glissent le long du bras le chemin est long jusqu’à ton cou elles s’arrêtent un moment à la pliure du coude arrivées à destination je sens la chaleur du sang dans tes artères et j’écoute la vie qui traverse ron corps. Christian Garaud avec Retourne moi de Valérie Harkness
Illustration : Aqua d'Anna Jouy Tourne moi Tourne moi Que je voie le commencement et l’envers Décolle Les feuillets Et retire le point. Tourne moi comme le vent Qui aspire le peuplier. Déroule moi Et passe moi Le désir d’un avenir immobile Proche d’un passé Qui n’exista jamais. Celui des rues fringantes De Lyon, ses boutiques gourmandes. Pourtant Les pas martèlent par milliers Des vérités rapides. Et les ponts de Lyon suspendus sur la fuite, Se languissent. Retourne moi. La mer s'ennuie de Marcelle Kasprowicz
Pâle sous sa lumière des mauvais jours Elle s’ennuie voudrait changer de peau On lui dit Tu as tout puissance étendue … Mais elle en a assez de cette queue de sirène si fluide si fiable Elle nage elle nage sans espoir de se noyer Des jambes C’est cela qu’elle veut Comme cet être qui se débat quelques instants sur terre avant de s’y noyer Elle voudrait que les cailloux du chemin déchirent ses pieds nus Elle voudrait qu’un sang brûlant gonfle son coeur éclate sa poitrine Elle dit non à cette vie sans fin vague après vague marée après marée cette froideur cette lenteur liquide Tahiti de Florent Toniello
& quoi ? si je rêve d’ arracher les pattes du crabe du motu polynésien comme un exutoire — les taches de gasoil dans le lagon les raies qui viennent au contact les requins timides pour combien de temps encore & ces pattes qui seront ma punition de végétarien je goberai les perles de culture en apnée des fumerolles de diesel interdiction formelle de ramasser du corail, même mort & quoi ? si j’effrite entre mes doigts la fleur de tiare odorante — que je déchire à la nuit tombée le grillage qui veille à la tranquillité de la vanille & quoi ? si je blasphème en marchant sur les pierres du marae n’ai-je pas effectué tout le trajet à grands frais pour me tremper dans le bleu & ce corail de toute façon il ne peut pas être plus mort j’ai les pigments dans le sang je pourrais nager jusqu’à Moorea me confondant avec les vagues & chipant les poissons à revendre à la sortie du ferry & quoi ? si les supermarchés ne désemplissent pas si la douceur de vivre est une carte postale du siècle dernier — au mieux : j’avale une gorgée au bord de la piscine à débordement. Revisser la formule des pièces emportées par les cargos de nuit qu'aux dos d'elles l'on note des provenances imaginaires villes penchées sur l'eau ou pays des caresses et de la fantaisie en quittant les rochers ceints de cordages bleus de grises effiloches passant le bois flotté remonter le chemin devant notre maison celle qu'avons rêvée quand il fallait partir ne sommes pas allés jusqu'à Rio Campo mais ce n'était pas loin Serge Marcel Roche Poème d'amour et de Pygmésie publié initialement chez Les Cosaques des Frontières Christian Garaud m'envoie une citation du philosophe taoïste Tchouang-tseu :
"Il n'y a rien de tel que le voyage. Quand on sait voyager, on ne sait plus où l'on va; quand on sait contempler, on ne sait plus ce qu'on voit. Je parle de voyage, je parle de contemplation quand tout se prête au mouvement, quand tout se prête à la vision! Il n'y a rien de tel que ce voyage-là! rien de tel!" Je lui réponds que ce qu'il m'adresse aujourd'hui me convient bien. D'autant que le moment est trop mouvementé. Le voyage ainsi plus attirant. Merci Christian. |
Juin 2016
Qui parle de nous ? C’est Claude Vercey dans Decharge (la revue) qui parle de nous. Allez-y: http://www.dechargelarevue.com/De-Leeds-et-d-Ailleurs.html Website by Susie Harkness
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